Le ministre de l’Intérieur réfléchit à « une nouvelle incrimination pénale » visant l’islam politique. « L’islam politique est le principal obstacle à la cohésion de notre pays », soutient la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio. La centriste Nathalie Goulet conseille d’appliquer déjà le droit existant et de contrôler le financement des associations. A gauche, l’écologiste Guy Benarroche pointe l’absence de données chiffrées sur le sujet et la socialiste Corinne Narassiguin dénonce « une vision à géométrie variable de la laïcité ».
Suppression de l’ENA : « La vraie question est de savoir si notre administration est performante ou pas », selon Christian Eckert
Par Nils Buchsbaum
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Gaspard Gantzer a été formé à l’ENA dans les années 2000. Il y a côtoyé Emmanuel Macron au sein de la promotion Léopold Sédar Senghor. Il voit d’un bon œil le changement de nom de l’Ecole Nationale d’Administration en Institut du Service Public. Selon lui, Emmanuel Macron « a raison de changer le nom pour pouvoir réformer en profondeur le recrutement et la formation des hauts fonctionnaires tant l’ENA était devenue le symbole de l’élitisme au sens le plus négatif du terme ». Christian Eckert, ancien ministre du budget sous François Hollande est également de cet avis : « De temps en temps l’action publique nécessite des symboles », mais il précise : « la vraie question est de savoir si notre administration est performante ou pas. »
Nathalie Loiseau députée européenne et ancienne directrice de l’ENA n’a « pas été surprise de cette annonce car le président avait déjà dit qu’il comptait le faire ». Elle déclare que c’est une bonne chose que les réformes à venir aillent encore plus loin que ce qu’elle avait amorcé lorsqu’elle était à la tête de l’ENA : « J’avais essayé de faire ce que j’avais pu à l’intérieur des murs, mais à l’évidence il fallait pousser les murs. Adapter le recrutement, le fonctionnement, et les carrières des responsables d’administration il faut le faire tout le temps. »
Gaspard Gantzer : « Ce qui m’aurait inquiété c’est la suppression de toute école de formation des hauts fonctionnaires ou la suppression d’un concours commun aux hauts fonctionnaires »
Si le nom va changer, Gaspard Gantzer pense « qu’il y aura un autre mécanisme de sélection et de formation des hauts fonctionnaires. » Il déclare : « Ce qui m’aurait inquiété c’est la suppression de toute école de formation des hauts fonctionnaires ou la suppression d’un concours commun aux hauts fonctionnaires, c’est-à-dire le retour à la situation qui prédominait avant la Seconde Guerre mondiale, dans laquelle il y avait un système d’octrois de privilèges, dans lesquels les gens se recrutaient entre eux de façon très endogamique. »
L'ENA a été créée au sortir de la Seconde Guerre mondiale pour recruter les hauts fonctionnaires et éviter la cooptation. Éric Anceau, historien enseignant à la Sorbonne rappelle que « la défiance des Français à l’égard des élites et de l’Etat remonte à très loin ». Cependant, il défend l’établissement aujourd’hui en cause qui est selon lui « un magnifique projet de l’école de la République. L’ENA c’est la lutte contre tous les lobbys pour faire triompher la méritocratie républicaine. » Il témoigne par ailleurs : « Il se trouve que j’ai formé à la Sorbonne et à Sciences Po beaucoup des énarques actuels, des jeunes qui sont à l’école ou qui viennent d’en sortir et je trouve qu’on revient, avec cette jeune génération, à l’esprit « France combattante » justement, l’esprit de 1945 : le service de l’état, qu’on avait peut-être perdu dans ces années fric, les années 1980-1990. Casser l’école à ce moment-là c’est dramatique, c’est à contretemps »
« Ce n’est pas la suppression de l’école qui va changer la question de la diversité, de la démocratisation ».
Mais face à cette vision idéaliste, Gaspard Gantzer rappelle qu’à l’ENA « il n’y a pas assez de mixité sociale, les énarques ne sont pas assez représentatifs de la société française, c’est vrai, c’est aussi le cas des autres grandes écoles comme Polytechnique, Normal SUP, HEC. »
Christian Eckert acquiesce mais va plus loin : « Ce n’est pas la suppression de l’école qui va changer la question de la diversité, de la démocratisation. Il y a eu deux mots forts dans la création : démocratisation et la méritocratie ; il faut revenir aux fondamentaux. « Le problème n’est pas que celui de l’ENA, mais dans toutes les grandes écoles vous avez un problème de démocratisation du recrutement j’ai fait « math sup » et « math spe » j’ai fait des grandes écoles je viens d’un milieu très modeste, mais c’est une exception et ça n’est pas en train de changer ».
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