Pas assez de personnels, de lits, pénurie de Doliprane pour enfants… les services pédiatriques des hôpitaux français sont en souffrance, mis en tension par les manques et une épidémie de bronchiolite qui a profité du relâchement des gestes barrières pour s’installer de manière précoce sur tout le territoire. Assommé par le covid-19, l’hôpital est toujours, deux ans après le déclenchement de la pandémie, en situation critique. En pédiatrie, les soignants dénoncent les conséquences de leurs services à bout de souffle : dégradation des soins, déprogrammations, transferts de bébés d’une région à une autre, et même, selon plusieurs professionnels, tri des petits patients.
Des Assises de la Pédiatrie pour des « solutions immédiates » et à plus long terme
Face à ces difficultés, le ministre de la Santé François Braun a annoncé mercredi 7 décembre dans un communiqué le lancement des « travaux préparatoires aux Assises de la Pédiatrie et de la Santé de l’enfant ». Un « plan d’action » qui doit mettre en place des « solutions immédiates, pour aider les professionnels de santé à répondre aux besoins urgents des enfants » et apporter des « réponses de moyen et long terme pour faire évoluer et renforcer la pédiatrie ». L’objectif, fixé pour le printemps : l’adoption d’une « feuille de route ambitieuse pour la santé des enfants ».
Deux personnalités ont été choisies pour coordonner les travaux préparatoires et coprésider le comité d’orientation des Assises, l’instance qui sera chargée de mener les débats et de synthétiser les différentes propositions. Il s’agit de Christèle Gras le Guen, cheffe de service de pédiatrie générale et des urgences pédiatrique au CHU de Nantes, et présidente de la Société française de Pédiatrie, et d’Adrien Taquet, ancien secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles.
Le gouvernement interpellé plusieurs fois par les sénateurs
Au Sénat, toutes les sensibilités politiques semblent s’accorder sur un même constat et font régulièrement part de leurs inquiétudes. « Nous sommes au bord du gouffre », dénonçaient le 26 octobre les sénateurs PS et Les Républicains Bernard Jomier et Florence Lassarade. Cette dernière, pédiatre de formation, réclamait la mise en place d’« un vrai plan pédiatrie » plutôt que des « rustines » sur le système de santé. « Ce n’est pas la faute de la bronchiolite, mais de la politique menée depuis des années dans l’hôpital, à coups de coupes budgétaires », lui emboîtait le pas le même jour face au gouvernement sa collègue communiste Laurence Cohen, décrivant elle aussi une pédiatrie « à bout de souffle ».
Mercredi 7 décembre, des sénateurs sont revenus à la charge, cette fois sur les manques de médicaments. La sénatrice centriste Annick Jacquemet a mis en lumière à la Chambre haute la pénurie de Doliprane pour enfant lors des questions au gouvernement. « Nous sommes en rupture […] Selon l’ANSM (l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), ces tensions pourraient durer encore quelques semaines, on ne peut pas laisser les choses en l’état », a-t-elle fait valoir. Des propos qui ont fait écho à ceux prononcés par le sénateur LR Bruno Belin un mois plus tôt. Le 9 novembre, il alertait le gouvernement sur les manques de paracétamol et d’amoxicilline dans les officines.