Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Prix dans la grande distribution : face à l’inflation, « les entreprises françaises ont une responsabilité patriotique », estime Marc Fesneau
Par Romain David
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Les négociations annuelles entre les industriels et les enseignes de grande distribution touchent à leur fin. Les différentes parties ont jusqu’à la fin du mois de février pour s’accorder sur les prix auxquels les produits alimentaires seront vendus dans les rayons des magasins. Des discussions souvent houleuses, et encadrés depuis plusieurs années par les lois dites « Egalim I » et « Egalim II », qui réglementent notamment les marges que peuvent dégager les distributeurs sur un produit, et ce afin d’assurer une rémunération décente aux agriculteurs qui forment le premier maillon de la chaîne agro-alimentaire. À titre d’exemple : un distributeur n’a plus le droit de revendre à perte par rapport au prix d’achat auprès de l’industriel.
« Il y a eu du retard de pris dans ces discussions cette année, et je ne comprends pas que la grande distribution ait pris tant de temps pour négocier », a relevé ce lundi, au micro de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture. « On concentre sur quelques jours la querelle de la négociation, ce qui est très mauvais. Il y a donc une tension des derniers jours », explique le ministre, selon qui certaines enseignes n’étaient encore qu’à « 30 ou 40 % de négociations achevées il y a trois ou quatre jours ».
« Tout le monde doit gagner sa vie dans la chaîne agro-alimentaire »
« La loi, rien que la loi, au moins la loi, c’est-à-dire Egalim I, et II », martèle Marc Fesneau. Avec une inquiétude supplémentaire cette année : le double impact de l’inflation et de la crise de l’énergie, qui a fait grimper le prix des matières premières, notamment pour les industriels. « On a un sujet parce que les augmentations se sont accélérées dans la chaîne agro-alimentaire, sur l’emballage, sur le verre, sur l’énergie », pointe Marc Fesneau. « La chaîne alimentaire ce sont des producteurs, des transformateurs et des distributeurs. Tout le monde doit gagner sa vie dans la chaîne. »
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« Il faut que les distributeurs prennent leur part, avec cet objectif que l’inflation soit aussi maîtrisée que possible », poursuit Marc Fesneau. « Les entreprises françaises ont une responsabilité patriotique. Je ne leur demande pas d’être des philanthropes, évidemment, tout le monde doit gagner sa vie, mais le sujet c’est la souveraineté alimentaire. Qui accepterait qu’un jour ces enseignes soient responsables d’une dégradation encore plus puissante de notre souveraineté alimentaire ? Ils ont une responsabilité. Ça n’est pas les autres la souveraineté, c’est chacun », avertit le locataire de l’hôtel de Villeroy.
Un panier anti-inflation à la charge de la grande distribution ?
Également interrogé sur « le panier anti-inflation » que l’exécutif espère parvenir à mettre en place pour préserver le pouvoir d’achat des petits ménages, un dispositif qui inquiète les agriculteurs, Marc Fesneau rappelle que l’effort demandé se situe plutôt du côté des enseignes. « Tout le sujet est de veiller à ce que ce soient les distributeurs qui fassent l’effort. On sait la propension qu’ils ont à renvoyer [les problèmes] dans les étages plus en amont… », glisse notre invité. « Si c’est pour dire : ‘je fais un panier anti-inflation sur le dos des autres’, nous en revenons aux problèmes de rémunération et de souveraineté. Cela n’est pas l’objectif. »