« On est en train de parler de budget aujourd’hui sous-doté. Nous parlons de bonne gestion. Ouvrir des places en urgence coûte plus cher, vous savez que des places programmées. » Voici comme la sénatrice (Union centriste) Amel Gacquerre a résumé l’enjeu sur les moyens dédiés au financement de l’hébergement d’urgence. Lors des débats sur le budget 2026 ce 5 décembre, le Sénat a décidé de rehausser de près de 120 millions d’euros les fonds dédiés à cette politique, qui fait souvent l’objet de rallonges d’urgence. Preuve en est encore cette année avec un abondement de 100 millions d’euros dans le projet de loi de finances de fin de gestion adopté par le Parlement cette semaine
Dans le détail, l’hémicycle a voté un amendement, porté par deux commissions et le groupe écologiste, augmentant de 85 millions les crédits pour l’hébergement d’urgence, afin de « mettre en cohérence » les objectifs et les moyens.
Plus tôt, c’est un amendement commun aux groupes socialiste, communiste et RDPI (à majorité Renaissance) qui a été adopté en vue de créer 1 000 places d’hébergement pour les femmes proches de la maternité pour 14,6 millions d’euros. L’hémicycle a également donné son feu vert à la création de 2 000 places d’hébergement pour les femmes victimes de violence, pour 20 millions d’euros. « L’année dernière, un amendement de 20 millions d’euros permettant la création de 2 000 places avait été adopté en commission mixte paritaire, les 2 000 places n’ont jamais été créées », a dénoncé la sénatrice centriste Olivia Richard.
Les amendements n’ont pas été soutenus par la commission des finances, ni par le gouvernement. Ce dernier n’a donc pas levé les compensations sur lesquelles étaient gagés les amendements. La Constitution interdit en effet aux parlementaires de créer des charges supplémentaires, les 120 millions d’euros fléchés vers l’hébergement d’urgence sont retirés, dans la copie sénatoriale, du programme « urbanisme, territoires et amélioration de l’habitat ».
« Contraintes budgétaires »
« Ce n’est quand même pas tout le temps qu’on trouve des majorités alternatives dans cet hémicycle […] La logique politique des engagements du Premier ministre devrait vous amenez à lever le gage », s’est ainsi exclamé le sénateur écologiste Ronan Dantec en direction des bancs du gouvernement.
Vincent Jeanbrun, ministre chargé du Logement de France, a souligné qu’il fallait « absolument sincériser le budget de l’hébergement d’urgence » mais qu’au regard « des contraintes budgétaires », il était « obligé d’émettre un avis défavorable » sur la rallonge proposée. Rappelons que le projet de loi de finances prévoyait déjà une hausse de 110 millions d’euros de crédits de paiement sur le programme finançant l’hébergement d’urgence. Selon la commission des finances du Sénat, « le montant prévu pour 2026, bien qu’insuffisant pour l’atteinte des 203 000 places dans le parc d’hébergement d’urgence, se rapproche des besoins ».
La commission des finances, par la voix de Sophie Primas (LR), s’est déclarée sceptique sur l’opportunité d’augmenter le budget de plus de 85 millions d’euros supplémentaires. « Je ne crois pas que les associations soient en capacité, dès le 1er janvier, de faire des places d’hébergement d’urgence immédiatement. » Et d’ajouter : « Nous avons un autre problème à résoudre, qui est de sortir ces personnes de l’hébergement d’urgence pour aller les mettre dans des circuits d’accession au logement. »