Ouverture du Salon de l’agriculture, ce samedi 23 février. Après le discours d’Emmanuel Macron ce matin, un discours tourné vers l’Europe, les responsables syndicaux ont réagi sur le plateau de Public Sénat. Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, a salué la « pertinence de ce discours, à quelques semaines des élections européennes ». Elle a insisté sur la « nécessité de conserver des productions sécurisés, tracées mais aussi sur la protection de l’environnement ». Christiane Lambert a juste souligné un « manque » dans le discours, sur « la question de l’eau et de l’irrigation, avec beaucoup de sécheresse dans un contexte de réchauffement climatique ». Regardez :
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, réagit au discours d'Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture
Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, rappelle de son côté qu’il a été « déçu de la loi sur les états généraux de l’alimentation ». Il ironise sur le temps passé par Emmanuel Macron sur place : « Si on en est arrivé à se demander si Emmanuel Macron, va marquer son passage au salon par la durée durant laquelle il va y rester, ça veut dire que son discours et sa politique pour les paysans sont creux ». « C’est compliqué de faire confiance à Emmanuel Macron. Il nous a tellement promis… » ajoute-t-il, demandant « d’arrêter de négocier des accords de libre-échange ». « J’ai eu l’impression ce matin que c’était « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». C’est assez agaçant ».
« Le président de la République s’est engagé à avoir un combat frontal avec la grande distribution »
Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, « adhère à son discours combatif pour l’Europe ». Mais il souhaite « une Europe protégée » avec une « exception agricole » à l’OMC pour « mettre les mêmes normes environnementales et sociétales aux frontières ». Il appelle à faire « du protectionnisme éclairé ».
Au sujet des Etat généraux de l’alimentation, Bernard Lannes souligne que « le fait de prendre, avec la grande distribution, sur du Nutella pour renvoyer aux agriculteurs, ça ne marche pas ». Il préfère « contraindre les distributeurs ». « Le président de la République s’est engagé à avoir un combat frontal avec la grande distribution. Car ce ne sont pas des perdreaux de l’année. Derrière, ils veulent encore continuer les vieilles pratiques. (…) Ces gens-là se comportent de façon outrancière » ajoute encore le président de la Coordination rurale (voir la première vidéo).
Ce n’est pas une question de protectionnisme ou pas » pour Jérémy Decerle, président des Jeunes agriculteurs. « Il y a une nécessité à ce que nous, agriculteurs, tirions un peu dans le même sens ». En revanche, après les états généraux de l’alimentation, « pour l’instant, rien n’est revenu aux agriculteurs, pas un centime » assure-t-il.
« Martine à la ferme »
Laurent Pinatel a porté un véritable coup de gueule sur la situation de certains agriculteurs. « Le désarroi dans les campagnes est réel. Moi, j’ai un paysan, un de mes voisins, qui s’est jeté dans l’eau il y a 15 jours » a alerté le porte-parole national de la Confédération paysanne. « Putain, il y a un paysan qui se suicide tous les deux jours ! » lance-t-il (voir notre article).
Le coup de gueule de Laurent Pinatel : « Putain, il y a un paysan qui se suicide tous les deux jours ! »
« Plutôt que stigmatiser, allons voir comment on s’y prend » réagit Christiane Lambert, qui pointe aussi, après une interview de l’acteur Guillaume Canet qui s’engage pour les agriculteurs en détresse, une volonté « d’instrumentaliser, de porter ce sujet à la télé le jour de l’ouverture du salon. Ce n’est pas tout à fait fidèle à ce qu’est l’agriculture ». « On ne peut pas mettre sous le tapis en permanence ce qui va mal » lui rétorque Laurent Pinatel. Et d’ironiser : « c’est Martine à la ferme ». Le porte-parole défend au contraire « l’initiative de Guillaume Canet. Elle est intéressante ».