Professeurs : « L’Etat considère que le métier peut être assumé par n’importe qui », selon François-Xavier Bellamy

Professeurs : « L’Etat considère que le métier peut être assumé par n’importe qui », selon François-Xavier Bellamy

Les professeurs manquent à l’appel partout en Europe. En France, début septembre on ne dénombrait pas moins de 4000 postes vacants, plus encore en Allemagne et en Italie. Depuis la pandémie de covid-19, les vocations ont chuté, nombreux sont ceux qui ont démissionné et les raisons ne sont pas que salariales. Cette semaine, Ici l’Europe sonne l’alarme.
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ll n’y a pas qu’en France que la crise des vocations touche de plein fouet les enseignants. En Italie, 150 000 postes sont occupés par des remplaçants au statut précaire. En Allemagne également, dans les Länder, on peine à recruter et ce malgré des salaires parmi les plus hauts au sein de l’Union européenne. Outre-Rhin, le salaire moyen d’un enseignant est de 60 000 euros brut annuel, contre 29 400 euros en France.

Karen Melchior, eurodéputée danoise (Renew), constate la même pénurie dans son pays en cette rentrée des classes 2022. « Il y a un bon salaire pour les professeurs au Danemark [55 600 euros brut annuel], mais il n’y a pas vraiment d’envie de rester dans le métier pour les professeurs. Nous avons une perte de 11 % des professeurs dans les écoles publiques. »

Des recrutements par job dating

Une crise de sens et un manque de considération, voilà ce que dénonce depuis des années François-Xavier Bellamy, député européen (PPE), mais aussi professeur de philosophie « Dans mon académie, l’académie de Versailles qui est la plus grande académie de France, on se met à recruter des professeurs avec des job dating, c’est-à-dire qu’en une demi-heure, quelqu’un qui vient postuler peut devenir professeur en ayant suivi seulement quelques heures de formation. C’est dire que votre employeur, l’Etat, considère que votre métier peut être assumé dans n’importe quelles conditions, par n’importe qui. Et c’est un signe de cette déconsidération. »

Une déconsidération qui passe aussi en France tout du moins par un appauvrissement de la profession, et encore plus dans un contexte de forte inflation. Dans l’hexagone, « un professeur qui commence ne peut pas se loger là où il enseigne s’il enseigne dans des grandes villes ou des métropoles », rappelle l’élu français.

« Le ministère de l’Education nationale, le deuxième plus gros employeur du monde »

Même si le ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, a annoncé une hausse générale des salaires des enseignants dès 2023, François-Xavier Bellamy reste circonspect sur l’application de la mesure dans un délai si court. « Le ministère de l’éducation nationale c’est 1 million de fonctionnaires dont 850 000 professeurs. C’est je crois le deuxième plus gros employeur du monde après l’armée chinoise, c’est-à-dire la deuxième organisation aussi centralisée de ressources humaines, et donc tous les mouvements sont très longs, très compliqués. »

Pour Karen Melchior, il faut offrir « plus de liberté aux écoles, pour que les professeurs puissent faire des choix individuels, qu’il y ait plus d’autonomie ». Un système salué dans un rapport sénatorial sur les conditions de travail des enseignants rendu en juin 2022, qui vantait les systèmes scolaires qui résistent le mieux en Europe, à savoir l’Irlande et la Finlande. Deux pays, qui ont en commun de penser le métier d’enseignant à l’échelle de l’établissement. Une piste à suivre peut-être pour les autres pays membre de l’Union.

Une émission à revoir en replay dans son intégralité

 

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