« On ne peut pas dissocier le trafic de la consommation ». Le narcotrafic s’est imposé comme l’un des sujets centraux du Congrès des maires de France, alors que l’actualité est marquée par une série de violences liées aux réseaux. Ce matin, dans Le Monde, le militant Amine Kessaci témoignait de la mort de son petit frère Medhi, assassiné le 13 novembre dans ce que les enquêteurs estiment être un meurtre d’intimidation.
Interrogé dans ce contexte sur Public Sénat, le maire de Grenoble, Éric Piolle, défend sa lecture, la réponse au narcotrafic doit passer par la santé publique, non par la seule répression.
« On ne peut pas dissocier le trafic de la consommation »
Éric Piolle observe que la France demeure l’un des pays européens les plus consommateurs de psychotropes légaux et un important consommateur de cannabis et de cocaïne. « Tant que l’on fera semblant que les Français ne se droguent pas, on n’avancera pas. » La France figure parmi les premiers consommateurs européens de psychotropes légaux, mais aussi de cannabis et de cocaïne. Malgré un durcissement pénal et la hausse des incarcérations ces dernières années, le trafic ne recule pas. « La police écope la mer à la petite cuillère, mais le niveau de la mer n’a pas bougé. » Pour lui, l’erreur consiste à cibler les dealers sans traiter la demande.
« Je veux éradiquer le narcotrafic »
Le maire plaide pour une approche inspirée de l’Islande, fondée sur la prévention, l’accompagnement thérapeutique et la prise en charge des addictions. « Pourquoi les gens se droguent-ils ? Est-ce qu’on traite leurs problèmes ? Aujourd’hui, non. » Il défend également la légalisation du cannabis, qui représenterait « environ la moitié du chiffre d’affaires du narcotrafic Une régulation encadrée permettrait, dit-il, d’assécher une part importante du marché illégal.
Éric Piolle se dit déterminé à combattre l’emprise du deal sur l’espace public : « Quand le trafic prend possession de la rue, il crée des nuisances pour les habitants et des tensions pour tout un quartier. » Pour y mettre fin durablement, l’élu estime qu’il faut « agir sur la santé publique » et « ouvrir la voie à une régulation du cannabis ».