Présidentielle : l’école primaire passée au second plan
 En 2015, elle avait alerté l’opinion sur l’état de délabrement des écoles marseillaises. Aujourd’hui démissionnaire, de l’Education Nationale, Charlotte Magri témoigne pour Tous Président, et dresse un constat inquiétant de l’état actuel du primaire en France, taclant au passage les différentes propositions des candidats à la présidentielle.

Présidentielle : l’école primaire passée au second plan

 En 2015, elle avait alerté l’opinion sur l’état de délabrement des écoles marseillaises. Aujourd’hui démissionnaire, de l’Education Nationale, Charlotte Magri témoigne pour Tous Président, et dresse un constat inquiétant de l’état actuel du primaire en France, taclant au passage les différentes propositions des candidats à la présidentielle.
Public Sénat

Par Béatrix Moreau

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A l’heure actuelle, le système éducatif français est classée 25e sur 34 pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) : « oui, on a échoué » commente Charlotte Magri. Pour expliquer cette déconvenue, elle met en cause le système scolaire français « le plus anxiogène du monde ». Les difficultés d’apprentissage seraient ainsi intimement liées à l’anxiété des élèves, « mis en compétition » et soumis à un système de notation contre-productif.

L'école, vraiment la priorité?

Résultat, sur les 7 millions d’enfants scolarisés en primaire, 15% ne maitriseraient pas correctement la langue française à leur entrée au collège. « La priorité au primaire, inscrit dans nos textes depuis un certain temps, n’est toujours pas rentrée dans les faits » souligne l’enseignante. Les moyens humains et financiers seraient d’avantage tournés vers le secondaire et le supérieur, selon elle « on est pas très loin de considérer, à l’image de ce que disait le ministre ( Xavier Darcos en 2008– NDR) : le primaire reste le département des couches culottes où il ne se passe pas grand-chose »

A la recherche d'enseignants 

Pourtant, 60 000 fonctionnaires de l’Education Nationale ont été recrutés en 5 ans. Un engagement pris par François Hollande, alors candidat à la présidentielle en 2012, à un moment « où la situation était quand même assez dramatique » se rappelle Charlotte Magri, mettant en cause les coupes du gouvernement précédant. A l’heure actuelle, il existe malgré tout « des inspections académiques où l’on reçoit des gens sans aucune formation, envoyés dans les classe à la suite d’un seul entretien » dénonce l’enseignante « c’est bien le symptôme d’un manque d’effectif ». Celui-ci s’explique en partie par le nombre croissant d’arrêt maladie, dus notamment « au rythme précipité des réformes, s’accumulant de manière absurde ». Sur le terrain, de plus en plus de papiers à remplir, et « un étau qui se resserre sur les enseignants  ». Finalement, « on ne vous demande pas de vous intéressez plus à vos élèves, on vous demande de le prouvez » conclut Charlotte Magri.

Des solutions du coté des candidats ?

En pleine crise, l’école primaire s’est invitée dans la campagne présidentielle. Les solutions envisagées par les candidats laissent cependant l’enseignante dubitative. Le programme de François Fillon visant à consacrer plus de temps à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul, n’est pas cohérent, selon elle, avec le constat établit. Pour Charlotte Magri, « on passe déjà trop de temps à enseigner des choses sans que cela porte ses fruits », il convient de s’occuper en priorité « du reste », de la méthode, de la pédagogie, sans quoi aucune amélioration n’est à espérer. Les propositions d’Emmanuel Macron ne la convainquent pas d’avantage. Le candidat propose ainsi de diminuer les effectifs dans les établissements en ZEP (Zone d’Education Prioritaire), ce qui soulève « un problème d’égalité » pour l’enseignante. « Avoir des classe à 12 et d’autres à 30, moi ça me dérange » assène-t-elle, « chacun de nos élèves est prioritaire ».

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