Tests Covid-19 : encore beaucoup d’incertitudes selon les professionnels de santé
« Protéger, tester et isoler » sera le triptyque en vigueur à partir du 11 mai », annonce Édouard Philippe. Avec un objectif : produire 700 000 tests par semaine.

Tests Covid-19 : encore beaucoup d’incertitudes selon les professionnels de santé

« Protéger, tester et isoler » sera le triptyque en vigueur à partir du 11 mai », annonce Édouard Philippe. Avec un objectif : produire 700 000 tests par semaine.
Public Sénat

Par Sandra Cerqueira

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

En matière de dépistage, «  les temps ont changé », assure Édouard Philippe lors de la présentation du plan de déconfinement devant les députés. Ajoutant que « la doctrine de l’OMS » a changé. « C’est faux », réagit Claude Cohen, président du Syndicat national des médecins biologistes. « L’OMS dit depuis mars de dépister massivement? Nous ne l’avons pas fait car nous n’étions pas en capacité de le faire. » 700 000 tests virologiques par semaine à la mi-mai ? Le médecin attend de voir. « À cause des problèmes logistiques, notamment le manque de matériel et l'engorgement des laboratoires, les tests ne sont encore aujourd’hui pas systématiques. »

Quels tests ? « C’est le flou ! »

« De quels tests parle-t-on ? Nous n’en savons toujours rien. Les tests PCR, les tests RT-PCR qui reposent sur la détection du virus, à partir d’un prélèvement dans le nez ou les tests sérologiques avec un prélèvement sanguin pour détecter les anticorps ? » questionne le Dr Cohen. C’est le flou ! Et nous sommes à 13 jours de la date du déconfinement. Les laboratoires ont pourtant besoin de s’organiser pour être prêts le moment venu. »

Les tests sérologiques sont également en attente d’homologation des tests sérologiques par le Centre National de Référence (CNR) et la Haute Autorité de Santé (HAS). « Ce qui ne facilite pas les choses », reconnaît Michel Amiel, sénateur (groupe Les Indépendants - République et Territoires) et médecin. « Ce sont des tests intéressants car ils permettent de savoir si l’on a été en contact avec le Covid-19, même de façon asymptomatique », confirme-t-il. « Cela permettrait de connaître davantage le nombre de personnes touchées en France et de travailler sur l’immunité collective. Or sans homologation, impossible de dépister en masse avec ces tests. »

Isolement des malades

Lors du déconfinement, le conseil scientifique évoque entre 1000 et 3000 contaminations par jour, c’est pourquoi l’exécutif prévoit que 525 000 tests devraient être nécessaires pour dépister toutes les personnes symptomatiques. Estimant qu’à chaque nouveau cas « il faudra tester entre 20 à 25 personnes ayant croisé le malade dans les jours précédents. » « L’objectif final est d’isoler au plus vite les porteurs du virus afin de casser les chaînes de transmission », a expliqué le chef du gouvernement.  Des brigades dans chaque département vérifieront que les personnes contacts ont bien été testées. Il reviendra aux préfets de définir les plans d’accompagnement des personnes à isoler.

«  L’isolement est un bon principe. Nous avons vu que le confinement est efficace pour lutter contre la propagation », affirme la sénatrice RDSE Véronique Guillotin. « Mais où seront isolées les personnes qui ne pourront pas rester à leur domicile ? Dans quels types d’hébergements ? Qui paiera ? Les personnes aux moyens modestes ne pourront pas se payer une chambre d’hôtel pendant 14 jours. » Concernant les tests, le gouvernement a annoncé une prise en charge à 100% des tests par l’Assurance Maladie.

Dépister d’avantage dans les zones les plus touchées

Édouard Philippe a également annoncé la participation des laboratoires à cet effort collectif. Biogroup, présent dans toute la France, réalise aujourd’hui 60 000  tests PCR par jour. 76 000 seront possibles début juin. « Nous sommes prêts à produire en grande quantité quand la demande sera là. Il y a encore beaucoup de flottement », précise Caroline Gutsmuth, médecin biologiste à Neuilly-sur-Seine. « Il faudra alors s’organiser pour assurer les prélèvements de façon massive avec les biologistes et les infirmières. Or, nous, il n’y en a pas suffisamment dans tous les laboratoires. »

Le président du Syndicat des biologistes, François Blanchecotte, appelle au pragmatisme avec le nombre de 700 000 tests : «  C’est un nombre théorique. Le plus important sera de bien dépister dès qu’il y a un nouveau cas et là où le virus est le plus présent. Tous les laboratoires ne seront pas sollicités de façon égale, et cela va demander de bien s’organiser. »

C’est pourquoi Véronique Guillotin, également médecin, propose en ce sens « une différenciation dans les tests », en fonction des régions, pour éviter une saturation à certains laboratoires qui pourraient ne pas avoir le matériel suffisant. Persuadée que dépister en masse partout ne sert à rien : « Il faut se concentrer sur les régions les plus touchées. » La sénatrice appelle même à un dépistage « grand public » en Ile-de-France et dans le Grand Est pour casser « plus efficacement la chaîne de transmission » du Covid-19.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: Emmanuel Macron Receives Malaysia’s PM Anwar Ibrahim
9min

Société

Lutte contre l’entrisme des Frères musulmans : Emmanuel Macron souhaite une loi « à la fin de l'été »

Emmanuel Macron a annoncé lundi soir, à l’issue d’un conseil de défense consacré à l’influence de la confrérie des Frères musulmans en France, un élargissement des sanctions financières contre les structures accusées de pratiquer « l’entrisme » islamistes. Le chef de l’Etat espère qu’un nouveau texte législatif pourra entrer en vigueur avant 2026. Au Sénat, les élus qui ont travaillé sur ce sujet réclament des mesures qui concernent davantage « le quotidien », mais aussi des dispositifs européens.

Le

académie médecine
4min

Société

Fin de vie : l’Académie de médecine défend une « aide à mourir » comme démarche d’exception devant le Sénat

Auditionnées mercredi 2 juillet par la commission des affaires sociales du Sénat, Claudine Esper et Élisabeth Elefant, représentantes du comité d’éthique de l’Académie nationale de médecine, ont livré une analyse nuancée des propositions de loi sur l’aide à mourir et l’accès aux soins palliatifs. Si elles reconnaissent l’évolution nécessaire du cadre législatif, elles plaident pour un encadrement strict et soulignent les limites éthiques à ne pas franchir.

Le

controle ok
6min

Société

La France condamnée pour contrôle au faciès par la CEDH : « Que faut-il pour que la France prenne en main le sujet ? » s’indigne Corinne Narassiguin

La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour un contrôle d’identité discriminatoire, une première. « Tout ça ne peut pas continuer », dénonce la sénatrice PS Corinne Narassiguin, auteure d’une proposition de loi sur le sujet. Elle pointe le « ciblage » sur les sans-papiers, qui a été demandé à la police par le ministre Bruno Retailleau. « Ça, c’est du contrôle au faciès », dénonce la sénatrice de Seine-Saint-Denis.

Le

Tests Covid-19 : encore beaucoup d’incertitudes selon les professionnels de santé
4min

Société

Egalité femmes-hommes : « Si nous avons une réduction de moyens, je ne serai pas en mesure de réaliser le travail qui m’est demandé », alerte Bérangère Couillard

Auditionnée par la délégation aux droits des femmes du Sénat, la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, Bérangère Bouillard s’inquiète de l’avenir de l’institution à la veille des débats budgétaires au Parlement, et des échéances électorales.

Le