Répondant à l’appel de l’intersyndicale des policiers, plusieurs rassemblements ont eu lieu dans le calme dans plusieurs villes de France entre 11h30 et midi ce vendredi 19 avril devant les services respectifs des fonctionnaires du ministère de l’intérieur. Les 4 suicides qui ont eu lieu depuis lundi viennent s’ajouter aux 24 autres survenus depuis le début de l’année. Pour rappel, 35 policiers s’étaient suicidés sur l’ensemble de l’année 2018. On se dirige donc vers des projections extrêmement élevées pour 2019 alors même que les forces de l’ordre sont particulièrement sollicitées depuis fin novembre et le mouvement des gilets jaunes.
La fatigue physique vient s’ajouter au désespoir de constater des sanctions pénales jugées trop légères, minant le moral des policiers quant à leur travail fait en amont. Pour Yves Lefèvre, secrétaire général du syndicat Unité-SGP police FO, « Il faut diagnostiquer le mal pour trouver un remède. Il faut une étude en profondeur du mal-être de la police à tous les niveaux, du personnel administratif, technique, scientifique aux commissaires, officiers et gardiens de la paix. »
Pour lui, une partie du remède consiste à « améliorer le temps de travail, permettre aux flics de concilier vie professionnelle et vie familiale. Ils souhaitent pouvoir vivre leur vie de père, de mère, d’ami… » mais aussi permettre aux policiers de « redonner un sens à un métier qui est fait d’abnégation, de disponibilité. Aujourd’hui le flic ne trouve plus de sens dans son métier et c’est un problème. »
« Ce n’est pas étonnant que les collègues craquent »
Près de lui, Denis Jacob, secrétaire général d’Alternative Police, constate qu’il faut toujours attendre des drames pour que des mesures soient annoncées par le gouvernement. Il prône une augmentation des effectifs qui permettrait de mettre en place une réforme dite de la vacation forte qui offrirait aux policiers un week-end de repos sur deux au lieu d’un week-end sur six. La difficulté du métier ajoutée au déracinement géographique et social que connaissent de nombreux membres des forces de l’ordre originaires de province constitue un terreau pour ceux incapables de supporter une telle pression. Qui plus est, la plupart des policiers cachent leurs failles sous l’habit de l’uniforme dans un univers où la sollicitation d’une aide extérieure pourrait être perçue comme un aveu de faiblesse. « Aujourd’hui, quand le policier est formé, il n’est pas préparé aux violences, à la vue du sang, à la misère sociale. Ce n’est pas étonnant que les collègues craquent », s’inquiète M. Jacob.