Procès filmés : Éric Dupond-Moretti propose leur diffusion sur les chaînes parlementaires

Procès filmés : Éric Dupond-Moretti propose leur diffusion sur les chaînes parlementaires

Lors de son audition devant la commission des lois du Sénat, Éric Dupond-Moretti est largement revenu sur l’un des points phare de son projet de loi pour la confiance en l’institution judiciaire : l’enregistrement et la diffusion des procès. Le ministre ne veut pas « du trash » mais « de la pédagogie de haute qualité ».
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

« Je ne veux pas qu’on diffuse une émission consacrée à je ne sais quel sujet judiciaire d’importance derrière les Marseillais ou les Anges de la téléréalité […] Il faut entourer cette diffusion d’un certain nombre de précautions car la justice est quelque chose de sérieux ». Voilà la philosophie d’Éric Dupond-Moretti sur la mesure phare de son projet de loi pour la confiance en l’institution judiciaire : l’enregistrement et la diffusion des audiences civiles et pénales « pour un motif d’intérêt général ».

Adopté en mai dernier en première lecture par les députés, le texte arrivera en séance publique au Sénat le 28 septembre.

« J’ai souhaité ouvrir les prétoires aux caméras dans un double souci de transparence et de pédagogie. L’objectif est simple et clair : faire rentrer la justice dans le salon des Français », a rappelé Éric Dupond Moretti, en introduction de son audition devant la commission des lois. Un certain nombre de garde-fous sont prévus et renforcés en première lecture par les députés. « Le projet de loi dispose expressément que la diffusion sera accompagnée d’explications pédagogiques sur le fonctionnement de la justice. De même, en amont de l’enregistrement, son autorisation donnée par les responsables des juridictions sera subordonnée à la démonstration d’un motif d’intérêt public », a-t-il insisté.

Les procès ne pourront être diffusés une fois l’affaire définitivement jugée dans le respect des droits des parties : anonymisation, droit à l’image, respect de la vie privée, présomption d’innocence, droit à l’oubli, intérêt supérieur de mineurs ou des majeurs protégés. « Ces raisons seront des motifs d’interruption de l’enregistrement à la demande du président d’audience », a rappelé le ministre.

Ces enregistrements ayant vocation à être diffusés encore faut-il trouver un canal. Interrogé sur ce sujet par la rapporteure LR du texte, Agnès Canayer, Éric Dupond-Moretti a réaffirmé sa préférence pour le service public. « France 2 ? Peut-être. La réflexion n’est pas encore aboutie […] LCP, par exemple, pourra nous demander la réalisation d’un film sur la justice », a-t-il lancé, oubliant bien malgré lui de citer l’autre chaîne parlementaire du canal 13 : Public Sénat.

« Pourquoi nos débats sont retransmis ? Parce qu‘ils intéressent les Français »

Saisissant « la perche » du président de la commission des lois, François-Noël Buffet, qui a rappelé que son audition était filmée, Éric Dupond Moretti développe son idée. « Pourquoi nos débats sont retransmis ? Parce qu‘ils intéressent les Français, ils n’intéressent pas que nous. C’est le sens que je veux donner à cette filmographie ».

Le ministre lance également l’idée d’aller couvrir de procès en régions. « Je veux qu’on aille dans les territoires. Chaque criminalité est distincte et il y a une territorialité des infractions pénales »

« Je souhaite que l’audimat soit au rendez-vous »

« Il n’est pas question du tout de faire du trash […] Je serai extrêmement attentif à la qualité du diffuseur […] Il y aura un cahier des charges. Je souhaite que l’audimat soit au rendez-vous ». Éric Dupond-Moretti se mue en rédacteur en chef et imagine un plateau avec un avocat, un magistrat, un policier « pour expliquer comment ça marche ». « On pourra également imaginer des diffusions de procès sur des thématiques déterminées. Qu’est-ce que c’est qu’une expertise ADN ? Alors on pourra filmer les différentes dépositions des experts et on passe une émission entière à expliquer ce qu’on a appelé la reine des preuves […] Les précautions doivent être prises pour offrir une pédagogie de haute qualité ».

Tout un programme…

Dans la même thématique

Hémicycle
5min

Société

Programme d’éducation à la sexualité : une tribune signée par 100 sénateurs LR pour dénoncer un programme « en l’état, inacceptable »

Hier, dans une tribune publiée dans Le Figaro, 100 sénateurs ont dénoncé le contenu du programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. L’un des signataires de la tribune, Olivier Paccaud était invité de la matinale de Public Sénat. Le sénateur de l’Oise estime que cet enseignement ne doit pas être réalisé par des associations, mais par les parents ou par les enseignants.

Le

Martinique France’s Interior Minister Gerald Darmanin official visit
4min

Société

Narcotrafic : la Cour des comptes pointe les mauvais résultats de l’ancien plan de lutte anti-stupéfiants

Dans un rapport sur la lutte contre le narcotrafic, la Cour des comptes tacle la non-application de certaines mesures du plan 2019-2023. Les sages considèrent notamment que trop peu de forces de sécurité y sont quotidiennement consacrées. Alors qu’un nouveau plan est dans les tuyaux, « il faudra un pilotage plus resserré », prévient la rue Cambon.

Le

Procès filmés : Éric Dupond-Moretti propose leur diffusion sur les chaînes parlementaires
8min

Société

Définition pénale du viol : « Le droit français n’est plus adapté »

La délégation aux droits des femmes du Sénat organisait une matinée de débat autour de l’opportunité d’introduire la notion de consentement dans la définition pénale du viol. Pour la majorité des intervenants, cette notion est partout dans l’enquête et dans la procédure, sauf dans la loi.

Le

PARIS: Murs en miroirs pour dissimuler les travaux de la Fondation Cartier
3min

Société

[Info Public Sénat] Le rapporteur public du Conseil d’Etat demande l’« annulation » des groupes de niveau au collège

Suite à trois recours déposés contre le choc des savoirs, dont un par la sénatrice écologiste Monique de Marco, le rapporteur public du Conseil d’Etat demande d’annuler la mise en place des groupes de niveau au collège, soit le cœur de la réforme portée par Gabriel Attal. S’il faut encore attendre la décision du Conseil d’Etat, son avis pourrait être suivi.

Le