« 52% des moins de 35 ans portent la barbe » : un message générationnel ?
Depuis la barbiche de Paul Ramadier en 1947, aucun locataire de Matignon n’avait porté la barbe jusqu’à ce qu’Édouard Philippe s’y installe l’an dernier…
Une entrée très remarquée qui illustre la popularité de ce look auprès de toutes les générations, notamment les plus jeunes. Car « aujourd’hui la barbe est très portée dans les milieux économiques des start-up », comme le souligne Gilles Masson, communicant à la tête de l’agence M&C Saatchi GAD. Ainsi, Édouard Philippe porte la barbe pour « exister à côté de Macron », mais aussi « pour être dans son époque… Dans un gouvernement où c’est l’économie qui fait le social et pas l’inverse, être proche d’un univers économique via ce symbole, c’est très important ».
Il y a quelques années, Édouard Philippe portait la barbe pour se vieillir, aujourd’hui c’est pour paraître jeune, être dans l’effet générationnel
« Un moyen d’interpeller, d’attirer l’attention » ?
Cependant porter la barbe suffit-il à faire passer un message politique ? Sarah Daniel-Hamizi n’en est pas sûre.
« La barbe d’Édouard Philippe est disproportionnée, peu entretenue, je ne comprends pas qu’il puisse la porter de cette manière car elle masque sa personnalité ».
Ainsi si « porter le poil est un moyen d’attirer l’attention, d’interpeller, de se faire remarquer », son entretien est primordial selon cette spécialiste créatrice des salons « La Barbière de Paris ».
« Porter la barbe marque le retour d’une forme de virilité » ?
Mais la barbe en politique c’est aussi un moyen « de marquer le retour d’une émergence virile » à l’heure où le féminin joue beaucoup des codes du masculin. C’est ce qu’explique l’historien Georges Vigarello.
La barbe : consolation d’un revers politique ?
Toutes les barbes ne se ressemblent pas. Si la barbe de Christophe Castaner, nouveau délégué général d’En Marche est structurée et travaillée, le bouc qu’arbore Manuel Valls depuis quelque mois est « une solution de facilité, de couper tout ce qui dérange » selon Sarah Daniel-Hamizi. En effet, depuis son revers aux primaires de la gauche et à son départ du gouvernement Manuel Valls a décidé de se laisser pousser le bouc : « une petite fantaisie » selon ses propres mots, puisqu’il n’a désormais plus de fonctions officielles.
Toutefois, Sarah Daniel Hamizi et Gilles Masson s’accordent à dire que cette nouveauté « ferme le visage du personnage, le durcit, et lui donne un air satanique. »
Si la barbe « modernise » donc certains hommes politiques, alors en phase avec leur temps et leur peuple, elle peut aussi les desservir en renvoyant l’image d’un homme bouleversé par une défaite politique.
Retrouvez Déshabillons-les, « Les habits neufs du pouvoir » samedi 13 janvier à 15h sur Public Sénat.