Sylvie Bermann : « C’est évident que les ambassadeurs sont sur écoute. Mais ce n’est pas toujours très grave »

Sylvie Bermann : « C’est évident que les ambassadeurs sont sur écoute. Mais ce n’est pas toujours très grave »

C’est un monde plein de mystères, l’objet de nombreux fantasmes qui alimentent les romans d’espionnage ou les thrillers politiques. Sylvie Bermann, ambassadeur de France, démêle la réalité et de la fiction et nous dévoile les coulisses de la diplomatie française dans les pages de son dernier ouvrage : « Madame l’ambassadeur : De Pékin à Moscou, Une vie de diplomate ».
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Grandes réceptions, informations confidentielles, mises sur écoute, espionnage, à écouter Sylvie Bermann le quotidien d’un ambassadeur n’est pas si loin de l’image que le grand public en a. Car mise sur écoute à n’en pas douter Sylvie Bermann l’a été, une pratique régulière selon elle : « C’est évident qu’on est sur écoute, dans la plupart des pays d’ailleurs, y compris dans des pays plus libres, c’est le cas aux Etats-Unis. Il y a eu beaucoup de scandale d’écoute, il y en a eu quand j’étais à Bruxelles. On sait qu’on est très écouté donc il faut faire attention, mais je pense que la chose la plus importante, c’est d’éviter de mettre en danger des personnes, des opposants dans un pays ».

Des téléphones cryptés pas toujours pratiques

Pour transmettre des informations les présidents, ministres et ambassadeurs sont équipés de téléphones cryptés « moins pratiques » avoue l’ambassadeur de France, « ils les utilisent quand c’est vraiment nécessaire. Si certaines conversations sont captées, ce n’est pas toujours très grave, ça permet de savoir ce qu’on pense. En général c’est capté, mais pas pour être mis dans le débat public ». Sylvie Bermann mentionne aussi « les fuites organisées » comme l’entretien entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine diffusé lors d’un reportage sur France2, qui font partie aujourd’hui du jeu diplomatique.

Les visites présidentielles

Celle qui a été successivement ambassadeur en Chine, au Royaume-Uni et en Russie, raconte que l’essentiel de son métier revient à accompagner la politique étrangère française. « On défend la position d’un pays et quand il y a des tensions, on est là pour maintenir le lien » décrit-elle au micro de Rebecca Fitoussi.

Ce « lien » se matérialise tout particulièrement lors des visites présidentielles à l’étranger. L’ambassadeur prend entièrement part à l’organisation de ces événements : « Il y a d’abord tout l’aspect logistique qui peut prendre du temps surtout dans des pays comme la Chine ou la Russie. Il y a un protocole très strict, tout doit être indiqué par écrit : on appelle ça en français une note verbale. Ensuite, il y a la préparation politique en ce qui concerne les entretiens » explique la diplomate. Au cours de sa carrière, Sylvie Bermann a organisé de nombreuses visites présidentielles, notamment celles de Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron.

Un monde très codifié

Dans ces visites présidentielles, rien n’est laissé au hasard, tout est réglé comme du papier à musique « Avant la visite du président vous avez une visite préparatoire avec le chef de l’Elysée qui vient une dizaine de jours avant et on répète. On va dans tous les lieux où il ira, on a des contacts avec les administrations des pays dans lesquels on est affecté. La forme et le protocole sont très importants s’il y a des erreurs ça crée des problèmes » assure celle qui a été ambassadeur en Chine pendant deux ans, de 2011 à 2014. Des incidents diplomatiques, elle dit ne pas en avoir vécu, d’autant qu’ils sont souvent la conséquence d’une mauvaise préparation « on l’a vu avec la visite à Istanbul de Madame Van Der Leyen, on a appelé ça le « Sofagate » et ça a fait beaucoup de bruit » rappelle-t-elle.

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