Autonomie de la Corse : « Notre objectif n’est pas de dynamiter la République », veut rassurer Gilles Simeoni

Le président du Conseil exécutif de Corse a rencontré Gérard Larcher le 10 octobre pour tenter de convaincre les parlementaires du bien-fondé du projet d’autonomie de l'Île de beauté, possibilité entrouverte par Emmanuel Macron il y a quelques semaines.
Hugo Ruaud

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Fin septembre, Emmanuel Macron expliquait, à Ajaccio, vouloir « bâtir une autonomie de la Corse dans la République ». Désormais, les autonomistes doivent convaincre les parlementaires. Et c’est ce à quoi s’emploie Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, qui a rencontré le président du Sénat, Gérard Larcher, mardi 10 octobre. « C’était une visite de courtoisie, j’ai félicité le président Larcher pour sa réélection », a d’abord éludé l’élu corse, avant d’expliquer sa démarche. Si la discussion de l’autonomie aboutit, tout changement de statut de la Corse passerait par une révision constitutionnelle. Il faudrait alors convaincre les trois cinquièmes du Parlement. « Dans cette perspective-là, le Sénat est un acteur incontournable », justifie Gilles Simeoni.

« Aucune ligne rouge »

Mais avant de convaincre les parlementaires, les autonomistes vont devoir donner du contenu au statut d’autonomie. Sur ce sujet, Gilles Simeoni se montre à la fois prudent, et résolu. Car si le discours d’Emmanuel Macron à Ajaccio a marqué les esprits, le président est resté prudent sur ses engagements, n’évoquant ni le « peuple corse », ni la « co-officialité de la langue », ni le « statut de résidents », soient les trois principales revendications des autonomistes. « Je ne peux pas imaginer qu’on aille vers une autonomie de façade », a prévenu Gilles Simeoni. Mais le président du Conseil exécutif de Corse se montre tout de même optimiste : « J’ai relevé que le président de la République avait noté qu’il n’y avait aucune ligne rouge, et qu’il fallait aborder la problématique de la langue corse, de la lutte contre la spéculation immobilière, ou de la reconnaissance notamment politique et symbolique du peuple corse », a préféré retenir l’autonomiste. « Ce sont les points les plus difficiles à traiter, mais ce n’est pas parce qu’ils sont difficiles à traiter qu’ils sont intraitables ».

Remise en cause de l’unité de la République ?

 

Les difficultés pourraient venir du Sénat, et des lignes rouges de Gérard Larcher, qui s’est notamment opposé, dans les colonnes du Figaro, à la « co-officialité » de la langue corse. Là encore, Gilles Simeoni s’est montré souple : « Il est normal que le président du Sénat réaffirme son attachement au principe d’unité de la République ». Ce qui n’a pas empêché le président du Conseil exécutif corse de promouvoir la notion de « peuple corse » auprès du président du Sénat : « Je lui ai dit que le peuple corse est une évidence, une évidence historique, culturelle, linguistique et politique ». « A nous de trouver un chemin pour que cette aspiration puisse être prise en compte par la République », a conclu Gilles Simeoni. Les parlementaires pourraient se montrer d’autant plus frileux que, dans la foulée des annonces du président de la République fin septembre, le président de la région Bretagne a demandé la même chose pour sa région. De quoi faire le jeu de ceux qui dénoncent l’autonomie de la Corse comme une remise en cause de l’unité de la république, et le début de velléités autonomiste un peu partout en France. « Notre objectif n’est pas de dynamiter la République », conteste Gilles Simeoni, bien conscient du risque évoqué. Raison pour laquelle, selon lui, les autonomistes ont demandé un titre dans la constitution consacré à la Corse. « C’est précisément une façon constitutionnelle d’encadrer le statut de la Corse et de consacrer sa singularité », explique l’élu.

 

Mais au-delà des discussions juridiques et constitutionnelles éventuelles, le président du Conseil exécutif corse a tenu à « faire comprendre » à Gérard Larcher l’ampleur de « l’aspiration au statut d’autonomie et à la sortie d’une logique de conflit qui a structuré les relations entre la Corse et l’Etat depuis plus d’un demi-siècle ». « Cette aspiration à la démocratie doit être entendue et prise en compte par la classe politique française », a poursuivi Gilles Simeoni.

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