Illustration du mouvement "Bloquons Tout" du 10 septembre - Crédit : Mourad ALLILI/SIPA/2508231146

« Tolérance zéro » face à « Bloquons Tout » : 80 000 de forces de sécurité déployées le 10 septembre

A la veille du mouvement « Bloquons Tout », Bruno Retailleau a dressé le tableau des actions anticipées : manifestations, blocages de lieux stratégiques, sabotages… et n’a pas manqué de rappeler la mise en place d’un dispositif de sécurité « exceptionnel », de 80 000 policiers et gendarmes, pour endiguer toute tentative de débordement.
Aglaée Marchand

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Lundi en fin de journée, les pots de départs se sont multipliés devant de nombreuses mairies, pour trinquer à la chute du gouvernement de François Bayrou. Ces festivités ont été l’occasion de poursuivre la préparation de la mobilisation citoyenne « Bloquons Tout », prévue ce mercredi 10 septembre et dont l’ampleur reste encore floue. Bruno Retailleau a néanmoins alerté sur la participation « de groupuscules organisés et très violents ». En ce sens, des effectifs et moyens techniques « considérables » ont été annoncés, pour encadrer, et réprimer en cas de nécessité, les manifestations.

Une multitude d’initiatives dans toute la France

Plusieurs centaines d’actions se tiendront à travers tout le territoire, en Ile-de-France ainsi qu’en régions. Nombreuses, ces initiatives citoyennes sont répertoriées sur des cartes collaboratives disponibles en ligne, et devraient continuer à se préciser d’ici mercredi. Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, a dit s’attendre à des « actions coups de poing », sur le plateau de BFMTV ce matin.

Du côté des transports, les syndicats ferroviaires, la CGT-Cheminots et SUD-Rail, ont incité à « participer massivement » à la grève. Si la SNCF a assuré que les TGV Inoui, les Ouigo et les TGV internationaux circuleraient sans encombre, les trains régionaux, les RER Transilien en Ile-de-France et les TER dans certaines régions devraient rencontrer des perturbations. Dans les aéroports, certains vols risquent de connaitre le même sort. La direction générale de l’Aviation civile (DGAC) prévoit effectivement des retards et des annulations sur l’ensemble du trafic aérien, avec des appels à la mobilisation de SUD Aérien et de la CGT Air France.

Des exhortations reprises dans l’Education nationale, par la fédération CGT de la Fonction Publique, la CGT Educ’action et le syndicat SUD-Education. Etudiants et lycéens sont, eux aussi, susceptibles d’être de la partie, avec des assemblées générales qui se réunissent dans une trentaine d’universités et des syndicats lycéens qui appellent au blocage d’établissements.

Commerces, raffineries, hôpitaux, usines, éboueurs… Divers sites industriels et plateformes logistiques seront le terrain de protestations citoyennes, avec des piquets de grèves attendus dans plusieurs régions, sur le site d’ArcelorMittal à Dunkerque, à l’usine Ampère de Renault au sud de Rouen, ou encore dans des raffineries exploitées par Total Energies en Seine-Maritime, en Loire-Atlantique et dans le Rhône.

Des rassemblements et des cortèges se sont donné rendez-vous dans les métropoles, à l’initiative de responsables syndicaux, mais aussi de partis politiques tels que La France Insoumise et le Nouveau Parti Anticapitaliste, ainsi que des militants pro-Palestine, a confirmé ce matin Laurent Nuñez.

Un dispositif de sécurité massif pour assurer une « réactivité » maximale

100 000 participants potentiels ont été recensés par les renseignements généraux, a rappelé Bruno Retailleau sur le parvis du ministère de l’Intérieur, à l’issue d’une réunion organisée avec l’ensemble des préfets ce mardi 9 septembre dans la matinée. Du fait du caractère protéiforme du mouvement, les cabinets des ministères de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur, des Transports, de la Justice et de l’Economie ont également été conviés à cette rencontre, « pour prendre en compte toutes les dimensions de cette crise », a précisé le patron de la place Beauvau.

Reprenant le discours de Laurent Nuñez sur le plateau de BFMTV ce matin, le ministre de l’Intérieur a pointé du doigt une journée « détournée » par « les insoumis, l’extrême gauche et l’ultra gauche », qui devrait reposer sur son intensité plutôt que sur sa masse. Le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon a pourtant enjoint à ce que « les méthodes utilisées soient toujours non violentes. Autre chose nous nuirait », dans une interview pour Le Parisien.

Lire aussi : Mouvement « Bloquons tout » : « L’extrême gauche est pratiquement en train d’appeler à l’émeute », dénonce Claude Malhuret

Une perte en amplitude qui pourrait toutefois donner lieu à plus d’agressivité car, au-delà des manifestations « classiques » attendues et déclarées, Bruno Retailleau a averti de l’existence de « groupuscules peu nombreux mais organisés », qui cherchent la « violence » et sont « animés d’une haine anti-flic ».

En conséquence, près de 80 000 gendarmes et policiers seront déployés dans toute la France, et ce dès ce soir dans certaines zones et points « sensibles ». Le ministre de l’Intérieur a insisté sur la « tolérance zéro » face à tout risque de débordement et sur les « consignes de fermeté » délivrées aux forces de l’ordre. Rapprochant leur nombre de celles mobilisées pour le 14 juillet, 65 000, il a justifié de tels effectifs en évoquant des événements « disséminés » sur l’ensemble du pays. Une trentaine d’hélicoptères, des drones, des engins lanceurs d’eau et des centaures viendront compléter ce dispositif massif. L’objectif ? « Quadriller le territoire », et assurer une « réactivité » et une « mobilité » maximale afin d’intervenir « rapidement sur chaque blocage », a détaillé Laurent Nuñez. Avant d’ajouter : « Il y aura des interventions systématiques des forces de sécurité intérieure pour débloquer et interpeller évidemment ».

Sur le champ de compétences de Bruno Retailleau, à présent démissionnaire, le préfet de police de Paris ne se montre pas inquiet. « Les affaires courantes, c’est quand même un gros morceau », rappelle-t-il, « le ministre d’Etat reste pleinement aux commandes ».

Des actions de boycott symboliques également considérées

Hors des manifestations et des initiatives de blocage, des moyens de mobilisation citoyenne moins traditionnels sont relayés sur les réseaux sociaux. Ne pas utiliser sa carte bleue, couper volontairement sa consommation d’électricité, laisser passer toutes les voitures aux péages, retirer son argent des banques… Les idées affluent pour que chacun participe, à son échelle, au mouvement de contestation, qui s’inscrit dans un climat de défiance globale à l’encontre du gouvernement, que la démission de François Bayrou ne semble pas, pour l’heure, avoir réfréné.

Interrogé sur la question sur BFMTV, Laurent Nuñez précise que les forces de l’ordre ne se positionneront « que sur les atteintes lourdes » et les actes de dégradation.

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