Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Sortir de la rue : « un logement d’abord ! »
Par Flora Mansiet
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En France, 300 000 personnes n’ont pas de logement pérenne. Un chiffre qui a doublé depuis 2012. Pour aider ces personnes en situation d’extrême précarité, de nombreux dispositifs d’urgence existent : hébergement en hôtel, distribution de nourriture ou de vêtements… « On ne sort pas de la rue grâce à un simple hébergement d’urgence, explique pourtant Manuel Domergue, directeur d’études de la Fondation Abbé Pierre. La réalité c’est que les personnes sans domicile fixe font des allers retour entre la rue, les hôtels, les squats, et que seule une solution pérenne peut casser ce cercle vicieux ».
L’échec des solutions d’urgence
Pour Annie Le Houérou, sénatrice socialiste des Côtes-d’Armor et présidente de la mission d’information sénatoriale de lutte contre la paupérisation d'une partie des Français, « les propositions d’urgence permettent de se nourrir ou de se poser un temps, mais elles ne permettent pas de se reconstruire ».
Avoir un logement c’est exister à nouveau
Sans domicile fixe, sorti de la rue après trois en et demi de galère, Christian Page ne dit pas autre chose : « Un mec à la rue vous pouvez lui donner à manger ou même un revenu minimum, mais ce qui compte vraiment c’est le logement. Et quand je dis logement, je ne parle pas d’une chambre d’hôtel. Avoir un logement c’est exister à nouveau. Administrativement et socialement. Comment voulez-vous accueillir vos enfants ou vos amis sans logement ? »
Inverser la dynamique de l’insertion
Que se passe-t-il en France quand une personne sans domicile fixe cherche un logement durable ? Le chemin jusqu’à la stabilité ressemble à un parcours du combattant encore bien trop long.
« Aujourd’hui, pour avoir droit à un logement pérenne, il faut prouver étape par étape qu’on a été méritant, qu’on est sorti de ses addictions, qu’on est prêt à retrouver un travail », explique Michel Pouzol, ancien député, lui-même touché par une situation d’extrême précarité dans les années 2000. « La solution c’est au contraire de commencer par le logement. Il faut impérativement inverser le mode d’insertion »
Le parc social en question
Alors pourquoi l’État ne met-il pas en place des solutions durables ? Pour quelles raisons l’obtention d’un logement pérenne est-elle si compliquée ?
« L’échec de la politique de lutte contre le sans-abrisme dans notre pays c’est l’échec de la politique du logement, explique Michel Pouzol. La situation est ultra-tendue, notamment en Ile-de-France. Dans la capitale, le prix des loyers a été multiplié par trois en dix ans et de plus en plus de personnes demandent un logement social. »
Il faut que le gouvernement remette de l’argent dans le parc social
Booster la production de HLM qui s’est « effondrée en 2020 », augmenter le nombre de logements sociaux, « il faut que le gouvernement remette de l’argent dans le parc social. Cela lui coûtera moins cher sur le long terme que de financer des solutions d’urgences et de gérer les conséquences de la vie dans la rue » conclut Manuel Domergue.
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