720 atteintes à la laïcité ont été signalées et répertoriées par les services de l’Education nationale pour le mois d’octobre. Elles concerneraient essentiellement le port de signes religieux ostentatoires, à travers le port de tenues vestimentaires jugées de nature confessionnelle, telles que les abayas et les qamis. Pourtant, le ministère se refuse à donner des consignes explicites en la matière, et préfère laisser à chaque établissement l’appréciation de la situation. « Nous ne pouvons pas publier un catalogue de tous les vêtements qui pourraient être religieux. C’est pourquoi les chefs d’établissement doivent regarder précisément les signes ostensibles », a expliqué le ministre Pap Ndiaye dans un entretien au journal Le Monde. Invitée ce vendredi de l’émission « Extra Local », sur Public Sénat, la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse, Sarah El Haïry, a estimé qu’il existait un phénomène d’instrumentalisation autour de ces vêtements, via l’influence des réseaux sociaux.
« Un habit peut être par destination religieux, et dans ce cadre-là, oui, il faut punir », a-t-elle déclaré. « Il faut être courageux aujourd’hui pour être prof au collège ou au lycée, et aller expliquer qu’une abaya c’est une tenue confessionnelle, surtout quand on vous filme en train de demander de l’enlever », admet Sarah El Haïry qui évoque « des provocations volontaires, quitte à mettre en danger un enseignant. » « C’est ce que l’on voit avec TikTok », relève-t-elle.
« Où sont les parents ? Où sont les acteurs du continuum éducatif ? »
« Le débat sur l’abaya et le qamis nous amène à nous demander ce que sont le collège, le lycée et l’école. Ce ne sont pas des lieux comme les autres. Imaginer qu’on puisse y avoir toutes les libertés serait faux », poursuit notre invitée. « Ces vêtements, on est libre de les porter, mais en dehors du collège et du lycée, qui doivent être des sanctuaires où l’on fait grandir l’esprit critique. »
Cette responsable gouvernementale invoque aussi la responsabilité des familles, et la nécessité de construire un dialogue avec les parents. « On met tout sur le dos de l’école, mais qui sont les grands démissionnaires dans cette histoire. Où sont les parents ? Où sont les acteurs du continuum éducatif ? Un enfant ne doit pas partir de chez lui avec la tenue qu’il souhaite sans, à un moment ou un autre, une remarque où une attention », explique-t-elle.
« Rendre l’uniforme obligatoire au sein du collège ou du lycée créerait une polémique sans nom »
La publication désormais mensuelle des chiffres des atteintes à la laïcité replace sous le feu des projecteurs la question des signes religieux ostentatoires à l’école, interdits par la loi de 2004. Mais aussi, celle du port de l’uniforme à l’école, présenté par certains comme une réponse à ce type de polémique. Le ministre de l’Education nationale s’est dit favorable à la mise en place d’un groupe de travail sur cette question à l’Assemblée nationale. « L’uniforme permet d’avoir une cohésion, derrière il y a l’unité, le sentiment d’appartenir à un collectif, le fait de virer les marques du débat entre les jeunes et ainsi de gommer momentanément les différences sociales », soutient Sarah El Haïry.
« C’est une voie, il y a des établissements qui le font. Je n’y ai jamais été opposée, je pense que cela apaise », estime encore la secrétaire d’Etat. « Maintenant, il faut que cela soit des projets d’établissements, qui embarquent tout le monde, parce que rendre l’uniforme obligatoire au sein du collège ou du lycée créerait une polémique sans nom, alors que cela pourrait apaiser. »