Prix dans la grande distribution : face à l’inflation, « les entreprises françaises ont une responsabilité patriotique », estime Marc Fesneau
Alors que les négociations entre les producteurs et les distributeurs se poursuivent pour fixer les prix des produits agro-alimentaires sur l’année à venir, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, invité de notre matinale ce lundi 27 février, appelle les grandes enseignes à la modération face à une inflation qui impacte aussi les agriculteurs.

Prix dans la grande distribution : face à l’inflation, « les entreprises françaises ont une responsabilité patriotique », estime Marc Fesneau

Alors que les négociations entre les producteurs et les distributeurs se poursuivent pour fixer les prix des produits agro-alimentaires sur l’année à venir, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, invité de notre matinale ce lundi 27 février, appelle les grandes enseignes à la modération face à une inflation qui impacte aussi les agriculteurs.
Romain David

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les négociations annuelles entre les industriels et les enseignes de grande distribution touchent à leur fin. Les différentes parties ont jusqu’à la fin du mois de février pour s’accorder sur les prix auxquels les produits alimentaires seront vendus dans les rayons des magasins. Des discussions souvent houleuses, et encadrés depuis plusieurs années par les lois dites « Egalim I » et « Egalim II », qui réglementent notamment les marges que peuvent dégager les distributeurs sur un produit, et ce afin d’assurer une rémunération décente aux agriculteurs qui forment le premier maillon de la chaîne agro-alimentaire. À titre d’exemple : un distributeur n’a plus le droit de revendre à perte par rapport au prix d’achat auprès de l’industriel.

« Il y a eu du retard de pris dans ces discussions cette année, et je ne comprends pas que la grande distribution ait pris tant de temps pour négocier », a relevé ce lundi, au micro de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture. « On concentre sur quelques jours la querelle de la négociation, ce qui est très mauvais. Il y a donc une tension des derniers jours », explique le ministre, selon qui certaines enseignes n’étaient encore qu’à « 30 ou 40 % de négociations achevées il y a trois ou quatre jours ».

« Tout le monde doit gagner sa vie dans la chaîne agro-alimentaire »

« La loi, rien que la loi, au moins la loi, c’est-à-dire Egalim I, et II », martèle Marc Fesneau. Avec une inquiétude supplémentaire cette année : le double impact de l’inflation et de la crise de l’énergie, qui a fait grimper le prix des matières premières, notamment pour les industriels. « On a un sujet parce que les augmentations se sont accélérées dans la chaîne agro-alimentaire, sur l’emballage, sur le verre, sur l’énergie », pointe Marc Fesneau. « La chaîne alimentaire ce sont des producteurs, des transformateurs et des distributeurs. Tout le monde doit gagner sa vie dans la chaîne. »

» Lire aussi - Loi sur les relations entre distributeurs et fournisseurs : le Sénat veut rééquilibrer les rapports de force

« Il faut que les distributeurs prennent leur part, avec cet objectif que l’inflation soit aussi maîtrisée que possible », poursuit Marc Fesneau. « Les entreprises françaises ont une responsabilité patriotique. Je ne leur demande pas d’être des philanthropes, évidemment, tout le monde doit gagner sa vie, mais le sujet c’est la souveraineté alimentaire. Qui accepterait qu’un jour ces enseignes soient responsables d’une dégradation encore plus puissante de notre souveraineté alimentaire ? Ils ont une responsabilité. Ça n’est pas les autres la souveraineté, c’est chacun », avertit le locataire de l’hôtel de Villeroy.

Un panier anti-inflation à la charge de la grande distribution ?

Également interrogé sur « le panier anti-inflation » que l’exécutif espère parvenir à mettre en place pour préserver le pouvoir d’achat des petits ménages, un dispositif qui inquiète les agriculteurs, Marc Fesneau rappelle que l’effort demandé se situe plutôt du côté des enseignes. « Tout le sujet est de veiller à ce que ce soient les distributeurs qui fassent l’effort. On sait la propension qu’ils ont à renvoyer [les problèmes] dans les étages plus en amont… », glisse notre invité. « Si c’est pour dire : ‘je fais un panier anti-inflation sur le dos des autres’, nous en revenons aux problèmes de rémunération et de souveraineté. Cela n’est pas l’objectif. »

Partager cet article

Dans la même thématique

académie médecine
4min

Société

Fin de vie : l’Académie de médecine défend une « aide à mourir » comme démarche d’exception devant le Sénat

Auditionnées mercredi 2 juillet par la commission des affaires sociales du Sénat, Claudine Esper et Élisabeth Elefant, représentantes du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine, ont livré une analyse nuancée des propositions de loi sur l’aide à mourir et l’accès aux soins palliatifs. Si elles reconnaissent l’évolution nécessaire du cadre législatif, elles plaident pour un encadrement strict et soulignent les limites éthiques à ne pas franchir.

Le

controle ok
6min

Société

La France condamnée pour contrôle au faciès par la CEDH : « Que faut-il pour que la France prenne en main le sujet ? » s’indigne Corinne Narassiguin

La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour un contrôle d’identité discriminatoire, une première. « Tout ça ne peut pas continuer », dénonce la sénatrice PS Corinne Narassiguin, auteure d’une proposition de loi sur le sujet. Elle pointe le « ciblage » sur les sans-papiers, qui a été demandé à la police par le ministre Bruno Retailleau. « Ça, c’est du contrôle au faciès », dénonce la sénatrice de Seine-Saint-Denis.

Le

Prix dans la grande distribution : face à l’inflation, « les entreprises françaises ont une responsabilité patriotique », estime Marc Fesneau
4min

Société

Egalité femmes-hommes : « Si nous avons une réduction de moyens, je ne serai pas en mesure de réaliser le travail qui m’est demandé », alerte Bérangère Couillard

Auditionnée par la délégation aux droits des femmes du Sénat, la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Bouillard s’inquiète de l’avenir de l’institution à la veille des débats budgétaires au Parlement, et des échéances électorales.

Le

Prix dans la grande distribution : face à l’inflation, « les entreprises françaises ont une responsabilité patriotique », estime Marc Fesneau
3min

Société

Intelligences artificielles : « On ne peut pas leur faire confiance », prévient le concepteur de l’assistant vocal Siri

Auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat, l’informaticien Luc Julia, concepteur de l’assistant vocal Siri a démystifié les idées reçues sur l’intelligence artificielle. S’il conçoit cette nouvelle technologie comme un « outil » permettant de dégager du temps, il alerte sur le manque de fiabilité des informations.

Le