Le sénateur LR Michel Savin est vent debout contre les propos d’Elisabeth Moreno sur le port de signes religieux dans les manifestations sportives. La ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, était invitée à se prononcer ce 10 février sur LCI, sur la revendication des « Hijabeuses », un collectif qui réclame le droit de porter le voile lors des compétitions sportives.
Elles avaient joué au football devant le Sénat le 26 janvier pour protester contre un amendement de la droite sénatoriale à la proposition de loi sur la démocratisation du sport. Le Sénat avait adopté une interdiction de signes religieux ostentatoires dans les compétitions sportives. Ce point a entraîné l’absence d’accord en commission mixte paritaire. Face à Elizabeth Martichoux, la ministre s’est montrée critique envers le texte sénatorial. « Je suis toujours atterrée de voir la droite ressortir les questions du voile quand elle a besoin d’exister sur ces questions. J’en ai marre qu’on instrumentalise les tenues vestimentaires des femmes pour en faire des objets politiques. »
« Les renoncements et la duplicité d’Emmanuel Macron »
Selon Elisabeth Moreno, « l’émancipation des femmes, c’est leur donner le choix de s'habiller comme elles le souhaitent ». Elle a ajouté que le terrain de foot « n’échappe au droit en commun ». « Si les filles veulent jouer au foot en étant voilées en quoi c’est impossible ? […] Je soutiens la possibilité des filles de faire du sport sans être discriminées. »
« Les masques tombent », a réagi Michel Savin, le rapporteur de la proposition de loi au Sénat. « Le gouvernement choisit clairement le port des signes religieux dans les manifestations sportives plutôt que l’application de la Charte olympique. » Défendant la « laïcité » dans le sport « comme dans les salles de classe », le parlementaire d’Isère voit dans cet épisode l’illustration des « renoncements et la duplicité d’Emmanuel Macron face aux pressions de l’Islam politique et des mouvements séparatistes. »
La position exprimée ce matin constitue pour lui un « paradoxe grandiose » : « C’est la ministre chargée de l’Egalité entre les hommes et les femmes qui se prononce en faveur d’une pratique qui est le symbole de la soumission de la femme. »
La droite sénatoriale n’est pas la seule à réagir. Les propos de la ministre ont créé des remous jusque dans sa propre majorité. « Profond désaccord avec Elisabeth Moreno, qui n’aurait sans doute pas voté la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux dans les établissements scolaires. Les propos de la ministre sont décadents et ne représentent pas le travail engagé depuis 2017 contre le séparatisme », a ainsi tweeté François Jolivet, député LREM de l’Indre, issu de LR. Une réaction retweetée par sa collègue Sereine Mauborgne. La ministre n’a pas tardé à répondre au député, avec la phrase de la semaine : « Calmez-vous, ça va bien se passer. »