Hier, dans une tribune publiée dans Le Figaro, 100 sénateurs ont dénoncé le contenu du programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. L’un des signataires de la tribune, Olivier Paccaud était invité de la matinale de Public Sénat. Le sénateur de l’Oise estime que cet enseignement ne doit pas être réalisé par des associations, mais par les parents ou par les enseignants.
Santé mentale des enfants : les syndromes dépressifs ont doublé avec la crise sanitaire
Par Manon Bernard
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« L’urgence est là, nous ne pouvons plus l’ignorer », est-il inscrit noir sur blanc dans le dernier rapport de Claire Hédon, la Défenseure des droits, à propos de la santé mentale des enfants. Entre 2019 et 2020, à la faveur de la pandémie de covid-19, les syndromes dépressifs « ont doublé chez les 15-24 ans ». Le rapport s’appuie sur les réclamations reçues par le Défenseur des droits, sur des entretiens avec des enfants mais aussi avec des professionnels de la santé et de l’éducation.
La Défenseure de droits, secondée par le Défenseur des enfants, Eric Delemar, a donc appelé à agir à l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant, le 20 novembre prochain. Ils formulent dans ce rapport 29 propositions parmi lesquelles créer des « dispositifs d’accueil » dans les communes, faciliter l’accès aux soins pour les familles les plus précaires, renforcer la médecine scolaire ou encore mettre en place des formations aux droits contre le harcèlement scolaire.
La surexposition aux écrans mise en cause
L’un des problèmes majeurs pointés du doigt est la trop grande exposition aux écrans pendant les confinements dus au coronavirus. « On leur dit de ne pas passer trop de temps devant les écrans, mais en fait, on leur demande de suivre des cours devant un écran, ce sont des choses qui sont contradictoires et compliquées pour les enfants », souligne Claire Hédon.
La surexposition aux écrans et l’isolement entraînés par l’enseignement à distance avaient également été dénoncés par quelques sénateurs au plus fort de la crise sanitaire. En février dernier, la sénatrice des Ardennes, Else Joseph (LR), interpellait le gouvernement sur « les dégâts psychologiques causés sur les élèves et étudiants et, plus généralement, sur la jeunesse » dans une question écrite au ministre de la Santé. Elle plaidait notamment pour une « immersion dans l’univers du numérique raisonnable, équilibrée et proportionnée aux nécessités ». Même son de cloche du côté de Jean-Marie Janssens (Union centriste). Dans une autre question écrite, le sénateur du Loir-et-Cher mettait en garde face à « la place prépondérante » des écrans « dans notre société ».
Il faut « former les jeunes à leurs droits »
Selon le rapport de la Défenseure des droits, l’accès au soin psychologiques et psychiatriques pour les mineurs ferait défaut. Il est impossible de se faire soigner pour un enfant si les parents n’en prennent pas l’initiative, soutient Eric Delemar.
Et lorsque les mineurs dénoncent une situation, ils ne seraient pas écoutés, notamment dans les cas de harcèlement scolaire, affirme Claire Hédon. Selon le rapport de la mission d’information du Sénat sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement, paru fin septembre, environ 6 à 10 % des élèves subiraient une forme de harcèlement lors de leur scolarité. Chaque année, entre 800 000 et un million d’enfants en seraient victimes. Le cyberharcèlement gagne du terrain, et encore plus avec la pandémie. Pire, il crée « un continuum entre l’école et la sphère privée qui amplifie l’aspect de meute et ne laisse plus aucun répit à la victime », selon les sénateurs.
« Ce qui nous frappe à chaque fois, c’est le temps de réaction de l’institution scolaire. On n’a pas su écouter l’enfant à temps, on s’étonne qu’il n’ait pas parlé, mais qu’est-ce qu’on a prévu pour recueillir la parole de l’enfant ? », déplore-t-elle. L’école, pour la Défenseure des droits, doit « former les jeunes à leurs droits ». Seul moyen, selon elle, de « libérer la parole ».