Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Tests Covid-19 : encore beaucoup d’incertitudes selon les professionnels de santé
Par Sandra Cerqueira
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En matière de dépistage, « les temps ont changé », assure Édouard Philippe lors de la présentation du plan de déconfinement devant les députés. Ajoutant que « la doctrine de l’OMS » a changé. « C’est faux », réagit Claude Cohen, président du Syndicat national des médecins biologistes. « L’OMS dit depuis mars de dépister massivement? Nous ne l’avons pas fait car nous n’étions pas en capacité de le faire. » 700 000 tests virologiques par semaine à la mi-mai ? Le médecin attend de voir. « À cause des problèmes logistiques, notamment le manque de matériel et l'engorgement des laboratoires, les tests ne sont encore aujourd’hui pas systématiques. »
Quels tests ? « C’est le flou ! »
« De quels tests parle-t-on ? Nous n’en savons toujours rien. Les tests PCR, les tests RT-PCR qui reposent sur la détection du virus, à partir d’un prélèvement dans le nez ou les tests sérologiques avec un prélèvement sanguin pour détecter les anticorps ? » questionne le Dr Cohen. C’est le flou ! Et nous sommes à 13 jours de la date du déconfinement. Les laboratoires ont pourtant besoin de s’organiser pour être prêts le moment venu. »
Les tests sérologiques sont également en attente d’homologation des tests sérologiques par le Centre National de Référence (CNR) et la Haute Autorité de Santé (HAS). « Ce qui ne facilite pas les choses », reconnaît Michel Amiel, sénateur (groupe Les Indépendants - République et Territoires) et médecin. « Ce sont des tests intéressants car ils permettent de savoir si l’on a été en contact avec le Covid-19, même de façon asymptomatique », confirme-t-il. « Cela permettrait de connaître davantage le nombre de personnes touchées en France et de travailler sur l’immunité collective. Or sans homologation, impossible de dépister en masse avec ces tests. »
Isolement des malades
Lors du déconfinement, le conseil scientifique évoque entre 1000 et 3000 contaminations par jour, c’est pourquoi l’exécutif prévoit que 525 000 tests devraient être nécessaires pour dépister toutes les personnes symptomatiques. Estimant qu’à chaque nouveau cas « il faudra tester entre 20 à 25 personnes ayant croisé le malade dans les jours précédents. » « L’objectif final est d’isoler au plus vite les porteurs du virus afin de casser les chaînes de transmission », a expliqué le chef du gouvernement. Des brigades dans chaque département vérifieront que les personnes contacts ont bien été testées. Il reviendra aux préfets de définir les plans d’accompagnement des personnes à isoler.
« L’isolement est un bon principe. Nous avons vu que le confinement est efficace pour lutter contre la propagation », affirme la sénatrice RDSE Véronique Guillotin. « Mais où seront isolées les personnes qui ne pourront pas rester à leur domicile ? Dans quels types d’hébergements ? Qui paiera ? Les personnes aux moyens modestes ne pourront pas se payer une chambre d’hôtel pendant 14 jours. » Concernant les tests, le gouvernement a annoncé une prise en charge à 100% des tests par l’Assurance Maladie.
Dépister d’avantage dans les zones les plus touchées
Édouard Philippe a également annoncé la participation des laboratoires à cet effort collectif. Biogroup, présent dans toute la France, réalise aujourd’hui 60 000 tests PCR par jour. 76 000 seront possibles début juin. « Nous sommes prêts à produire en grande quantité quand la demande sera là. Il y a encore beaucoup de flottement », précise Caroline Gutsmuth, médecin biologiste à Neuilly-sur-Seine. « Il faudra alors s’organiser pour assurer les prélèvements de façon massive avec les biologistes et les infirmières. Or, nous, il n’y en a pas suffisamment dans tous les laboratoires. »
Le président du Syndicat des biologistes, François Blanchecotte, appelle au pragmatisme avec le nombre de 700 000 tests : « C’est un nombre théorique. Le plus important sera de bien dépister dès qu’il y a un nouveau cas et là où le virus est le plus présent. Tous les laboratoires ne seront pas sollicités de façon égale, et cela va demander de bien s’organiser. »
C’est pourquoi Véronique Guillotin, également médecin, propose en ce sens « une différenciation dans les tests », en fonction des régions, pour éviter une saturation à certains laboratoires qui pourraient ne pas avoir le matériel suffisant. Persuadée que dépister en masse partout ne sert à rien : « Il faut se concentrer sur les régions les plus touchées. » La sénatrice appelle même à un dépistage « grand public » en Ile-de-France et dans le Grand Est pour casser « plus efficacement la chaîne de transmission » du Covid-19.