Vivre une maternité apaisée, ou dépasser les genres : vous le préférez comment le féminisme ?

Vivre une maternité apaisée, ou dépasser les genres : vous le préférez comment le féminisme ?

Les femmes ont-elles perdu la bataille ? Avec la multiplication des révélations sur les abus sexuels et violences dont elles ont été victimes on serait tenté de le croire et pourtant depuis 50 ans beaucoup a été fait : maternité, contraception, salaires les avancées sont nombreuses à défaut d’être suffisantes. Quels sont les combats d’aujourd’hui portés par  les féministes ? Rencontre avec deux femmes qui défendent deux modèles différents.
Public Sénat

Par Pierre Bonte-Joseph

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Ne vous y trompez, son rouge à lèvres est couleur rouge vif comme son humeur. Marie Beauchesne est une féministe qui bouscule les stéréotypes. Un combat enraciné en elle depuis l’école primaire : « J’ai toujours vu depuis la cour de récré, ce qui ne va pas c'est le fait qu’on nous traite très différemment entre les petits garçons et les petites filles […] tu te fais soulever la jupe c’est normal, tu fous une claque à un garçon en face parce que t’as pas envie, c’est pas normal ».

Pour cette jeune femme de 27 ans, il est urgent d’arrêter de comparer systématiquement les hommes et femmes. «  Moi ce qui me dérange principalement c’est quand j’entends qu’une femme c’est ça et ça doit être ça, un homme c’est ça et ça doit être ça […] j’ai pas envie de gommer les genres, j’ai pas envie de dire qu’il faut qu’on soit neutre [...] mais je pense qu’on doit avoir le choix de choisir son modèle ». Un féminisme qui ne prône pas l’égalité, mais la liberté d’être qui on souhaite.

« Je pense qu’on doit avoir le choix de choisir son modèle »

Plusieurs modèles de féminisme

Hélène Bonhomme elle, défend un autre modèle, plus traditionnel. Mais elle aussi se revendique féministe, en combattant à sa manière. Mère de deux enfants, elle récuse une définition du féminisme qui exclurait la maternité : « Ça me gêne pas d’être dans un modèle classique si je me sens bien dedans […] le féminisme dont on est les héritières a mis de côté la maternité dans la vie des femmes […] pour ma part j’ai un utérus et j'ai encore envie de m’en servir » lâche-t-elle.

Pour Hélène, il est important de réconcilier épanouissement et maternité, tout vivre à condition de ne pas mettre la barre trop haut : « comment se détendre, se reposer, réapprendre à prendre du temps pour soi-même si on a des enfants. C’est hyperféministe ! C'est pas forcément une cause telle qu’elle a été décrite pendant des décennies mais un féminisme ancré dans le quotidien, dans le réel ».

« J’ai un utérus et j'ai encore envie de m’en servir »

Pour David, son mari cette définition du féminisme est plus facile à vivre que celle prônée par les plus radicales :« le terme féministe ne me plaît pas, dans l’imaginaire, il y a un côté guerrier, un côté on veut s’en prendre aux hommes. Ma femme le vit différemment : pas au détriment des hommes ».

Les hommes, Marie les a mis de son côté. Depuis deux ans, elle a créé une ligne de prêt-à-porter féministe « Ypsilon », qui s’adresse de la même façon aux deux sexes : «  Quand on regarde les magazines de modes, c’est soit belle et tais-toi. Si la mode et les magazines féminins font partie du problème, ils font aussi partie de la solution » lâche-t-elle. Ses maillots de corps, ses sweats amples, revendiquent leur « girlpower » et sont portés par des gens « normaux », pas des modèles.

Être un homme et féministe ça commence pour Bolewa Sabourin ami de Marie, « à ne pas accepter d’entendre « les femmes sont des connes sans réagir par exemple ».

Il ne faut pas trucider les hommes au nom de l’égalité

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Pour Annie Guilberteau, la directrice générale du centre national sur les droits des femmes et des familles, et militante féministe depuis 30 ans, si ces modèles de féminisme sont en apparence contradictoires et qu’ils ne placent pas la liberté au même endroit, ils convergent : « Il y a plusieurs formes de combat avec un même dessein. C’est de pouvoir exister en tant qu’être humain libre et autonome. Qu’il y ait plusieurs forces d’approche c’est plutôt positif, nous ne sommes pas, nous les femmes, faîtes du même moule ». Avant d’ajouter, « on ne va quand même pas trucider une partie des hommes au prétexte qu’ils ne sont pas du même genre que nous. Mais il faut trucider les inégalités dans les rapports sociaux de genres construits au fil des millénaires, qui ont assigné les femmes à un rôle de soumission, par rapport à des hommes qui étaient eux les maîtres de l’univers ».
 

 

Retrouvez l'intégralité de l'émission Ma voix compte, Égalité: les femmes ont-elles perdu la bataille?, jeudi 8 février à 23h.

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