Press conference by Lille Mayor Martine Aubry, who announces her resignation after 24 years in office.
Conference de presse de rentree de la maire de Lille Martine Aubry, qui annonce sa demission apres 24 ans de mandat -- Press conference by Lille Mayor Martine Aubry, who announces her resignation after 24 years in office.//GREUEZFRANCOIS_GREUEZ2865/Credit:GREUEZ/SIPA/2503061137

Démission de Martine Aubry de la mairie de Lille : « C’est une page de trois décennies d’une très grande maire, qui se tourne », salue Patrick Kanner

Quand elle est « parachutée », en 1995, à Lille, « c’était un profil d’exception pour la ville », souligne le président du groupe PS du Sénat, après l’annonce de Martine Aubry, qui passe la main à la mairie. Malgré « des conflits très forts » avec l’ex-ministre du Travail, Patrick Kanner salue aujourd’hui « un symbole de la gauche de responsabilité, qui transforme la vie des gens ».
François Vignal

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Le beffroi a dû trembler. Petite révolution à Lille, où la maire PS, l’inamovible Martine Aubry, annonce quitter son siège. L’ancienne ministre arrêtera ses fonctions à la mi-mars, soit un an avant les prochaines municipales. « Je suis élue à Lille depuis 30 ans, je suis maire depuis 24 ans, j’ai encore de l’énergie et des idées, mais le temps est venu de passer la main à une nouvelle génération », a-t-elle annoncé ce jeudi, lors d’une conférence de presse, essuyant même quelques larmes.

L’objectif de l’opération est clairement de mettre le pied à l’étrier de son premier adjoint, Arnaud Deslandes, 42 ans, qu’elle souhaite voir lui succéder. Elle demande au conseil municipal de l’élire à la tête de la mairie. Il a « la vision nécessaire pour devenir maire de Lille », selon l’ancienne ministre du Travail. Ce ne sera donc pas la sénatrice PS Audrey Linkenheld, son ancienne première adjointe, un temps pressentie comme candidate, qui a dû lâcher son poste à la mairie en raison du non-cumul des mandats, après son élection à la Haute assemblée en 2023. Ni le député PS Roger Vicot, qui s’est lui-même déjà déclaré candidat à la mairie. Un vote des militants devrait départager les candidats, s’ils sont plusieurs sur la ligne de départ.

Un autre sénateur connaît bien Martine Aubry. C’est Patrick Kanner. Malgré des relations passées notoirement mauvaises, à une époque, le président du groupe PS du Sénat rend aujourd’hui hommage à la mère des 35 heures. « C’est une page de trois décennies d’une très grande maire qui se tourne », salue Patrick Kanner, « c’est un choix qui nous oblige ».

« Martine Aubry, c’est une marque, un symbole de la gauche de responsabilité »

« Ce n’est pas une surprise. Elle a toujours dit qu’il était temps de passer la main à la nouvelle génération », souligne l’ancien ministre, qui rappelle son long parcours lillois : « Elle est membre du conseil municipal depuis 30 ans. En 1995, elle devient première adjointe ». Hormis via les passions footballistiques de son père, Jacques Delors, qui était « un supporteur frénétique du club du Losc », elle n’a alors pas de lien avec Lille. A l’époque, « c’était un parachutage. Mais aujourd’hui, on n’en parle plus tellement. Elle fait partie du paysage lillois », remarque Patrick Kanner. « La volonté de Pierre Mauroy, qui était maire, était vraiment de faire venir à Lille une figure nationale, après l’échec de Bernard Roman, qui n’avait pas pu gagner la circonscription dite du maire, lors des législatives de 1993 », se souvient le sénateur PS du Nord. Avec l’arrivée de Martine Aubry, « c’était un profil d’exception pour la ville. En 1997, elle devient ministre jusqu’en 2001, auprès de Lionel Jospin, puis devient maire de Lille en 2001. Elle s’est mise non seulement dans les pas de Pierre Mauroy, dans la grande métamorphose urbaine de Lille qu’il a voulue, mais elle a aussi développé sa propre vision de la ville ».

C’est aussi une figure nationale, l’une des rares présidentiables du Parti socialiste, où fait figure d’ennemie intime de François Hollande. « Je dis toujours de Martine Aubry – c’est vraiment amical – que c’est une marque, un symbole de la gauche de responsabilité, qui transforme la vie des gens. Quand elle s’est repliée sur le territoire, elle a continué son action. C’est une personne hors du commun et elle restera à jamais dans l’Olympe des grandes personnalités du PS et de la gauche française », ajoute encore Patrick Kanner, longtemps hollandais.

« Garder le beffroi, c’est tout l’enjeu de l’année qui vient »

Pour le président du groupe PS non plus, les relations n’ont pas toujours été de tout repos avec Martine Aubry, même si depuis, les relations se sont pacifiées. « On a eu des conflits très forts. Mais cela n’empêche pas d’être objectif. C’était lié au fait que j’étais entré au gouvernement, elle-même ne l’étant pas. Elle n’a pas été nommée à Matignon. Puis il y a eu l’épisode de François Lamy, présenté comme son successeur, qui était venu me contrer, en 2014 », souligne le sénateur PS. Le parachutage de ce très proche de Martine Aubry s’était conclu par un échec cuisant aux législatives de 2017.

Difficile, au fond, de succéder à Martine Aubry, l’une des figures du socialisme municipal, dont certains opposants reprochent d’avoir géré la ville d’une main de fer. L’ambition sera bien pourtant de conserver la mairie. « Je n’ai qu’un objectif, maintenant, c’est de garder le beffroi. C’est tout l’enjeu de l’année qui vient », prévient Patrick Kanner. Un beffroi qu’il voit tous les matins, quand il est chez lui. « Quand j’ouvre mes volets, je suis nez à nez avec le beffroi ! » Même si l’échéance est encore lointaine – les prochaines sénatoriales seront en 2029 dans le Nord – le président du groupe PS sait bien que « les grands élus de Lille, c’est un demi-sénateur »…

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