Hier, dans une tribune publiée dans Le Figaro, 100 sénateurs Les Républicains ont déclaré que le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, présenté par le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) était « en l’état, inacceptable ». Si ce programme n’est pas encore publié, dans cette tribune, lancée par Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, et Max Brisson, les sénateurs concèdent que « l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle est utile et l’élaboration d’un programme est nécessaire ». Mais selon eux, le programme présenté « a été dévoyé par la vision de ceux qui voudraient que l’école soit le remède à tous les maux de la société ». Ils pointent la participation d’associations « militantes » et la présence de termes relevant de « l’idéologie woke », comme la notion « d’identité de genre ».
En parallèle, dans La Tribune Dimanche, 3 anciens ministres ont défendu la mise en œuvre du projet. Aurore Bergé, Nicole Belloubet et Frédéric Valletoux ont évoqué les critiques formulées notamment par des élus de droite : « Les opposants à ce programme utilisent des mots comme « théorie du genre » pour semer le doute et la confusion. Cette expression n’est pas inscrite dans le programme ! L’éducation, loin d’être une menace, est le remède à ces fantasmes. Nous ne devons pas céder à ces pressions ».
Des désaccords entre Anne Genetet et Alexandre Portier
Une tribune sénatoriale qui fait écho aux mots d’Alexandre Portier, ministre délégué en charge de la Réussite scolaire et de l’Enseignement professionnel, aux questions au gouvernement, la semaine dernière. En réponse à une question de Max Brisson, sénateur spécialiste des questions d’éducation, le ministre a annoncé que « ce programme en l’état, n’est pas acceptable », promettant qu’il « s’engagerait personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles ».
Une allocution qui a fait polémique. Xavier Iacovelli a alors dénoncé « une position personnelle » du ministre, qui ne reflète en aucun cas « la position du gouvernement » sur la question. Le sénateur Renaissance des Hauts-de-Seine certifie qu’« il n’y a pas de théorie du genre », estimant « qu’il faut arrêter avec cette idée qui est venue de la Manif’ pour tous et qui est alimentée par une droite réactionnaire ». De son côté, Anne Genetet s’est désolidarisée de son ministre délégué : « Il n’y a qu’une seule ligne, la ligne du ministère, c’est la ligne que je défends. C’est moi qui pilote ce programme ». Elle a également contredit les accusations relatives à l’existence d’éléments relevant de la théorie du genre : « L’école de la République, c’est une école dans laquelle il n’y a pas d’idéologie, ce programme n’a pas d’idéologie. La théorie du genre n’existe pas, elle n’existe pas non plus dans ce programme ».
En dépit de ce recadrage, Alexandre Portier a maintenu ses propos. Dimanche, sur CNews, le ministre a déclaré : « J’ai tenu une ligne claire devant les sénateurs. J’ai émis trois réserves. La première est qu’il ne faut pas qu’il y ait d’idéologie à l’école, la deuxième pas de militantisme, la troisième, une meilleure prise en compte du développement de nos élèves pour que les contenus soient adaptés à leur progression. On ne peut pas dire la même chose à un enfant de 4 ans et à un jeune de 13 ans ».
« Il faut faire attention, on ne parle pas aux enfants comme on parle aux adultes », alerte Olivier Paccaud
Des termes qui rejoignent ceux d’Olivier Paccaud, sénateur Les Républicains de l’Oise, interrogé sur ce sujet ce matin sur notre antenne. Le signataire de la tribune publiée dans Le Figaro a assuré qu’il y a « besoin de mettre en place des séances qui permettent aux enfants de ne pas être victimes de toutes ces images véhiculées par les réseaux sociaux qui peuvent les perturber ». Le signataire de la tribune parue dans Le Figaro a souligné que l’éducation devait d’abord être faite par les parents mais que « dans certaines familles, il y a des carences éducatives ». Dans cette perspective, ce travail pourrait être réalisé par les enseignants : « Il faut faire attention, on ne parle pas aux enfants comme on parle aux adultes, les enseignants savent le faire, les militants de certaines associations, le feront peut-être moins bien ».
Initié par l’ex ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye, ce programme relatif à la vie affective, relationnelle et sexuelle doit être présenté mi-décembre par le Conseil supérieur de l’éducation.