Télétravail : des entreprises encore « prudentes » voire « réticentes » selon une étude de l’Anact
Depuis le début de la crise sanitaire, le télétravail s’est répandu dans les entreprises. Selon une étude de l'Agence nationale de l'amélioration des conditions de travail (Anact), les accords d’entreprises analysés en 2020 témoignent d’une approche encore « prudente » voire « réticente » de ce mode de travail. Du côté du gouvernement, pour l’heure, les annonces se résument à des discours incitatifs à l’égard des entreprises.  

Télétravail : des entreprises encore « prudentes » voire « réticentes » selon une étude de l’Anact

Depuis le début de la crise sanitaire, le télétravail s’est répandu dans les entreprises. Selon une étude de l'Agence nationale de l'amélioration des conditions de travail (Anact), les accords d’entreprises analysés en 2020 témoignent d’une approche encore « prudente » voire « réticente » de ce mode de travail. Du côté du gouvernement, pour l’heure, les annonces se résument à des discours incitatifs à l’égard des entreprises.  
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Par Public Sénat avec l'AFP

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Confinements, couvre-feux… La crise sanitaire a contraint les entreprises à s’adapter. Alors marginal, le télétravail s’est imposé rapidement, parfois de manière pérenne dans certaines entreprises. Une étude de l'Agence nationale de l'amélioration des conditions de travail (Anact) examine des accords signés en 2020 sur le télétravail. Il en ressort que les entreprises restent encore « prudentes » voire « réticentes » à aller vers ce mode de travail.

Face à la recrudescence de l'épidémie, le gouvernement tente pourtant d’encourager le travail à domicile. La ministre du Travail a appelé les entreprises à « accélérer » le recours au télétravail à la rentrée en fixant « une cible de trois jours minimum pour les postes qui le permettent, voire quatre quand c'est possible ». Un temps envisagé, le passe sanitaire en entreprise a été abandonné par le gouvernement suite à la levée de boucliers des partenaires sociaux. 

Télétravail : le gouvernement choisit l’incitation

Sur le sujet, le gouvernement se borne à des discours incitatifs et semble avoir écouté les organisations patronales. Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, estime effectivement que « les chefs d’entreprises doivent se remobiliser sur le télétravail, mais il n’y a pas d’obligation. » « Il faut laisser le dialogue de proximité se faire », appelle-il.

Selon l’étude de l’Anact, le télétravail fait l'objet d'un nombre d'accords croissant : 2 720 en 2021, selon les chiffres du ministère au 15 novembre contre 1 980 pour 2020. L'étude se penche aussi sur la taille des entreprises concernées : 

  • 40 % emploient 50 à 250 salariés, 
  • les entreprises de moins de 50 salariés ainsi que celles qui en comptent 250 à 1 000 sont représentées à parts équivalentes (25 % chacune),
  • 10 % ont plus de 1 000 salariés.

 

Les accords de type « réticents » ou « prudents » restent majoritaires en 2020

L'Anact dresse une typologie selon l'approche du télétravail définie dans les accords. Il y a ainsi les « réticents », les « prudents », les « convaincus » et les « expérimentateurs ». Environ un tiers des textes étudiés proposent un jour maximum de télétravail par semaine voire moins (les « réticents »), et la moitié proposent deux jours maximum (les « prudents »). Cela conduit à « penser que les accords de type « réticents » ou « prudents » restent majoritaires en 2020 ».

S'agissant des secteurs d'activité, en 2020, les plus représentés sont l'industrie manufacturière et les activités spécialisées scientifiques et techniques (16 %), les activités financières et d'assurance (11 %), l'automobile (11 %), l'information et la communication (8 %).

Les chercheurs, qui se sont appuyés sur les accords conclus dans les TPE-PME, estiment qu' « avant la crise, (c'était) souvent l'approche individuelle du télétravail qui était mise en œuvre (...) avec une gestion au cas par cas des demandes », en lien avec des situations personnelles. 2020 et ses confinements marquent donc une évolution avec un télétravail appréhendé comme «  la transposition des activités de bureau au domicile » mais pas encore perçu comme « une forme d'organisation du travail à part entière (...), mixant présentiel et distanciel ».

Au Sénat, Serge Babary, président LR de la délégation sénatoriale aux entreprises, n’est pas favorable à davantage de contrainte pour les entreprises. « Les entreprises sortent juste la tête de l’eau, ce n’est pas le moment de les contraindre davantage. Le début d’année prochaine va correspondre au remboursement des PGE (prêts garantis par l’Etat) et aux échéances des charges qui avaient été décalées durant la crise. Le télétravail entraîne mille complications avec des équipes dispersées, de nouvelles personnes embauchées qui n’ont pas beaucoup de contact avec le reste de l’entreprise, sans oublier la fragilité numérique », expliquait-il à Public Sénat

Le protocole sanitaire en entreprise, actualisé en août dernier, laisse les entreprises fixer « dans le cadre du dialogue social de proximité, un nombre minimal de jours de télétravail par semaine pour les activités qui le permettent ». De nouvelles discussions sont prévues demain entre la ministre du Travail et les partenaires sociaux, avec au programme notamment la question du télétravail et du passe vaccinal.

Nouveau protocole sanitaire dans les entreprises : les sénateurs divisés sur le télétravail

 

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