Yves Coppens, le  «papa » de Lucy, un paléontologue optimiste

Yves Coppens, le «papa » de Lucy, un paléontologue optimiste

Invité de l’émission « On va plus loin », le paléontologue et paléoanthropologue Yves Coppens évoque les moments importants de sa vie, à l’occasion de la sortie de ses mémoires.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C’est l’un des papas de l’australopithèque Lucy, découverte en 1974. Yves Coppens, paléontologue et paléoanthropologue, vient parler de ses mémoires sur le plateau d’ « On va plus loin ». Et s’il semble le faire avec gourmandise, son livre, « Origines de l'Homme, origines d'un homme » (Odile Jacob), n’a, au départ, pas été une vraie partie de plaisir à écrire : « Je me suis lancé là-dedans en traînant des pieds parce qu’en général, on fait ça à un certain âge et je me disais « peut-être que je n’ai pas atteint cet âge ? ». Et si, il faut se résoudre à la réalité. » Pourtant, être traité de « fossile », Yves Coppens en a l’habitude, puisque dès le collège en Bretagne, ses amis l’appelaient « Coco le fossile » : « J’aimais beaucoup les fossiles, l’archéologie, les poteries etc. »

Contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, ce n’est pas le souvenir de la découverte de Lucy, qui a le plus bouleversé le paléontologue, même si elle était majeure : « C’est important parce qu’en 74, c’était le fossile le plus ancien que l’on connaisse dans cette séquence-là : trois millions deux cent mille ans. Après, on a fait mieux (…) C’est grâce à Lucy qu’on a compris que ces pré-humains (…) étaient debout sur leurs deux pattes de derrière et donc ils marchaient (…) Néanmoins ils continuaient à grimper. Donc ils avaient cette espèce de double locomotion bizarre ».

Sa plus grande émotion de chercheur s’est produite lorsqu’Yves Coppens avait 20 ans et qu’il a pénétré dans la chambre d’un dolmen où personne n’était rentré depuis 7 000 ans : « Un jour, avec des camarades d’université, je suis allé sur un grand « futur chantier » (…) il y a[vait] une petite colline. On l’a mesurée, on a fait des plans. Et puis ensuite on a fait un trou (…) vers l’Est et on est tombé sur une sorte de fosse (…) qui avait quatre murs. Et les murs, on les a sondés (…) Le quatrième était creux (…) C’est moi qui suis entré le premier dans une chambre avec une voûte. C’est extraordinaire quand on a cet âge-là ».

« On a des moyens de résistance que l’animal n’a pas »

À l’heure où l’Homme est parfois montré du doigt dans sa mauvaise gestion de la planète, Yves Coppens le défend bec et ongles et reste optimiste : « Je suis très optimiste tout simplement parce qu’il y a trois millions d’années, nous avons inventé la culture. Et la culture fait que désormais, on réagit aux agressions du milieu par la médecine. La médecine c’est du culturel (…) On a des moyens de résistance que l’animal n’a pas (…) puisqu’on peut réagir bien plus vite que ne le ferait la nature. Donc je ne suis pas inquiet quant à la résistance de l’homme aux changements climatiques ». 

Toutefois, inquiet, Yves Coppens l’est, concernant « les mouvements de population » : « Huit milliards d’hommes sur la terre, l’eau qui monte (…) Les gens qui seront au bord des côtes auront à bouger (…) ça fera d’autres migrants, ce qu’on appelle déjà les migrants climatiques. Il y en aura beaucoup beaucoup beaucoup. »

Vous pouvez voir l'entretien d'Yves Coppens, en intégralité :

Interview d' Yves Coppens, un paléontologue optimiste
09:09

 

Dans la même thématique

Lea, au premier jour de sa Vie
5min

Société

Périnatalité : « Infantiliser les femmes ne mène à rien de bon » selon la journaliste Renée Greusard

Le 14 mai dernier, la mission d’information sur l’avenir de la périnatalité auditionnait quatre journalistes spécialistes des questions de grossesse et de parentalité. Une audition qui a permis d’évoquer la question de la santé mentale durant le post-partum, l’information qui est faite autour et l’insuffisance des moyens alloués aux maternités.

Le

Paris : International women s rights day
4min

Société

#Metoo : 150 personnalités réclament une « loi intégrale contre les violences sexuelles »

Ce mardi, Le Monde publie la tribune de près de 150 personnalités, notamment des actrices, appellent à la mise en place d’un ambitieux plan de lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Un appel lancé alors qu’Emmanuel Macron a ouvert la voie à une évolution de la définition juridique du viol, pour y intégrer la notion de consentement. La présidente de la délégation sénatoriale aux droits des femmes réclame de son côté une meilleure formation de la police et de la justice.

Le