Lors d’un contrôle de sacs, « prévu de longue date » conjointement avec la gendarmerie, d’après le rectorat, un collégien a porté plusieurs coups de couteau à une assistante d’éducation de 31 ans qui est ensuite décédée de ses blessures. Le suspect, âgé de 14 ans, est bien un collégien de l’établissement, inconnu des services de police, a précisé la préfecture.
Des contrôles aléatoires de sacs dans les établissements scolaires ont été mis en place dans le cadre de la circulaire Retailleau-Borne après le décès d’un jeune de 17 ans en marge d’une rixe devant un lycée de l’Essonne en mars dernier. L’établissement ne présente pas de « difficultés particulières », a ajouté le rectorat, tout comme le suspect, ont précisé Élisabeth Borne et le procureur. Le collégien de 14 ans était ambassadeur anti-harcèlement et les professeurs sont « sidérés », a déclaré la ministre de l’Education nationale.
Réglementation du port d’armes blanches et santé mentale des jeunes
Sur X, Emmanuel Macron a déploré « un déferlement de violence insensé » et estimé que « la Nation [était] en deuil » et que « le gouvernement [était] mobilisé pour faire reculer le crime. »
De son côté, François Bayrou a aussi fait part de « ses pensées » à la famille de la victime et « la communauté éducative « face à cette « horreur » sur X. Le premier ministre et ancien professeur a aussi fait des « armes blanches chez nos enfants » un « fléau » et un « ennemi public. »
La ministre de l’Education nationale, Élisabeth Borne, a d’abord dénoncé sur X un « drame terrible » et « salué le sang-froid et l’engagement de celles et ceux qui ont agi pour maîtriser l’agresseur et protéger les élèves et les personnels. » L’ancienne Première ministre s’est ensuite rendue sur place et a déclaré que François Bayrou devrait faire des annonces « dans les prochaines heures », sur la question de la vente d’armes blanches et d’armes par destination notamment. Le Premier ministre sera l’invité du JT de TF1 à 20 heures.
Élisabeth Borne a aussi insisté sur l’importance de « la santé mentale et la santé scolaire » et annoncé que « les jeunes signalés par l’Education nationale » dans le cadre d’un protocole de repérage et de prise en charge des problèmes psychologiques et psychiatriques des élèves, bénéficieraient d’une « priorité » dans l’admission au sein des centres médico-psychologiques.
Enfin la ministre de l’Education nationale a mis en cause « l’usage excessif des écrans et des réseaux sociaux » dans ces « comportements violents et déréalisés. »
« Banalisation de l’ultraviolence, encouragée par l’apathie des pouvoirs publics »
La cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, a dénoncé mardi la « banalisation de l’ultraviolence, encouragée par l’apathie des pouvoirs publics. » « Pas une semaine sans qu’un drame frappe l’école », a ajouté la dirigeante du parti d’extrême droite, réclamant sur X « une réponse politique ferme, implacable et déterminée face au fléau de la violence des mineurs. »
Jordan Bardella a quant à lui rebondi sur la phrase prononcée par Emmanuel Macron ce lundi, lui qui avait dénoncé « ceux qui brainwashent sur l’invasion du pays et les derniers faits divers. » « On ne peut plus tolérer cette alliance insupportable de la sauvagerie sur le terrain et du déni à la tête de l’État », a réagi le président du Rassemblement national.
Marine Le Pen a poursuivi cette interpellation lors des questions d’actualité au gouvernement à l’Assemblée nationale. « Un nouveau drame vient donc de toucher l’École. Un drame, pas un fait divers sur lequel on brainwasherait. Un drame qui appelle une réponse politique », a lancé la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, dénonçant « la dérive d’une partie de la jeunesse », et « de son ensauvagement. »
« L’ampleur de la vague nous la connaissons tous, quels que soient les bancs sur lesquels nous siégeons », lui a répondu le Premier ministre en mettant en cause « la décomposition de la société. » François Bayrou a ensuite évoqué deux pistes pour lutter contre ce « fléau. »
« La première, c’est de construire une réponse pénale qui puisse dissuader ces jeunes, souvent garçons, de se saisir d’un couteau et de le mettre dans leur sac », a développé le Premier ministre, en renvoyant notamment à un « durcissement de la réglementation » du port d’armes blanches, parce que « certains de ces couteaux ne sont pas considérés comme des armes. »
Ensuite, François Bayrou a mis l’accent sur « la question de la santé mentale des plus jeunes » pour qu’il puisse y avoir « examen, diagnostic, et proposition de traitement » dès « la première alerte. » Enfin, malgré des expérimentations peu concluantes de l’aveu même du Premier ministre, François Bayrou a aussi évoqué l’utilisation de portiques à l’entrée des établissements. « Nous ne pouvons pas rester dans l’observation des incidents qui se multiplient », a-t-il conclu.
« Notre école brûle et nous regardons ailleurs »
À gauche, Jean-Luc Mélenchon a aussi réagi sur X, estimant que cette « horreur » engageait « la responsabilité » des adultes et des parents : « Quand nos enfants, nos fils le plus souvent, s’enfoncent, il faut méditer notre rôle et savoir agir à temps et veiller à leur santé mentale comme au reste de leur santé. »
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a lui parlé sur X d’une « abomination » qui « révèle une fois de trop la présence d’armes blanches dans nos écoles. » De son côté, la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, s’est, elle, dite « horrifiée par le meurtre d’une surveillante devant son collège » et a redit son « soutien à la communauté éducative. »
Au Sénat aussi de nombreux parlementaires ont réagi, et notamment les plus impliqués sur les questions éducatives. « J’enrage. Depuis des mois, je dénonce, souvent bien seul, les innombrables violences subies par nos professeurs et le personnel éducatif. Notre école brûle et nous regardons ailleurs. Sans prise de conscience collective, les victimes seront toujours plus nombreuses », a notamment réagi Pierre Ouzoulias, sénateur communiste des Hauts-de-Seine.
Le sénateur LR, Max Brisson a, lui, fait part de son « émotion », mais aussi de son « indignation » et d’un « questionnement » : « Lorsqu’un fait divers tragique s’ajoute à un fait divers tragique, n’est-ce pas un sujet politique qui mérite de moins réfléchir Madame la Ministre mais d’agir, de moins stigmatiser ceux qui en parlent Monsieur le président mais de regarder la vérité en face ? »