Mayotte Cyclone Chido
Nassirou Hamidouni, 28, father of five, stands amongst the debris of the neighboring destroyed home in the slum of Kaweni on the outskirts of Mamoudzou, in the French Indian Ocean island of Mayotte Thursday, Dec. 19, 2024, after Cyclone Chido. (AP Photo/Adrienne Surprenant)/XAS111/24354256287476//2412190816

Cyclone Chido à Mayotte : que permet l’état de « calamité naturelle exceptionnelle » ?

Quatre jours après le passage meurtrier du cyclone Chido à Mayotte, le gouvernement a déclenché l’état de « calamité naturelle exceptionnelle » pour une durée minimale d’un mois. Le dispositif est prévu par la loi 3DS de 2022 et n‘avait jamais été déclenché jusque-là.
Simon Barbarit

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Interrogé par publicsenat.fr, lundi, l’ancien ministre des Outre-mer et actuel sénateur (PS) de Martinique, Victorin Lurel, l’avait demandé. Depuis jeudi 19 à minuit, c’est désormais chose faite. Le Premier ministre, François Bayrou a déclenché, par décret, l’état de « calamité naturelle exceptionnelle » pour une durée minimale d’un mois, sur l’ensemble du territoire de Mayotte. Il peut être renouvelé pour une période de deux mois.

Ce dispositif, prévu à l’article 239 de la loi du 21 février 2022, dite 3 DS, n’avait jamais été déclenché jusque-là. Il peut être déclaré lorsqu’« un aléa naturel d’une ampleur exceptionnelle a des conséquences de nature à gravement compromettre le fonctionnement des institutions et présentant un danger grave et imminent pour l’ordre public, la sécurité des populations, l’approvisionnement en biens de première nécessité ou la santé publique ».

Ce dispositif doit « permettre une gestion plus rapide et efficace de la crise et faciliter la mise en place de mesures d’urgence ». L’Etat n’est ainsi pas freiné dans son action de reconstruction par « des délais imposés par le code des marchés publics », avait expliqué Victorin Lurel. Parmi les décisions qui nécessitent habituellement ces délais, nos confrères du Figaro citent, « la gestion des déchets, le rétablissement des réseaux d’électricité ou d’assainissement, la remise en état des infrastructures de transports critiques, comme les routes, les ports ou les aéroports ».

L’état de calamité naturelle exceptionnelle n’empêche pas le déclenchement de la procédure de constatation de l’état de catastrophe naturelle prévu par le code des assurances. Pour mémoire, trois conditions doivent être remplis pour que les sinistrés bénéficient de l’état de catastrophe naturelle : Avoir souscrit un contrat d’assurance pour les biens, que les dommages aient pour cause déterminante et directe l’intensité anormale d’un agent naturel, et que l’état de catastrophe naturelle ait été constaté par un arrêté interministériel publié au Journal Officiel.

Toutefois, seuls 10 % des biens sont assurés à Mayotte, comme le rappelle le ministère de l’Intérieur. Des crédits « de secours d’extrême d’urgence » pour « aider financièrement » les sinistrés (nourritures, habits) ont été attribués au préfet de Mayotte. Avant le vote du prochain budget, « l’Etat pourra procéder à des investissements ou des dépenses discrétionnaires à destination de la collectivité de Mayotte », a indiqué devant le Sénat, mercredi, le ministre démissionnaire des Comptes publics, Laurent Saint-Martin.

Blocage des prix

Face à la pénurie généralisée qui sévit, le gouvernement a publié un autre décret pour bloquer les prix des produits de grande consommation dans l’archipel à leurs niveaux du 13 décembre, juste avant le cyclone. Sont concernés les produits comme l’eau minérale, les produits alimentaires et boissons, les piles, mais aussi les produits d’hygiène de base, du quotidien et dédiés à la construction ainsi que les aliments pour les animaux.

« Mahorais, on va se relever ensemble », a promis Emmanuel Macron, jeudi, à son arrivée dans l’archipel de Mayotte, jeudi. Le chef de l’Etat devrait faire d’autres annonces.

 

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Illustration elections municipales
8min

Territoires

Frais de mandat des maires : que dit la loi sur la prise en charge de leurs dépenses ?

Des révélations sur les réseaux sociaux, relayés dans la presse, ont mis en évidence des notes de frais dispendieuses de la maire de Paris Anne Hidalgo et le maire du 18e arrondissement. Le lien direct de certaines dépenses avec l’exercice du mandat a parfois été questionné. Ces polémiques braquent les projecteurs sur un régime de prise en charge des dépenses dont le cadre légal reste flou, selon plusieurs acteurs.

Le

Cyclone Chido à Mayotte : que permet l’état de « calamité naturelle exceptionnelle » ?
7min

Territoires

Nouvel acte de décentralisation : « C’est une intention qu’on entend tous les 6 mois », se méfie David Lisnard

Alors que le premier ministre met sur la table un nouvel acte de décentralisation, le président LR de l’Association des maires de France, David Lisnard, se dit « à disposition de l’exécutif » pour avancer vers une « véritable décentralisation » avec plus de « libertés » locales. Il veut « confier aux collectivités » un pouvoir d’« adaptation législative ».

Le

83515009_2710532805667820_6359147467723767808_n (1)
3min

Territoires

Furieux de l’attitude de l’Élysée envers l’Alsace, le sénateur du Bas-Rhin André Reichardt démissionne

Le parlementaire a annoncé qu’il mettait fin à son mandat ce 5 septembre, depuis le siège de la Collectivité européenne d’Alsace, à Strasbourg. Le sénateur dénonce, par son geste, « l’absence de considération » et « le mépris » de l’exécutif envers la revendication des élus et parlementaires locaux de créer une région Alsace.

Le