Laurent Wauquiez

Laurent Wauquiez peut-il vraiment sortir l’Auvergne-Rhône-Alpes du dispositif « zéro artificialisation nette » ?

Le président LR a annoncé samedi que sa région allait s’affranchir de l’objectif de ralentissement puis d’arrêt de la bétonnisation des sols, fixé dans la loi. Cependant, cette déclaration choc pourrait difficilement être suivi d’effets.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C’est avec une déclaration fracassante, et qui en restera probablement au stade des mots, que Laurent Wauquiez (LR) a interrompu son long silence médiatique. Samedi, devant des membres de l’Association des maires ruraux de France réunie en congrès à l’Alpe d’Huez, le président de la région Auvergne Rhône-Alpes s’est érigé en pourfendeur d’un des chapitres sensibles de la loi Climat et résilience, l’objectif de « zéro artificialisation nette » (ZAN).

Cet objectif contraignant impose de réduire de moitié, d’ici à 2031, la consommation d’espaces naturels et agricoles par rapport à la décennie précédente. Deuxième phase, la loi impose le zéro artificialisation nette en 2050, c’est-à-dire de ne plus construire sur des espaces naturels, à moins de renaturer des surfaces équivalentes. L’ancien président des Républicains a fustigé une loi « ruralicide » et annoncé que la collectivité qu’il dirige sortirait du dispositif. « Mettre sous cloche les décisions des permis de construire sur la ruralité, cela signifie qu’on s’interdit toute forme d’avenir […] J’ai décidé que la région se retirait du processus. On le fait en lien avec les départements avec lesquels on a échangé dessus », a-t-il déclaré sous les applaudissements.

Pour rappel, la loi du 22 août 2021 impose, entre autres, aux régions de fixer un objectif de réduction de la bétonisation des terres à travers leur document de planification (Sraddet). Théoriquement, difficile pour le président de la région de choisir unilatéralement de se soustraire à cet objectif. « Sur le plan du droit, un président ne peut pas décider de ne pas appliquer la loi », rappelle tout d’abord maître Arnaud Gossement.

« Le juge administratif, aurait la possibilité d’amener la région à respecter la loi »

Si le Conseil régional suivait son président dans cette voie, le préfet interviendrait pour le rappeler à l’ordre. « Le préfet a toute une palette de mesures à sa disposition, à commencer par le dialogue. Si la région décidait de s’arc-bouter, le juge administratif, dans un deuxième temps, aurait la possibilité d’amener la région à respecter la loi », ajoute l’avocat spécialisé dans le droit de l’environnement. Ce cas de figure s’est déjà produit. L’an dernier, le tribunal administratif a ordonné à des municipalités, qui refusaient de faire travailler leurs agents municipaux au moins 35 heures par semaine, de se conformer à la loi.

Autre donnée importante : les régions sont loin d’être le seul échelon impliqué dans le respect du zéro artificialisation nette. « Dans l’artificialisation des sols, l’élu clé c’est le maire ou l’intercommunalité », insiste Arnaud Gossement. Il n’est donc pas dit que tous les maires de la région décideront de suivre d’une seule voix Laurent Wauquiez.

La sortie de l’élu LR, qui n’a jamais abandonné ses ambitions présidentielles, a déjà été fermement condamnée au gouvernement ou dans la majorité présidentielle. « Vous ne pouvez pas être un élu de la République et vous soustraire aux lois votées par le Parlement, ça n’existe pas », s’est notamment indignée la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet. « S’il ne respecte pas la loi, j’espère qu’effectivement il y aura des sanctions », a également déclaré Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement.

Les conséquences d’une telle déclaration semblent avant tout politiques, avant d’être juridiques. Il faut d’ailleurs rappeler à ce titre que sa famille politique, LR, était largement à l’origine d’une proposition de loi votée en juillet pour assouplir et donc permettre la mise en œuvre du ZAN.

Partager cet article

Dans la même thématique

POLLUTION AND FLOODING
5min

Territoires

La justice condamne l’Etat pour de la pollution à l’arsenic dans l’Aude : « Une avancée décisive »

Le tribunal administratif de Montpellier enjoint à l’Etat de réaliser les travaux nécessaires pour réduire la pollution liée à l’ancien bassin minier de Salsigne, dans l’Aude. En 2020, la sénatrice socialiste du département, Gisèle Jourda, avait obtenu le lancement d’une commission d’enquête sur les pollutions industrielles et minières des sols.

Le

Le Mans Manifestation des maires de la Sarthe
2min

Territoires

Municipales 2026 : le maire est de loin l’élu préféré des Français, révèle un sondage

Dans moins d’un an, les Français seront appelés aux urnes pour les élections municipales de mars 2026. Selon le dernier baromètre Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat, le maire demeure aujourd’hui l’élu préféré des Français, avec 60% d’opinions favorables. Un résultat qui le place loin devant les députés, les sénateurs ou le président de la République Emmanuel Macron.

Le