Hier, dans une tribune publiée dans Le Figaro, 100 sénateurs ont dénoncé le contenu du programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. L’un des signataires de la tribune, Olivier Paccaud était invité de la matinale de Public Sénat. Le sénateur de l’Oise estime que cet enseignement ne doit pas être réalisé par des associations, mais par les parents ou par les enseignants.
Pour André Comte-Sponville, la philosophie doit être traversée par l’inconsolable
Par Sébastien Theme
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Notre philosophe de la semaine, André Comte Sponville est l’auteur du best-seller Petit traité des grandes vertus sorti en 1995 et vendu à 300 000 exemplaires, une première pour un ouvrage de philosophie.
L’intéressé explique ce succès « comme une rencontre entre un auteur et une génération, la sienne… »
Et c’est avec la même force qu’il fait paraître aujourd’hui L’inconsolable et autres impromptus chez PUF, un recueil de textes courts et accessibles, une sorte de philosophie appliquée à la vie.
« Je voulais sortir de l’érudition : pour toucher le lecteur de manière plus profonde, être plus vrai. Quand on parle de sagesse les gens vous fantasment comme un sage, ce que je ne suis pas ! Je voulais philosopher sur ce que je suis vraiment, dire la vérité… en m’éloignant de la technique… »
C’est dans les épreuves les plus dures de sa vie, la perte d’un enfant, qu’André Comte-Sponville a mis en pratique cette pensée philosophique.
« Ce n’est pas moi qui suis inconsolable, mais il y a de l’inconsolable dans la condition humaine… Je n’ai jamais su consoler, quand on est au fond de la souffrance aucun mot ne peut trouver écho ! J’ai perdu un enfant, et un ami peintre m’a parlé d’autre chose … car il n’était pas dans le chagrin, ça n’était pas son chagrin et la philosophie doit être traversée par cet inconsolable ».
Trouver cet inconsolable et le transformer, mais également se réjouir de sa joie de vivre.
Notre deuxième invitée Judith Brouste est écrivain et poète. Elle a fait paraître L’Enfance future chez Gallimard dans lequel elle s’adresse à la petite fille qu’elle a été, et qui mêle récit biographique et récit de guerre, à travers la découverte qu’elle fait du journal intime de son père qui raconte les premières années de sa fille.
C’est André Comte-Sponville qui l’a conviée afin de confronter leurs deux visions de la vie et de l’écriture.
« Je lis très peu de romans. Ce qui me frappe chez elle c’est une extrême liberté et exigence. Ses livres sont sombres et n’essayent pas de séduire. Elle est hantée par la littérature, elle y croit beaucoup plus que moi. C’est une écriture nocturne douloureuse, d’une extrême authenticité ».
Et Judith Brouste est elle aussi conquise par l’ouvrage du philosophe :
« Je trouve son livre très beau, très vrai, très juste, le chapitre sur l’inconsolable est magnifique, c’est un philosophe très humaniste et en même temps désespéré. Le fait qu’il soit athée fait que pour lui la mort est une fin. Il a une grande facilité à vous faire comprendre les choses, il est dans une vérité de lui-même, il a une clarté de pensée et d’expression... »
Cette clarté de la pensée et l’expression c’est ce qui est à découvrir cette semaine dans Livres & Vous.
Retrouvez l’intégralité de l’émission Livres&vous vendredi 14 avril à 22h sur Public Sénat.