Enfants à la rue : « Réveillez-vous ! » demande la sénatrice Mathilde Ollivier au gouvernement

La sénatrice écologiste Mathilde Ollivier a interpellé le gouvernement sur la présence de plus de 2800 enfants contraints de dormir dans la rue, ce 22 novembre 2023.
Guillaume Jacquot

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Pour sa première question au gouvernement, la sénatrice écologiste Mathilde Ollivier a choisi d’attirer l’attention des ministres et de ses collègues sur ces centaines d’enfants contraints de dormir dans les rues. Au début du mois d’octobre, ces derniers étaient 2 822, selon le dernier baromètre de l’Unicef et de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). « Zéro enfant à la rue, c’est ce que vous promettiez il y a un an […] Votre politique de mise à l’abri est donc un échec », a dénoncé la sénatrice représentant les Français établis hors de France.

La benjamine du Sénat, élue en septembre, a notamment souligné 30 écoles étaient occupées la nuit « pour permettre à des enfants de dormir au chaud ». Début novembre, la députée écologiste du Rhône Marie-Charlotte Garin avait d’ailleurs alerté sur cette situation, en passant la nuit dans le gymnase d’une école concernée par ce phénomène.

« Nous attendons depuis plusieurs semaines une réaction du gouvernement. Il n’en est rien. Vous avez choisi le camp du déni », s’est exclamée Mathilde Ollivier, se demandant quand l’exécutif allait accepter d’ouvrir 10 000 places d’hébergement supplémentaires. Lors des débats sur le projet de loi de finances 2024 à l’Assemblée nationale, deux amendements dans ce sens avaient été adoptés en commission des finances, mais n’avaient pas survécu à l’adoption du texte provoquée par le 49.3 en séance. La sénatrice a une nouvelle fois demandé au gouvernement s’il comptait accéder à cette demande.

« Le gouvernement prend, contrairement à ce que vous dites, ses responsabilités »

Charlotte Caubel secrétaire d’État chargée de l’Enfance, a assuré que le gouvernement partageait « pleinement » les préoccupations émises par la sénatrice. « Évidemment, dans la semaine des droits de l’enfant, avoir un enfant à la rue c’est évidemment un enfant de trop, le droit à des conditions dignes de vie est un droit fondamental reconnu par la Convention internationale des droits de l’enfant », a ajouté l’ancienne magistrate.

Citant le dernier comité interministériel de l’enfance, la ministre a rejeté les critiques émises plus tôt. « Le gouvernement prend, contrairement à ce que vous dites, ses responsabilités. » Selon elle, les efforts déployés « n’ont jamais été aussi importants ». En 2021, le nombre de places en hébergement d’urgence avait atteint la barre 200 000 et l’an dernier, le gouvernement avait renoncé à son idée de réduire ce nombre, face à la levée de boucliers des acteurs du monde associatif. Charlotte Caubel a par ailleurs souligné que le gouvernement était « profondément engagé » pour faciliter l’entrée de familles précaires dans des logements pérennes, du parc social : 240 000 personnes dont 100 000 enfants y ont ainsi accédé l’an dernier, selon elle.

Des données générales qui n’ont pas convaincu Mathilde Ollivier, toujours choquée par ce chiffre alarmant de 2 822 enfants à la rue. « Ce n’est plus l’heure de se défiler, réveillez-vous ! » a-t-elle répliqué, comme un clin d’œil au mot d’ordre lancé par Emmanuel Macron devant les chefs entreprises hier, au sujet du chômage.

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Trois semaines après le passage ravageur du cyclone Chido sur Mayotte, le sénateur RDPI (Renaissance) de l’archipel Saïd Omar Oili était l’invité de la matinale de Public Sénat. Victimes de Chido : « J’ai posé des questions régulièrement aux services de l’Etat et je n’ai jamais eu de réponses » Interrogé par la journaliste du Journal de Mayotte Mathilde Hangard, le sénateur exprime son fort agacement concernant la gestion de crise de l’Etat. Auteur d’une demande de commission d’enquête sur la gestion de crise, l’élu a écrit le 7 janvier un courrier au ministre des Outre-mer afin de connaître le bilan des victimes de la catastrophe naturelle. A date, les chiffres officiels font état de 39 morts, 124 blessés graves, 4 232 blessés légers. « J’ai posé des questions régulièrement aux services de l’Etat et je n’ai jamais eu de réponses », s’indigne-t-il, « je ne peux pas, au nom des victimes et de ceux qui souffrent, laisser tomber ce sujet-là, parce qu’il y a des gens qui sont peut-être ensevelis sous les décombres et que l’on n’a jamais retrouvés ». Saïd Omar Oili s’inquiète pour les Mahorais et déplore un manque de communication, d’anticipation et de transparence dans l’aide apportée aux sinistrés. « On n’a pas cherché [les personnes disparues]. Je suis élu local depuis vingt-cinq ans. Il y a des gens, quand on va dans les quartiers, je ne les vois pas. Ils sont où ? », demande-t-il sur le plateau de Public Sénat. « Je n’accuse personne, mais pour l’heure […] il n’y a pas de transparence, on dit tout et son contraire ». 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