Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Un rapport sénatorial pointe les dangers des aliments ultra-transformés
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« La santé commence dans l’assiette ». Ce vieil adage a été mis à l’épreuve par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), qui a remis une note sur l’alimentation ultra-transformée le 26 janvier dernier. La situation le justifie : en France, en 2019, 17 % de la population adulte était obèse, soit environ huit millions de personnes. En vingt-cinq ans, cette proportion a doublé, à tel point que certains parlent d’épidémie. Parmi les causes de cette obésité, l’alimentation, et en particulier l’alimentation ultra-transformée. La note de l’Opecst, signée par la sénatrice socialiste du Lot Angèle Préville, le note : « Le déséquilibre de l’alimentation est l’une des premières causes de l’épidémie de maladies chroniques constatées en France ».
Des aliments qui ont subi « d’importants procédés de transformation »
Mais qu’est-ce que l’alimentation ultra-transformée ? Dans sa note, Angèle Préville utilise la définition issue de la classification NOVA, une échelle mise en place par des chercheurs brésiliens. Selon eux, les aliments ultra-transformés ont subi « d’importants procédés de transformation », ou contiennent des additifs ou des « substances industrielles », pour « imiter ou améliorer leurs qualités sensorielles ». Ces aliments, nous les croisons tous les jours quand nous faisons nos courses. Tant et si bien que la note relève qu’ « entre 30 et 35 % des calories ingérées par les adultes proviennent d’aliments ultra-transformés ».
« En France, 11 % des décès et 6 % des années de vie en bonne santé perdues, sont imputables à l’alimentation »
Ces aliments sont souvent à un prix abordable et largement publicisés, marketés pour attirer le consommateur. Pourtant, de plus en plus d’études révèlent les liens existants entre alimentation, en particulier consommation d’aliments ultra-transformés, et maladies chroniques, voire mortalité. Ainsi, la note cite le chiffre suivant : « En France, 11 % des décès et 6 % des années de vie en bonne santé perdues sont imputables à l’alimentation. Cette dernière est le premier facteur de risque de perte d’années de vie en bonne santé devant l’alcool et le tabac ».
Les études épidémiologiques sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser aux liens entre aliments ultra-transformés et problèmes de santé. Ainsi, une association significative est observée entre leur consommation et les risques de surpoids et d’obésité, de diabète de type 2 ou encore de maladies cardiovasculaires. Mais les études vont plus loin que cela, elles mettent en évidence une association entre alimentation ultra-transformée et risques de cancer, notamment de cancer du sein. Il faut néanmoins prendre ces associations avec précaution, car, en recherche, les corrélations ne sont pas nécessairement des causalités.
Au-delà des potentiels effets délétères sur la santé des aliments ultra-transformés, la note pointe leur impact sur l’environnement, au travers de la pollution engendrée par leurs emballages plastiques, ou bien de l’agriculture intensive et riche en engrais et produits phytopharmaceutiques dont ils sont issus.
Mettre en place des « actions ambitieuses visant les produits trop gras, trop salés, trop sucrés »
Les constats dressés par la note sont loin de rassurer sur l’état nutritionnel de l’alimentation des Français. Elle dresse donc une liste de recommandations, afin d’enrayer la propagation de ces aliments. Elle propose entre autres, de mettre en place des « actions ambitieuses visant les produits trop gras, trop salés, trop sucrés », comme des cours de cuisine pour les enfants, ou encore une réglementation du marketing alimentaire. En France, des démarches avaient déjà été engagées en ce sens avec la mise en place du Nutri-Score en 2017, qui indique sur les produits alimentaires leur qualité nutritionnelle.
Enfin, la note plaide pour la mise en place d’incitations fiscales, « en soumettant ces aliments [ultra-transformés] à une taxe spécifique et en rendant parallèlement plus abordables les aliments plus sains ». Cette solution avait été soutenue, entre autres, par Thierry Marx, le célèbre chef cuisinier, lors de son audition par l’Opecst en septembre 2022. « Les produits ultra-transformés doivent être taxés, comme le tabac l’a été », avait-il affirmé.