Bernard Cazeneuve : « Il ne faut jamais oublier qu’on est là pour servir l’Etat »

Bernard Cazeneuve : « Il ne faut jamais oublier qu’on est là pour servir l’Etat »

S’interroger sur le sens de notre Nation, s’interroger sur notre monde, une époque sans Dieu où l’avenir appartient à l’homme… Voici l’ambition commune des deux invités de Guillaume Erner dans l’émission « Livres & vous » sur Public Sénat cette semaine : un journaliste, écrivain, Philippe Val, auteur du « Dictionnaire philosophique d’un monde sans Dieu » (Ed. de l’Observatoire) et un ancien Premier ministre, homme de gauche, Bernard Cazeneuve, auteur du « Sens de notre Nation » (Ed. Stock).
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Victime, terrorisme, mais aussi Liberté ou encore Paix, voici quelques entrées que l’on retrouve dans le « Dictionnaire » de Philippe Val, mais ces thématiques toutes liées à l’actualité sont également présentes dans l’ouvrage de l’ancien Premier ministre de François Hollande, Bernard Cazeneuve, « Le sens de notre Nation ».
Avec lui, retour sur 2016, une annus horibilis pour Bernard Cazeneuve alors ministre de l’Intérieur aux côtés de Manuel Valls.
Quelques mois après la tuerie du Bataclan, c’est à Nice qu’un nouvel attentat fait 86 morts. Le ministre de l’Intérieur se rend alors sur place. Aujourd’hui, il livre son analyse à Guillaume Erner : Quand le service de l’Etat et de la Nation est confronté à l’horreur du terrorisme, « ceux qui gouvernent sont dépositaires d’une légitimité éphémère, ce qu’ils font est moins important que ce qu’ils sont », et dans ces circonstances terribles, il faut plus que jamais habiter la fonction.
« L’exercice de l’Etat est une abnégation, poursuit-il, et aussi souvent que l’on oublie cette réalité, on se perd. Donc il ne faut jamais oublier qu’on est là pour servir dans des circonstances qui peuvent parfois desservir la cause pour laquelle on est là ».

Mais alors qu’elle est la nuance entre être un politique et agir comme tel ? Pour Bernard Cazeneuve : « Nous sommes dans une période où le narcissisme ronge tout de l’intérieur, où beaucoup de ceux qui sont en politique sont de grands Narcisses. Il faut au contraire s’effacer, essayer de faire au mieux sans avoir la certitude de bien faire ».

Comment lutter contre un terroriste, cet ennemi si particulier, tout en conservant ses valeurs et celles de son camp ? Pour répondre à cette question, Philippe Val convoque non pas la politique, mais la philosophie. Pour l’ancien directeur de Charlie Hebdo et de France Inter, le terroriste « est le plus vieil ennemi de notre monde ». Il a connu des formes diverses explique-t-il, il s’est invité parfois dans les arcanes de l’Etat notamment sous la Révolution française.
« Le terroriste c’est quelqu’un pour qui le corps de l’autre est une abstraction, il est plus facile de tirer sur des êtres abstraits à la terrasse d’un café que sur des êtres humains ». La radicalité et le terrorisme ont pour effet, pour le journaliste, de rendre l’autre « quantité négligeable ».

Alors si le terroriste s’engouffre dans la brèche de l’abstraction, l’altérité, capacité à se mettre à la place de l’autre pourrait être pour l’ancien Premier ministre socialiste un moyen de freiner la barbarie. Preuve qu’en ces temps troublés, marqués par les conflits armés, politique et philosophie peuvent s’associer et converser à l’image de Bernard Cazeneuve et Philippe Val pour expliquer le monde et tenter de le rendre meilleur.

Retrouvez l’intégralité de l’émission « Livres & vous »
ici.

« Le sens de notre Nation » de Bernard Cazeneuve - Ed. Stock
« Dictionnaire philosophique d’un monde sans dieu » de Philippe Val – Ed. de l’Observatoire

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