Face à la lourdeur administrative, « on est tous découragés », le cri d’alerte d’un maire

Les contraintes administratives et la multiplication des normes viennent alourdir le quotidien des maires. Cela en décourage même certains. Illustration à Saint-Georges-de-la-Couée, un village de 180 habitants, où Sylvain Bidier se démène depuis presque 4 ans pour réaménager le centre-bourg.
Marie Bremeau

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Il s’est présenté en 2020 à la tête du village où il est né, car il ne voulait pas laisser « le village sans maire ». Face à l‘absence de candidature à Saint-Georges-de-la-Couée, une commune de 180 habitants dans la Sarthe, Sylvain Bidier a donc monté en plein confinement une liste aux élections municipales, à l’issue desquelles il a été désigné maire par une majorité des habitants.

Des travaux pour « dynamiser le bourg »

Depuis plus de 3 ans, ce directeur d’une agence web marketing dévoue la plupart de son temps à son village et à un projet d’envergure d’aménagement du centre-ville. « Notre projet d’aménagement de bourg a été lancé en 2020, nous, ce qu’on souhaite c’est faire revenir des gens dans notre centre- bourg. On a augmenté la population de 10 % entre 2017 et 2023. Nous avons beaucoup de biens vacants et on souhaite que les propriétaires les mettent en vente. En réalisant cet aménagement, nous souhaitions dynamiser le bourg et faire revenir des familles. »

« Le pire, c’est qu’on a l’argent »

Mais l’élu de 45 ans a dû faire face à des lourdeurs administratives qu’il ne soupçonnait pas. S’il a obtenu une majorité des financements, grâce notamment à une subvention de l’Etat de plus de 200 000 euros, il se débat avec de multiples interlocuteurs.
« L’argent on l’a, c’est ça le pire, c’est ce qui m’agace. Nous avons financé le projet à hauteur de 60 % ! Mais entre le ping-pong des services administratifs, nous refaisons nos plans presque tous les ans car chacun met sa petite touche de réglementation. Une fois que le département a donné un avis, l’ABF (architecte des bâtiments de France) n’est plus d’accord. Là, nous avons perdu 6 mois avec des fouilles archéologiques. » Une situation qui désespère l’élu, car si le premier coup de pioche n’est pas lancé en juin 2024, il perdra les subventions pour mener à bien les travaux.

Un Etat qui parle d’une seule voix

Une réalité que connaissent trop bien les sénateurs, à l’image de Françoise Gatel, élue centriste d’Ille-et-Vilaine et présidente de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation. « Il est archi vertueux ce maire, il y va donc avec toute son énergie, et puis c’est le parcours du combattant. Un service lui dit oui, l’autre lui dit non, l’autre qui lui dit oui mais… C’est ubuesque, ça coûte très cher, on perd du temps et ça dessert l’action publique. Aujourd’hui, il est assailli par des services qui émettent des avis contradictoires. Il faut qu’il y ait un Etat qui parle d’une seule voix. A un moment, c’est le préfet ou le sous-préfet qui doit arbitrer. »

« On est tous découragés »

Si le projet de réaménagement du centre de son village se fait, Sylvain Bidier sera un homme heureux et satisfait du devoir accompli mais il aura « perdu presque 4 ans sur le sujet à cause de la lourdeur administrative. »
Une lenteur et des contraintes qui usent à force. « On n’avance pas en France, on a trop de lourdeurs administratives ce qui fait que les maires autour de moi sont découragés. On est tous découragés ! Je ne me représenterai pas en 2026 en partie à cause de ça. »
Les prochaines élections municipales auront lieu en 2O26 et déjà certains s’inquiètent déjà de l’absence ou insuffisance de candidats.

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