« On m’appelle parce qu’il y a des lézards devant une maison… ou parce qu’une coupure d’électricité empêche de regarder un feuilleton à la télévision ». Ces « exemples cocasses », comme le dit Pierrette Daffix-Ray, maire depuis 25 ans de Youx, commune de 920 habitants, sont inhérents à la fonction de maire et ne sont pas des cas isolés.
Le sénateur LR de l’Ardèche Mathieu Darnaud, ancien maire, se souvient d’un épisode neigeux : « un administré a sonné à ma porte à 6h du matin, explique-t-il, pour savoir si je n’avais pas du sel pour déneiger. Je lui ai dit que je n’avais que du sel de cuisine et que cela me paraissait assez limité pour répondre à sa problématique ». Derrière ces demandes incongrues se cache une réalité de plus en plus dure pour les élus locaux qui sont souvent vus comme des couteaux suisses. « On est tour à tour assistante sociale, médecin, avocat ou encore juriste » explique Pierrette Daffix-Ray.
« Avant les gens demandaient, aujourd’hui ils veulent »
L’élue du Puy-de-Dôme déplore également un manque de civisme croissant de la part de ses administrés qui se montrent de plus en plus exigeants. Un appel repris par Jérôme Durain, sénateur socialiste de Saône-et-Loire, qui explique avoir eu écho d’un changement de ton vis-à-vis des élus locaux. « Avant les gens demandaient, aujourd’hui ils veulent, rapporte-t-il, dans la façon d’exprimer les demandes, le ton a changé ».
Le spectre de l’abstention
Cette déconsidération du métier de maire peut entrainer une lassitude chez certains, et en décourager d’autres de se porter candidats. Une réalité qui inquiète dans un contexte d’abstention grandissante aux différentes élections.
« La commune, c’est la cellule de base de notre démocratie, conclue Pierrette Daffix-Ray, si on ne trouve pas de candidats, on risque de la fragiliser ».
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