Pour cette médecin : faute de moyens, des patients pourraient être en danger à l’hôpital public
Faute de moyens, de lits et de personnels, Sophie Crozier, responsable des urgences cérébro-vasculaires à la Pitié Salpêtrière à Paris a le sentiment que des patients pourraient en danger à l'hôpital public. Un témoignage édifiant sur les conditions de travail en milieu hospitalier.

Pour cette médecin : faute de moyens, des patients pourraient être en danger à l’hôpital public

Faute de moyens, de lits et de personnels, Sophie Crozier, responsable des urgences cérébro-vasculaires à la Pitié Salpêtrière à Paris a le sentiment que des patients pourraient en danger à l'hôpital public. Un témoignage édifiant sur les conditions de travail en milieu hospitalier.
Public Sénat

Par Pauline Vilchez

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Le témoignage est fort et le constat alarmant. Lors de l'émission Dialogue Citoyen, le 30 janvier dernier, Sophie Crozier responsable des urgences cérébro-vasculaires à la Pitié Salpêtrière de Paris a reconnu avoir le sentiment que des patients sont en danger à l'hôpital public : « Aujourd’hui, on n’a pas assez de lits dans les unités neurovasculaires du pays, comme la mienne ». Elle affirme avoir dû fermer « pendant des semaines et des semaines la moitié de [son] unité de soins intensifs. On refuse des patients tous les jours. Les pompiers ont dû alerter l’Agence Régionale de Santé pour dire qu’on ne pouvait plus trouver de places. Normalement les malades doivent arriver super vite, alors quand on doit appeler 1, 2, 3, 4, 5 fois des unités pour trouver une place, déjà là l’accès aux soins n’y est pas ». Une prise en charge rapide  pour éviter les risques de décès et de handicaps.

« Normalement les malades doivent arriver super vite, alors quand on doit appeler 1, 2, 3, 4, 5 fois des unités pour trouver une place, déjà là l’accès aux soins n’y est pas »

À cela s’ajoutent des infirmières débordées en salle comme en soins intensifs. Dans son service « il manque 6 infirmières sur 16. On fait des demandes d’intérim, mais 1 fois sur 3 il n’y a personne qui vient ». Des alternatives coûteuses pour du personnel « qui n’est pas formé. Donc on se retrouve avec des infirmières venant de cardiologie, pneumologie, c’est du grand n’importe quoi », ajoute-t-elle. Et pourtant pour la neurologue, la compétence, et la formation de son personnel permet de réduire d'un tiers le risque de handicap ou de décès.

Un constat « poignant et catastrophique »

Pour Bernard Jomier, ce constat est « poignant et catastrophique ». Il souligne notamment le fait que ce n’est pas un témoignage isolé : « Là c’est partout ! C’est sur tout le territoire national que les soignants disent la même chose ».

Une situation déjà présente mais qui d’après Sophie Crozier, s’est dégradée depuis deux ans. Autrement dit, une situation qui n'est pas uniquement due aux décisions prises par le gouvernement actuel. « Depuis dix ans beaucoup d’efforts ont été demandés à l’hôpital, à des moments c’est légitime, mais à un moment ça ne l’est plus. Aujourd’hui on est arrivé à un point où l’hôpital est en train de s’affaisser. Il faut mettre tout le monde autour de la table, mais la ministre [de la Santé, Agnès Buzyn] refuse de le faire », affirme le sénateur.

« S'il y a une mesure urgente à prendre, c'est la revalorisation des salaires. Sinon on ne gardera pas notre personnel »

Selon lui, quand on atteint un tel niveau d’affaissement de l’hôpital public, « soit on veut qu’il meure parce qu’on a un autre système en tête et on veut mettre fin à l’universalité de l’hôpital public et les médecins partent dans le privé, soit c’est qu’on ne comprend pas la situation, et c’est inquiétant ».

Pour Sophie Crozier, « s'il y a une mesure urgente à prendre, c'est la revalorisation des salaires. Sinon on ne gardera pas notre personnel »

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