Emmanuel Macron est attendu au tournant. Après une matinée dédiée aux commémorations des attentats du 13-Novembre, le chef d’Etat s’attaque à un dossier complexe : la politique de la ville. La sienne est largement contestée sur le terrain, notamment dans les banlieues, un territoire mal connu du président de la République. Mi-octobre, « l’appel de Grigny » réunissait des maires de communes défavorisées et des associations de terrain pour protester contre le gel des emplois aidés, la suppression de 46,5 millions d’euros alloués à la politique de la ville ou encore la baisse des APL. Le tout accentué par la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages, dont le détail de la compensation par l’Etat n’est toujours pas précisé par l’exécutif…
C’est donc par un déjeuner à l’Elysée, ce lundi, que le président de la République tentera, dans un premier temps, de rassurer ses interlocuteurs. Selon le Parisien, le maire de Sarcelles, François Pupponi, et l’ancien ministre de la Ville Jean-Louis Borloo font partie des invités. Dès lors, Emmanuel Macron consacrera deux jours sur ce sujet, en commençant par un déplacement à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), en compagnie de Jacques Mezard, ministre de la Cohésion des territoires et de Julien Denormandie, son secrétaire d'Etat. La ville de Seine-Saint-Denis, où deux jeunes trouvèrent la mort dans un transformateur EDF en 2005, attend encore sa rénovation urbaine et surtout une réelle avancée du chantier d’extension du métro dans cette zone enclavée du département le plus pauvre de la métropole. De la même façon, la conférence du Grand Paris, censé redynamiser la banlieue, n’en finit plus d’être reportée et devrait se tenir d’ici la fin de l’année, avec de profondes modifications à prévoir, par rapport au projet initial.
Après la banlieue parisienne, Emmanuel Macron partira ensuite dans les Hauts-de-France pour un dîner, ce lundi soir, sur la thématique des "discriminations" avec des élus de la région, dont ceux de la marie de Lille, plutôt remontés contre le président de la République. Le lendemain, il sera à Tourcoing, aux côté de l’ancien maire de la ville et actuel ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin. Au quartier Bourgogne (88% de logements sociaux), le chef d’Etat sera, là aussi, confronté au chômage important chez les jeunes et aux problèmes de sécurité qui minent les quartiers populaires.
Faut-il attendre de nouvelles promesses lors de ces deux jours ? Emmanuel Macron a donné l’habitude d’un discours franc et rarement dépensier. Pourtant les attentes sont fortes et les élus se souviennent que c’est à Bobigny que le chef d’Etat avait annoncé sa candidature à l’élection présidentielle. Un symbole fort qui mérite confirmation.