Retraites : « Il n’y a pas de compromis possible sur un nouveau recul de l’âge », avertit Yves Veyrier (FO)
La réforme des retraites annoncée par Emmanuel Macron pendant la campagne pourrait ouvrir un front social dès l’été. Invité de Public Sénat, Yves Veyrier, le secrétaire général de Force ouvrière, se dit prêt à participer à une nouvelle concertation, à condition que le paramètre de l’âge de départ en soit exclu.

Retraites : « Il n’y a pas de compromis possible sur un nouveau recul de l’âge », avertit Yves Veyrier (FO)

La réforme des retraites annoncée par Emmanuel Macron pendant la campagne pourrait ouvrir un front social dès l’été. Invité de Public Sénat, Yves Veyrier, le secrétaire général de Force ouvrière, se dit prêt à participer à une nouvelle concertation, à condition que le paramètre de l’âge de départ en soit exclu.
Romain David

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L’épineux dossier des retraites, laissé en suspens durant la crise du covid-19, est revenu sur le devant de la scène durant la campagne présidentielle. Emmanuel Macron a évoqué un recul progressif de l’âge de départ, pouvant passer à 64 ans en 2028, voire 65 ans. Une réforme qui pourrait embraser la contestation sociale, les principaux syndicats étant prêts à faire front commun sur cette question. « Il n’y a pas de compromis possible sur un nouveau recul de l’âge de départ à la retraite », a averti mercredi matin Yves Veyrier, le secrétaire général de Force ouvrière, qui était invité de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat.

Il fustige une annonce faite à l’emporte-pièce pendant la présidentielle, sans concertation. « Est-ce que le président de la République a pris la peine de prendre son téléphone et de parler aux responsables syndicaux avant, tout d’un coup, de nous dire qu’il allait proposer de porter l’âge légal du départ à la retraite à 65 ans ? », s’agace-t-il. « 62 ans, c’est déjà beaucoup trop. Un salarié sur deux, lorsqu’il liquide sa retraite, n’est déjà plus en emploi. Reculer l’âge de départ ne concernera que ceux qui ont encore la chance d’avoir un emploi. Ceux qui n’en ont plus, subiront une décote supplémentaire, et cela fera basculer ceux qui ont des emplois pénibles dans l’invalidité », alerte cet ancien membre du Conseil économique, social et environnemental.

« Si le seul paramètre sur lequel on peut discuter c’est le recul de l’âge, ce n’est pas de la concertation ! »

« Nous sommes prêts, et demandeurs, de l’ouverture de négociations qui permettent d’améliorer les conditions de la retraite, mais dans le cadre du système existant », poursuit Yves Veyrier, qui reste échaudé par les discussions entamées avec Edouard Philippe au début du précédent quinquennat, lorsqu’il était encore question d’établir un système universel par points. « La conférence de financement avait un défaut majeur, Edouard Philippe nous interdisait de pouvoir négocier sur un paramètre : celui de la cotisation. Si le seul paramètre sur lequel on peut discuter c’est le recul de l’âge, ce n’est pas de la concertation ! »

Surtout, ce syndicaliste demande à l’exécutif de se concentrer d’abord sur le plein-emploi. « Nous avons expliqué que ce qui se pose prioritairement comme question, y compris du point de vue de l’accès à une retraite correcte et dans les conditions d’équilibre du système, c’est l’emploi : faire en sorte que tout un chacun ait la possibilité d’un emploi de qualité, pérenne, à temps plein, de l’entrée dans la vie active jusqu’à son départ. Et que l’on fasse sortir de leur situation tous ceux qui sont confinés dans des emplois précaires, à temps partiel avec des bas salaires », explique Yves Veyrier. « Si on commence par résoudre ce problème-là, on aura résolu l’équilibre du système. »

Un débat avec Emmanuel Macron

Le secrétaire général de FO, qui remettra son siège début juin, à l’issue du 25e congrès de la centrale, n’évacue pas la possibilité de manifestations ou même d’appels à la grève dès cet été. « Si nous ne sommes pas entendus, nous serons en responsabilité de prendre les décisions nécessaires pour nous faire entendre. Ça n’est pas un objectif en soi. Notre objectif, c’est d’être entendus. Je suis prêt, s’il le faut, à débattre à une heure de grande écoute, même avec le président de la République s’il le veut. »

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