Politique familiale : ce que proposent les candidats

Politique familiale : ce que proposent les candidats

Ce jeudi, l'Union nationale des associations familiales a appelé à des réformes à destination des familles.
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Entre les questions liées à la sécurité, à l’identité ou au chômage, la politique familiale a rarement été évoquée par les candidats à la présidentielle. C’est ce qu’a rappelé l'Union nationale des associations familiales (Unaf), ce jeudi matin, lors d’une conférence de presse. L’institution a ainsi dressé un portrait mitigé du quinquennat Hollande. « Des efforts ont été consentis ces dernières années pour créer des places d'accueil pour la petite enfance, mieux accompagner les parents séparés, lutter contre la radicalisation et prévenir le surendettement », a concédé la présidente de l'Unaf, Marie-Andrée Blanc . Mais la « confiance sur le long terme » a selon elle été « entamée » par « des plans successifs d'économies engagés depuis 2008, que les revalorisations de prestations pour les plus modestes n'ont pas compensé ». L’occasion de revenir sur les principales positions des différents candidats.

François Fillon

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Soutenu par Sens commun, émanation de la Manif pour tous, François Fillon pouvait difficilement faire l’impasse sur la famille. « La politique familiale est au cœur de notre pacte républicain » affirme le candidat de la droite et du centre soulignant que, malgré ses ambitions de coupes budgétaires, « l’enveloppe financière consacrée à la politique familiale sera préservée ». Première étape, détricoter en profondeur les réformes du quinquennat Hollande notamment en « rétablissant l’universalité des allocations familiales. » En effet, l’exécutif a profondément réformé les attributions de ces prestations sociales : toutes les familles continuent de toucher des aides mais leur montant est modulé en fonction des revenus. François Fillon souhaite revenir sur cette mesure qui pénalise, selon lui, les familles nombreuses.

De la même façon, le candidat de la droite souhaite remonter le plafond du quotient familial à 3000 euros, alors qu’il avait été abaissé à 1500 euros et remettre à plat une autre réforme de la gauche, celle du congé parental. Le gouvernement avait en effet décidé de mieux répartir ce congé entre les femmes et les hommes, en maintenant, à partir du deuxième enfant, sa durée à  trois ans seulement s'il est partagé (deux ans pour un parent, un an pour l'autre). Pour sa part, François Fillon souhaite  « un congé parental d’éducation modulable (…) dans le cadre du compte personnel d’activité. » Enfin, il désire assouplir la réglementation pour l’ouverture des crèches et des haltes garderies.

Evidemment, son programme fait la part belle à la nouvelle « définition » de la famille. « S’il est bien entendu indispensable de défendre les valeurs familiales qui fondent notre société, il est aussi nécessaire de prendre en compte ses évolutions » affirme-t-il. Prônant la « réécriture » de la loi Taubira, François Fillon souhaite avant tout maintenir l’interdiction de la GPA et préserver la « filiation au sens biologique du terme, à l’égard d’un père et d’une mère ».

Marine Le Pen

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Pour la présidente du Front national, un seul mot d’ordre : marche arrière toute ! Dans son programme, il s’agit avant tout d’annuler  les réformes du quinquennat Hollande. Tout comme François Fillon, le Front national propose donc de « rehausser progressivement le plafond du quotient familial » modifié par le gouvernement Ayrault, mais aussi « rétablir la demi-part des veuves et veufs et la défiscalisation de la majoration des pensions de retraite pour les parents de famille nombreuse. » Comme le candidat de la droite, Marine Le Pen souhaite rétablir « l’universalité des allocations familiales ». Enfin, elle souhaite « rétablir la libre répartition du congé parental entre les deux parents. »

Sur le plan fiscal, le FN entend « renforcer la solidarité intergénérationnelle en permettant à chaque parent de transmettre sans taxation 100 000 euros à chaque enfant tous les cinq ans (au lieu de quinze ans actuellement). » Une idée partagée avec François Fillon.

En revanche, le revenu parental, pourtant encore évoqué dans un communiqué du Front national du 18 janvier dernier, a disparu du programme présidentiel. Il s’agissait d’assurer un revenu, à hauteur de 80% du SMIC, aux parents qui décident de rester au foyer pour éduquer les enfants.

Benoît Hamon

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A gauche, il est plus compliqué de trouver les références à la famille. Sur son site internet, Benoît Hamon n’inclut pas le terme dans ses « mots clés ». Il faut aller piocher dans ses discours pour en savoir plus. Le 7 mars, il évoque notamment le congé parental lors d’un meeting à Marseille. Il souhaite notamment rendre le congé paternel obligatoire jusqu’à 11 jours et la possibilité de l’étendre à 5 semaines. Concernant la procréation médicalement assistée, il souhaite la proposer «  à toutes les femmes  et notamment les couples lesbiennes. » Il propose enfin « la création d'un service public de la petite enfance »  afin de permettre aux femmes de pouvoir s'assurer une vie active malgré un manque de moyens financiers.

Reste l’épineux problème des allocations familiales. En 2014, devenu ex-ministre, il a fermement critiqué la réforme de son ancien gouvernement. Depuis, il n’évoque pas le sujet puisque son fameux revenu universel devrait, à terme, englober les prestations familiales.

Emmanuel Macron

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A l’instar de François Fillon, le candidat « En Marche » revient longuement dans son programme sur les différents modèles de familles. « Toutes ces configurations familiales ont droit à une égale considération, toutes ont la même mission : les soins et l’éducation de l’enfant, le guidage et l’accompagnement du jeune dans son apprentissage progressif de l’autonomie » avance le nouveau favori de la présidentielle. Il souhaite défendre le mariage pour tous, ouvrir la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes.

Concernant le congé parental, il souhaite le garantir à toutes les femmes, quelque soit leur statut et allonger celui des hommes de 11 à 20 jours.

Côté allocations, il a déclaré aux Echos, le 27 février, ne pas souhaiter modifier les prestations familiales.

Jean-Luc Mélenchon

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Le candidat insoumis développe un programme généreux en matière de politique familiale. « S’agissant des allocations familiales, nous défendons le versement d’une allocation dès le premier enfant » explique le candidat à la Confédération nationale des Associations Familiales Catholiques. « Nous portons également un projet d’égalité de toutes les familles et sommes favorables au rétablissement de l’universalité des allocations familiales, sans distinction de ressources, ni de situation matrimoniale ou de genre des parents. » Concernant le congé parental, le candidat de la gauche radicale souhaite favoriser des congés parentaux de durée identique entre les parents. 

« S’agissant des modes de garde, nous donnons la priorité à la création d’un service public de la petite enfance. Nous ouvrirons  500 000 places en crèches et modes de garde adaptés sur cinq ans. »

Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Dupont Aignan
AFP

Pour le candidat de « Debout la France », il faut aussi revenir sur l’universalité des allocations familiales et augmenter d’un tiers les places en crèche. Il propose aussi un droit à la formation suite à un congé parental.  

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