Train : « Il y a 6 ans on faisait un Paris-Rouen en 1h10 contre 1h25 aujourd’hui » s’indigne cette navetteuse

Alors qu’Emmanuel Macron avait affirmé vouloir faire des transports du quotidien sa priorité, habiter en Normandie et travailler à Paris devient de plus en plus compliqué pour les navetteurs qui subissent les dégradations de la ligne Paris-Rouen-Le Havre. C’est le cas de Karine Courteaud, assistante sociale. Elle effectue les allers-retours entre Rouen et Paris tous les jours et témoigne des dysfonctionnements du réseau dans l’émission Dialogue Citoyen.
Lauralie Margalejo

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Karine Courteaud est navetteuse depuis 15 ans. Tous les jours ou presque, départ de Rouen à 7h30 en direction de Paris, retour à Rouen à 17h40 depuis la Gare Saint-Lazare. Retards à répétition, allongement des temps de trajet, la situation se dégrade d’année en année. « Aujourd’hui, un Paris-Rouen se fait en 1h25, il y a encore six ans en arrière on était sur un temps de trajet aux alentours d’1h10 » déclare-t-elle. Présidente de l’Association de Défense des Usagers du Rail Normand (ADURN), Karine Courteaud « essaye de faire en sorte que les choses s’améliorent, de travailler les sujets de fond avec la SNCF et avec la région », mais elle concède qu’« au bout de quinze ans » elle est « parfois lassée de voir que les choses n’avancent pas et au contraire reculent. »

Quand les problèmes s’accumulent

Les raisons des retards qui impactent la ligne Paris-Rouen-Le Havre sont multiples. Hervé Maurey, Sénateur de l’Eure et conseiller de la région normande connaît bien le sujet. Il explique le dysfonctionnement de la ligne par deux raisons principales. La première est qu’« on a une infrastructure qui est à peu près deux fois plus vieille que l’infrastructure de nos voisins allemands par exemple. On a des travaux, il faut bien les faire pour remettre à niveau, ça perturbe le trafic et ça rallonge les délais ». Il souligne également la spécificité de la ligne Paris-Rouen-Le Havre « qui est l’arrivée en Île-de-France avec les trains franciliens qui créent une sorte d’embouteillage ». Il concède que « le problème doit être, si ce n’est réglé, considérablement amélioré ».

Afin de compenser ces retards « une réduction de 15% sur l’abonnement pour les retards supérieurs à trente minutes au bout de quatre retards » a été mise en place. « Sauf que quand vous avez des retards qui durent entre six à huit heures, ce qui m’est arrivé à trois reprises en l’espace de trois mois, il n’y a pas d’indemnisation supplémentaire » révèle Karine Courteaud.

La reprise des trains par la région Normandie : une mesure efficace ?

Depuis 2020, la région Normandie a repris la compétence des trains. Si pour le sénateur de l’Eure, Hervé Maurey, « les statistiques s’améliorent depuis la reprise des trains par la région Normandie », c’est loin d’être le sentiment des navetteurs de la ligne Paris-Rouen-Le Havre. Karine Courteaud le coupe : « quand on a des temps de trajet qui s’allongent de quinze à vingt minutes, on ne peut pas dire que les choses s’arrangent. On allonge les temps de trajet donc on a l’impression qu’il y a moins de retards mais je ne peux pas dire qu’il y ait une amélioration au niveau de la ponctualité, quand on voit les temps de trajet qui s’allongent, ce n’est pas possible ».

Pour le sénateur des Alpes-Maritimes, Philippe Tabarot, la prise en charge de certaines lignes à un échelon régional « est une preuve de progrès parce qu’il y a un côté proximité. Pour autant, c’est un partenariat entre les régions et l’État et clairement, il faudrait un milliard supplémentaire pour la régénération et 500 millions supplémentaires en modernisation pour mettre en place l’ERTMS (système européen de gestion du trafic ferroviaire) et pour permettre à plus de trains de circuler ».

L’intégralité de l’émission est disponible en replay.

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