Vidéosurveillance à l’hôpital : « Un gadget » ?

Vidéosurveillance à l’hôpital : « Un gadget » ?

Les invités de l’émission « On va plus loin » débattent du renforcement de la vidéosurveillance dans les hôpitaux, pour lutter contre la violence envers le personnel hospitalier.
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Le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, a annoncé mardi 15 mai dans Le Parisien, un plan de 30 millions d’euros d’ici 2020, pour lutter contre l’insécurité dans les hôpitaux. Une des principales mesures qui fait débat est le renforcement de la vidéosurveillance, avec « 40% de caméras supplémentaires d’ici à trois ans ».

Michel Amiel, sénateur (LREM) des Bouches-du-Rhône et médecin, est partagé sur cette vidéosurveillance, qu’il a pourtant fini, lui-même, par mettre en place, lorsqu’il  était maire : « D’une façon préventive, il y a déjà l’intérêt de rassurer les gens (…) Après, l’évaluation a posteriori, force est d’admettre que cela permet, selon les forces de police, d’élucider un certain nombre de difficultés. Maintenant déclinées au niveau hospitalier (…), quand on voit les moyens qui manquent, que ce soit sur le plan humain ou parfois sur le plan matériel (…) on se dit, de telles dépenses sont-elles véritablement pertinentes ? »

Philippe Juvin, chef de service des urgences de l'hôpital Pompidou et député européen LR, est, lui, totalement favorable à cette initiative : « C’est une très bonne idée. Il n’y a pas de solution miracle mais comme vous l’avez dit, il y a de la violence. Beaucoup plus qu’il y a cinq ou dix ans (…) et les 30 millions (…) il ne faut pas caricaturer, ce n’est pas que de la vidéosurveillance. Il y a plein d’autres choses dans le plan : il y a des contrôles d’accès (…), il y aura des boutons pour appeler en cas de problème (…) C’est un renforcement dans un tout. Et c’est indispensable ! Alors est-ce que c’est efficace ? D’abord, je crois (…) qu’on fait moins le zouave quand on sait qu’on est filmé. Et donc, c’est un élément dissuasif. »

De son côté, Cathy Le Gac, secrétaire générale de Sud Santé AP-HP, craint qu’il y ait une « bunkerisation » des hôpitaux : « On ne peut pas nier (…) la violence qu’il y a aux urgences, pour autant on ne peut pas « bunkeriser » les urgences ».

L’infirmière, qui travaille dans un service de réanimation, raconte son expérience : « Ce service de réanimation avait, jusqu’à pas très longtemps, une personne à l’accueil, qui accueillait les familles, qui les prenait en charge, qui les rassurait (…) Eh bien cette personne, elle n’existe plus. Elle ne fait plus ce relais-là et on va mettre quatre caméras. À un moment donné, dans nos soins de soignant, en tant qu’infirmier, l’acte, c’est de prendre en charge la famille et le patient. Et c’est un tout. Les premiers instants [où] l’on arrive à l’hôpital sont importants dans la prise en charge. Aux urgences, aussi. Il faudrait certainement plus de personnes à l’accueil des urgences (…) On ne peut pas remplacer l’humain par des caméras. Ce n’est pas possible. »

Pour Thierry Amouroux, secrétaire général du syndicat national des professionnels infirmiers, la vidéosurveillance est « un gadget » : « ce qu’il faut, c’est traiter les causes. Pourquoi, il y a de la violence aux urgences ? C’est parce que les gens ont des temps d’attente anormaux. Parce qu’il n’y a pas assez de soignants (…) Ce qui est important c’est d’avoir du monde pour prendre en soin des patients qui viennent. On voit qu’il y a eu une augmentation très importante de passages aux urgences et que les effectifs n’ont pas suivi. Donc, du coup, la charge de travail est très importante, le temps d’attente des patients est très important (….) On n’a plus assez de temps pour accompagner correctement les personnes. »

 

Vous pouvez voir et revoir ce débat d’OVPL :

 

OVPL : débat sur la vidéosurveillance à l'hôpital
25:15

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