PME TPE : « 63 % des entreprises s’inquiètent pour leur pérennité », alerte la CPME
À l’occasion d’une table ronde du Sénat consacrée au sort des PME et TPE, les acteurs du monde entrepreneurial ont fait le point sur la situation des entreprises françaises et identifié les secteurs en difficulté qu’il convient d’accompagner dans la sortie de crise.
Un constat globalement partagé par les représentants des tribunaux de commerce, et administrateurs et mandataires judiciaires, qui font état, cependant, d’une baisse du nombre d’ouverture de procédures. « Depuis le début de la crise sanitaire, on note une baisse de 40 % du nombre d’ouverture de procédures collectives », détaille Christophe Basse, président du Conseil National des Administrateurs Judiciaires et Mandataires Judiciaires (CNAJMJ). Une proportion qui s’explique par le fait qu’ « au-delà des aides d’Etat, l’administration accorde plus facilement des moratoires et assigne moins les entreprises ». Par ailleurs, malgré la difficulté du contexte auquel doivent faire face les entrepreneurs, les intervenants soulignent qu’on assiste à une augmentation du nombre de créations d’entreprises, si bien que la France « conserve un taux de défaillance stable autour de 1,5 % », précise Christophe Basse.
Privilégier la prévention pour les entreprises
« Il faut souligner l’augmentation permanente du nombre d’immatriculation des entreprises », renchérit le président de la Conférence Générale des tribunaux de commerce, Georges Richelme. Devant ce phénomène, les tribunaux de commerce ont ainsi dû s’adapter à la période particulière, « la visioconférence, notamment, a permis de recevoir les entreprises malgré tout ». Et c’est avant tout une démarche préventive qui a motivé les actions des acteurs juridiques. « Je retiens cette montée en puissance des cellules de prévention dans les tribunaux de commerce », assure Georges Richelme. « On voit de plus en plus d’initiatives de présidents qui organisent des réunions avec les chambres des métiers et des commerces pour diffuser l’information ». Une initiative bénéfique pour les entreprises et qu’il conviendra, selon lui, de conserver en période de sortie de crise.
Pour autant, les participants à la table ronde tiennent à le souligner : la situation économique des entreprises n’est pas sclérosée dans son ensemble. « Il faut considérer qu’on a une solidité des fondamentaux dans une bonne partie de l’économie et, grâce à celle-ci, nous avons davantage de moyens pour nous concentrer sur les secteurs qui sont en difficultés », soutient Maria Atig, directrice générale de la fédération bancaire française. « 90 % de l’économie est aujourd’hui revenue à la normale en termes quantitatifs, c’est important de situer ce sujet pour éviter la généralisation de chiffres qui font très peur. » Et si la situation économique n’est, selon elle, pas si alarmante, l’enjeu des mois à venir est bien de « permettre aux entreprises de rembourser l’ensemble de leurs crédits, et pas seulement les prêts garantis par l’Etat ». Les différents acteurs du monde de l’entreprenariat adoptent ainsi le rôle d’accompagnant. « Il faut savoir comment accompagner les entreprises, leur permettre de faire les meilleurs choix, et d’utiliser de façon personnalisée les outils mis à leur disposition », résume Maria Atig.
La nécessité de travailler ensemble
Du côté du Medef, on partage le point de vue de la directrice de la fédération bancaire française. « Il faut relativiser la gravité de la situation, sans toutefois la minorer », tempère le président délégué de l’organisation Patrick Martin. « Il y a bel et bien des secteurs sinistrés, mais ce n’est pas une situation générale, et plusieurs études témoignent qu’un bon nombre de secteurs d’activité ont rejoint, et même dépassé leur niveau d’activité de 2019. » Pour Patrick Martin, il convient désormais de « concentrer nos réflexions et nos travaux sur les situations critiques ». Comme Maria Atig, il se montre favorable à un accompagnement plus fort des secteurs en difficulté. « On a un processus de pédagogie et d’accompagnement à faire auprès de la minorité des entreprises en difficulté », plaide-t-il.
Et ce rôle d’accompagnant prend toute son ampleur au moment où le plan de relance doit être déployé, il s’assortit ainsi d’un travail d’information. « Pendant le mois d’octobre, nous avons développé des outils pour permettre la sensibilisation de 50 000 entreprises à tout le corpus de possibilités qui s’offre à elles, et nous en avons déjà accompagné plus de 10 000 dans leurs démarches », détaille le président de la Chambre de commerce et d’industrie Pierre Goguet. Pour lui, le rôle des chambres est donc de mener un travail d’anticipation pour aider les entreprises à solidifier leur dossier, et les accompagner dans leurs démarches. « Ce contexte montre à quel point il est nécessaire de travailler ensemble », soutient le président de CCI France. « Il faut partager les indicateurs, être en suivi rapproché avec l’entreprise pour lui permettre un retour à la rentabilité ».
Car les entrepreneurs sont inquiets. Selon Stéphanie Pauzat, vice-présidente de la Confédération des petites et moyennes entreprises, « 63 % des entrepreneurs s’inquiètent pour la pérennité de leur entreprise, et 52 % pensent ne pas pouvoir rembourser leur prêt ». Pour tous les participants à la table ronde, il leur appartient plus que jamais de soutenir ces secteurs, en accompagnant les entrepreneurs au plus près du terrain. Et pour Stéphanie Pauzat, ce processus passe par trois axes : « Traiter l’endettement des entreprises, relancer leur activité, et ne pas oublier l’entrepreneur en tant que personne physique ». Dans les mois à venir, il appartiendra donc aux acteurs du monde de l’entreprise de « s’adapter à cette économie à deux vitesses, pour pouvoir traiter les choses avec différenciation », conclut Serge Babary.
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