Un jeune garçon qui braque, avec une arme factice, sa professeure, en pleine classe dans un lycée de Créteil. C’est cette vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux et qui a déclenché des réactions de la classe politique mais aussi d’enseignants sur Twitter, voulant montrer leur ras-le-bol, avec le hashtag #PasDeVague.
« C’est très grave ce qu’il vient de se passer » réagit Paul Vannier, professeur d'Histoire-Géographie en Seine-et-Marne et orateur national de La France Insoumise.
Mais si, pour lui, les faits qui se sont déroulés à Créteil, sont le reflet d’une certaine réalité, il tient à rappeler une chose : « Les faits de violence n’ont pas forcément beaucoup augmenté. Ce qui a changé, c’est que les enseignants se retrouvent de plus en plus seuls face à ces évènements (…) Parce que la présence humaine, qu’il s’agisse du nombre des enseignants, mais aussi des CPE [Conseillers principaux d’Éducation – NDLR) (…) des surveillants (…) de tout un tas de personnel médico-éducatif aussi (…) est moins importante aujourd’hui (…) On n’a cessé de supprimer des postes dans l’Éducation nationale. »
Paul Vannier estime que les responsables de cette situation de violence, sont les politiques : « Ce ne sont ni les enseignants, ni les personnels de direction. »
« La prévention, on n’en parle pas »
Quant à Nageate Belahcen, la présidente de la FCPE Val-de-Marne (fédération des Conseils de parents d’élèves), elle regrette « la réponse des politiques ce week-end », qu’elle trouve « effarant(e) » : « Je n’ai pas l’impression que les réponses politiques qui sont faites actuellement, vont dans le sens de la prévention. On va beaucoup dans le sens de la réprimande (…) mais la prévention, on n’en parle pas (…) Il ne faut pas aujourd’hui sanctionner pour sanctionner. »
Sur le plateau d’ « On va plus loin », Laurence Sailliet, la porte-parole des Républicains, ne parle effectivement pas de prévention mais insiste plus sur les sanctions à prendre : « Moi, ce qui m’a surtout consternée c’est de voir que le ministre de l’Éducation nationale, le ministre de l’Intérieur et le président de la République, semblaient surpris [par cette affaire]. On dirait (…) qu’ils atterrissent (…) Évidemment qu’il faut des sanctions (…) Ils savent qu’il y a des problèmes de sécurité. Qu’ont-ils fait depuis un an et demi ? Rien. »
Interrogé sur cet incident de Créteil, Michel Fize, sociologue spécialiste de l’enfant et de l’adolescent, a tenu à rappeler que « la montée des violences scolaires date à peu près d’il y a trentaine d’années ». « On a beaucoup minimisé au départ le déclenchement des violences verbales (…) Violences verbales [qui] ont entraîné les violences physiques ».
Et il ajoute : « Il y a quand même une dégradation générale des mœurs politiques, économiques, sociales, dans ce pays (…) On a perdu les conditions nécessaires pour le vivre ensemble. Ce qu’il faut, au-delà des réponses répressives que l’on envisage, c’est d’activer le levier de la prévention (…) Il faut redonner du sens au projet scolaire. Il faut redonner des perspectives. »
Vous pouvez voir et revoir ce débat, en intégralité :
OVPL. Débat sur les violences à l'école (en intégralité)