Transports, logement, sécurité, où en est-on à six mois des Jeux olympiques ?

A six mois du coup d’envoi des Jeux olympiques et paralympiques, le préfet Michel Cadot, délégué interministériel aux JO et Nicolas Ferrand, directeur exécutif de la Solideo sont venus faire un point sur l’avancement des chantiers. Ils ont rassuré les sénateurs concernant la gestion des transports et de la sécurité de l’événement lors d’une audition mercredi 17 janvier 2024.
Stephane Duguet

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Sprint final pour la Solideo, la Société de livraison des ouvrages olympiques, et la Délégation interministérielle aux jeux olympiques et paralympiques (Dijop). Les deux organismes étaient auditionnés par la commission de la culture, de l’éducation et du sport du Sénat mercredi 17 janvier. Nicolas Ferrand, directeur général exécutif de la Solideo et le préfet Michel Cadot, délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques (JOP), ont fait le point avant le début de l’événement le 26 juillet.

85 % des ouvrages olympiques livrés

La Solideo se satisfait d’avoir achevé 85 % des travaux des 70 ouvrages olympiques au 31 décembre 2023. « Nous sommes en phase de levée de réserve », explique Nicolas Ferrand qui rappelle le calendrier : le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) récupérera les clés de la plupart de ces ouvrages au mois de mars. « Nous avons trois sujets sous surveillance », note quand même le directeur exécutif.

Le premier d’entre eux est la livraison de 500 lits sur les 2700 du village olympique situé sur l’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Au lieu du premier mars, le groupe Pichet Legendre qui se charge des travaux livrera au mois d’avril. « C’est un décalage de quelques semaines sur l’éco-quartier fluvial », reconnaît Nicolas Ferrand sans faire part de son inquiétude. Il confirme aussi que, malgré les retards, le Grand Palais sera mis à disposition du Cojop le 19 avril. Enfin, la piscine de Colombes (Hauts-de-Seine) dont le chantier a connu « beaucoup de péripéties » sera prête début juin.

Les transports : un « véritable défi »

Parmi les sujets de « vigilance » identifiés par le délégué interministériel aux Jeux Michel Cadot, figure en haut de la liste : les transports. La question a été posée à de nombreuses reprises par plusieurs sénateurs. En Ile-de-France, « le billet à l’unité passera de 2,15 euros à 4 euros et le carnet de 10 tickets de 17,3 euros à 32 euros », pointe Pierre Ouzoulias, sénateur communiste des Hauts-de-Seine. « J’espère que ces hausses ne constitueront pas un héritage des Jeux olympiques », ironise le vice-président du Sénat. Sa collègue, la sénatrice socialiste de Paris, Colombe Brossel interroge également : « comment rendre compatible les transports du quotidien et le transport de spectateurs pendant les JOP ? ».

S’il reconnaît que c’est un « véritable défi », Michel Cadot assure ne pas douter qu’il sera réalisé. Concrètement, il est prévu que 600 à 800 000 personnes de plus chaque jour utilisent les transports en commun pour se rendre aux épreuves olympiques. « Nous avons un plan de transports qui prévoit plus 15 % en moyenne, des capacités de transports par la SNCF, la RATP et les autres opérateurs de transport dans la France entière », détaille le préfet.

Un plan national de mobilité sera aussi mis en place fin mars pour reprendre les données de tous les sites olympiques et les conditions d’accès dans les aéroports et les gares. L’Etat doit aussi publier pour l’Ile-de-France un TDM pour « transport demand management » qui « permettra d’informer les Franciliens sur les conditions d’encombrement ou les difficultés d’accès sur certaines lignes plus chargées », indique Michel Cadot. Ce document doit leur donner la possibilité d’adapter leurs trajets.

Le préfet recommande néanmoins aux travailleurs franciliens de télétravailler, de quitter Paris s’ils le peuvent, de décaler l’heure de leur trajet en concertation avec les employeurs ou d’avoir recours à d’autres moyens de transports comme le vélo. Pour les spectateurs venus assister aux Jeux olympiques, des navettes seront déployées pour fluidifier les transports en commun. Elles doivent notamment permettre de désengorger le Parc des Princes et Roland Garros à l’ouest de Paris, deux sites à proximité qui accueilleront des épreuves en même temps.

Dispositif de sécurité « bien rodé »

La congestion à la sortie des transports et les bousculades en marge d’un événement sportif rappellent aux sénateurs les incidents lors de la finale de la Ligue des champions organisée à Saint-Denis en 2022. Une commission d’enquête sénatoriale avait conclu que c’était un « fiasco évitable ». Les parlementaires qui composaient la commission avaient interrogé le préfet Michel Cadot, à l’époque délégué interministériel à l’organisation aux grands événements sportifs et auteur d’un rapport sur les incidents du Stade de France. « Vous aviez souligné une situation grave, très défavorable à notre réputation internationale en matière d’organisation d’événements sportifs », se souvient Claude Kern, sénateur centriste du Bas-Rhin. Le co-rapporteur de la mission d’information sur les JOP demande : « Comment les recommandations que vous aviez émises ont été prises en compte ? »

« La totalité des recommandations du rapport et des parlementaires sont mises en place concrètement », affirme Michel Cadot. Le préfet énumère les mesures : un « plan 0 délinquance » avec des moyens alloués à chaque préfecture, une billetterie sécurisée et digitalisée et un « dispositif réactif » pour faire face à de potentiels incidents. Preuve que la France est prête pour les Jeux, Michel Cadot vante l’organisation de la Coupe du monde de rugby à la rentrée 2023 : Ça s’est bien déroulé, c’est un très bon test pour nous. »

Il a relevé tout de même deux « difficultés » au niveau des transports à Marseille et à Bordeaux à cause de la panne d’un tramway et d’une mauvaise signalisation. Mais pour résoudre ces incidents, « le dispositif est rodé et piloté en temps réel », avance le préfet afin de réorienter les spectateurs rapidement en cas de besoin vers les enceintes sportives.

Sur le volet de la sécurité privée, Michel Cadot affirme que fin février, tous les contrats seront passés par Paris 2024 ou ses délégataires. Pour le moment seuls 70 % d’entre eux sont signés. « 9000 personnes ont été formées depuis 2023, explique-t-il. Il estime qu’en moyenne 18 000 agents de sécurité seront nécessaires chaque jour pour les épreuves olympiques, 24 000 en cas de pic. Pour les épreuves paralympiques, le chiffre descend à 8000 agents en moyenne et 12 000 au maximum.

« Des gens de ma circonscription veulent revendre leurs billets »

Au-delà de la sécurité, les sénateurs se sont alarmés du prix des billets et des logements. Michel Savin, sénateur Les Républicains (LR) de l’Isère remet en cause la notion de « Jeux populaires ». « Des gens de ma circonscription pensent même à revendre leurs billets parce que le prix des hôtels à Paris en Ile-de-France a été multiplié par trois ou quatre ! », confie celui qui est également président du groupe d’étude sur les pratiques sportives. Il demande également comment vont se loger les 45 000 bénévoles au vu des tarifs des locations.

Pour lui répondre, Michel Cadot reprend l’argument affiché par le Cojop Paris 2024 depuis la mise en vente des billets : « 50 % des billets étaient à moins de cinquante euros ». En ce qui concerne les logements, il estime qu’il faut payer le prix « pour un événement historique » ou trouver des solutions à l’extérieur de Paris. « Quand je suis allé aux Jeux d’Athènes, nous logions à trois heures de la capitale dans un camping », raconte le préfet. En ce qui concerne le logement des bénévoles, « ils sont par définition volontaires et la réalité du logement était posée dès le départ », estime Michel Cadot. « On se trouve beaucoup d’amis quand on vient pour deux, trois jours » faire du bénévolat sur les Jeux. Une question a aussi été posée sur l’expulsion des étudiants de leurs logements universitaires Crous. Mais le délégué interministériel aux Jeux n’y a pas répondu.

 

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