« Je suis un président de département de France en colère aujourd’hui », s’énerve François Sauvadet. En marge d’une conférence de presse donnée ce mercredi 29 octobre à Paris, celui qui est à la tête de l’association d’élus ne mâche pas ses mots auprès de Public Sénat. A quinze jours des Assises nationales des départements à Albi, le président du département de la Côte-d’Or s’agace d’une « véritable explosion de nos dépenses sociales », accompagnée de « ressources gelées ».
« Le train de la dépense continue ! »
« En trois ans, le gouvernement nous a imposé six milliards d’euros de dépenses supplémentaires, quand, dans le même temps, nous avons plus de huit milliards de ressources que nous n’avons plus en mains. […] Comment on va faire face ? », s’interroge François Sauvadet. Cet « effet ciseaux » risque de peser directement sur le financement de certains services, s’inquiète-t-il, comme les dispositifs de secours et l’entretien des routes. Sans parler de l’aide aux personnes précaires : « Il faut que le système de protection sociale soit soutenable ». Par exemple, « sur l’allocation individuelle de solidarité, le gouvernement ne nous compense même pas 50 % ». Certains départements, comme la Gironde et l’Aisne « ne peuvent plus faire face », et « ne seront pas capables […] d’avoir des situations de présentation de budgets équilibrés ». Et « Le train de la dépense continue ! ».
« Je ressens un sentiment d’abandon »
L’élu a pourtant multiplié les appels à l’aide : « J’ai écrit à tous les députés, j’ai écrit à tous les sénateurs, j’ai saisi les gouvernements successifs ». Tous restés sans retours. « Je ressens vraiment, au nom des départements de France, un sentiment d’abandon ». « Ça fait des mois et des mois que je dis […] que nous sommes dans une situation qui va devenir intenable ». Pour seule réponse, « on est appelés à participer au redressement des finances publiques, alors qu’on nous impose des dépenses supplémentaires, on va être taxés sur des dépenses qui nous sont imposées ». François Sauvadet s’emporte : « C’est absolument incompréhensible et insupportable ». Et d’insister : « On attend des réponses, c’est l’occasion de le faire […] ce budget ». L’ADF a, entre autres, demandé « 600 millions d’euros en direction des départements les plus fragiles » Sans lesquels, « on va vers une véritable catastrophe ». Le président de l’association met en garde : sans signe de vie avant les élections municipales, « il faudra que tout le monde vienne s’expliquer sur les raisons pour lesquelles nous ne pouvons plus accompagner les communes ».
Par ailleurs, il espère que le Premier ministre sera présent à Albi du 12 au 14 novembre, « qu’il vienne nous dire qu’elle est sa vision de la France de demain si les départements ne sont plus en capacité d’assumer leur mission essentielle d’aménagement du territoire ». Il a fait parvenir une invitation à Sébastien Lecornu, reste à voir si celui-ci fera le déplacement. Ses souhaits sont clairs : que l’exécutif « n’impose plus aucune dépense qui ne soit pas finançable et financée ».