SAINT-AIGNAN-DE-GRANDLIEU : Nantes-Atlantique airport.

Manque de transparence, recours aux cabinets de conseil : un rapport sénatorial épingle la gestion du réaménagement de l’aéroport de Nantes

Le 20 décembre, la commission de l’aménagement du territoire a voté à l’unanimité le rapport du sénateur LR Didier Mandelli au sujet de la modernisation de l’aéroport de Nantes. Il appelle à « sortir du pilotage à vue » opéré par le gouvernement sur cette question, depuis l’abandon du projet de construction d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
Rose Amélie Becel

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le 17 janvier 2018, le Premier ministre Edouard Philippe annonçait l’abandon du projet de construction d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique. Six ans après, les travaux de modernisation de l’aéroport de Nantes Atlantique, promis en remplacement, sont au point mort. C’est en partant de ce constat que la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat a décidé de lancer une « mission flash » d’information.

« Les nombreuses promesses formulées par l’État depuis 2018, consécutivement à la décision de maintenir en activité l’aéroport de Nantes Atlantique, n’ont été que peu suivies d’effets », conclut son rapporteur Didier Mandelli (LR). Un retard à l’allumage d’autant plus problématique selon le sénateur, que le réaménagement de cet aéroport est nécessaire : « L’aéroport demeure dans un état de vétusté avéré et la qualité de service y est toujours insuffisante, au détriment des voyageurs et des compagnies aériennes ».

Un appel d’offres annulé qui « renvoie la modernisation de l’aéroport aux calendes grecques »

Le 29 septembre dernier, l’État a annulé l’appel d’offres en cours depuis 2019 pour trouver un candidat capable de mener les travaux de réaménagement estimés à 450 millions d’euros, en raison d’une « insuffisance de concurrence ». Seul Vinci, actuel concessionnaire de l’aéroport, y avait répondu favorablement. « Cette décision unilatérale revient à renvoyer la modernisation de l’aéroport aux calendes grecques. La procédure d’attribution de la concession doit repartir de son point de départ et aucuns travaux d’ampleur ne pourront donc avoir lieu avant 2026 ou 2027 », déplore Didier Mandelli.

Comment expliquer un tel manque de candidats pour mener ces travaux ? Selon le rapporteur, l’appel d’offres était « peu attractif », notamment car le projet propose une mesure contestée : le prolongement de la piste d’atterrissage de 400 mètres, censé diminuer les nuisances sonores pour les riverains. « Les candidats à l’appel d’offres ont très tôt montré leur réticence envers cette option, compte tenu de l’impact environnemental des travaux, des lourdeurs administratives et des potentielles contestations qu’ils pourraient engendrer. Des études complémentaires ont montré que les gains acoustiques attendus étaient négligeables », indique le rapport.

« Des efforts très insuffisants en matière de dialogue et de transparence »

Le 15 décembre, l’État a annoncé le lancement d’un nouvel appel d’offres, dans lequel ne figure plus l’allongement de la piste d’atterrissage, une décision saluée par Didier Mandelli. Le sénateur espère que l’État laissera cette fois-ci davantage de place aux acteurs locaux dans le cadre du processus de désignation d’un concessionnaire. « Nombre d’élus locaux et d’habitants ont fustigé la méthode employée par le gouvernement au cours de l’appel d’offres, marquée par de multiples revirements et des efforts jugés très insuffisants en matière de dialogue et de transparence », remarque-t-il.

À ce titre, parmi ses 15 recommandations, Didier Mandelli suggère par exemple que l’élaboration du cahier des charges se fasse en concertation avec les élus locaux, les acteurs économiques et les riverains, au cours de « réunions de concertation régulières ». En matière de transparence, le rapport propose que ce cahier des charges soit rendu public. Il demande aussi que le recours aux cabinets de conseil soit mieux encadré, se disant « particulièrement préoccupé par le choix du gouvernement de recourir de manière extensive (quatre appels d’offres lancés, pour un montant total maximal qui dépasse les 12 millions d’euros) à des cabinets privés (…) en vue de la conduite de la procédure d’appel d’offres ».

Le rapport du sénateur LR a été voté à l’unanimité par la commission de l’aménagement du territoire ce 20 décembre et sera remis au ministre des Transports Clément Beaune. « Le ministre a assumé la décision d’annulation du premier appel d’offres et s’est engagé à démarrer une concertation, ce qui augure du respect de nos 15 recommandations », s’est réjoui Didier Mandelli.

Dans la même thématique

Nouvelle-Calédonie : qu’est-ce que la CCAT, mise en cause par le gouvernement ?
3min

Territoires

Nouvelle-Calédonie : qu’est-ce que la CCAT, mise en cause par le gouvernement ?

Après avoir annoncé la mort d’un premier gendarme en Nouvelle-Calédonie, lors des questions d’actualité au gouvernement ce mercredi, Gérald Darmanin a notamment mise en cause la responsabilité de la CCTA dans le climat de violence sur l’archipel. La Cellule de coordination des actions de terrain « est un groupe mafieux, qui veut manifestement instaurer la violence », a dénoncé le ministre de l’Intérieur, opérant une distinction nette avec le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) et les loyalistes, avec lesquels il y a un « dialogue ». Invité de France 2 ce matin, le ministre en a rajouté une couche, dénonçant « un groupuscule qui se dit indépendantiste, mais qui en fait commet des pillages, des meurtres, de la violence ». Et d’ajouter : « Il ne faut pas le confondre avec des militants politiques. » De son côté, le haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, a évoqué une « organisation de voyous », ce jeudi matin lors d’une conférence de presse. Ce collectif est né en novembre 2023, et regroupe plusieurs des représentants d’organisations syndicales, structures politiques ou mouvements associatifs indépendantistes. L’Union calédonienne, la frange la plus radicale du Front de libération Kanak socialiste (FLNKS), est l’une des principales organisations à l’origine de la création du CCAT. La cellule a organisé plusieurs manifestations et rassemblements dès la fin de l’année, pour s’opposer au projet d’accord proposé par l’État sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Dans un communiqué publié hier, avant l’instauration de l’état d’urgence, l’organisation qui soutient « l’accession à la peine souveraineté de Kanaky » (le nom kanak de la Nouvelle-Calédonie), a réaffirmé une nouvelle fois son opposition au dégel du corps électoral. Un processus qui s’apparente selon elle à un acte de « recolonisation ». Le projet de loi constitutionnelle, adoptée par l’Assemblée nationale dans la nuit de lundi à mardi, est selon eux contraire à l’accord de Nouméa. Appel à poursuivre les actions « de manière pacifique » Selon eux, les députés « ont choisi de mettre de l’huile sur le feu », et « il reste une dernière chance pour que l’État entende notre cri du cœur et stoppe définitivement son plan au nom de la paix dans notre pays ». Dans cette communication, le CCAT a accusé des « milices loyalistes » d’ « agresser » ses partisans. Les « exactions » commises sur le territoire n’étaient « pas nécessaires », a également indiqué le CCAT, tout en considérant qu’ils étaient « l’expression des invisibles de la société qui subissent des inégalités de plein fouet ». Le collectif a appelé les « citoyens mobilisés à l’apaisement », et à poursuivre les actions « de manière pacifique », et à respecter « les consignes ». La semaine dernière, la CCAT avait multiplié des actions pour afficher son opposition au projet de loi constitutionnelle. L’opération avait été baptisée « dix jours pour Kanaky ». Le 9 mai, par exemple, plusieurs accès routiers ont été bloqués par plusieurs militants se réclamant du CCAT. Plusieurs responsables du CCAT ont en outre indiqué la semaine dernière que la mobilisation s’intensifierait en cas d’adoption du projet de loi, sans toutefois préciser de calendrier ni la nature des actions à venir. Depuis l’instauration de l’état d’urgence, le ministre de l’Intérieur a procédé à cinq premières assignations à résidence de membres de la Cellule de coordination des actions de terrain.

Le

Manque de transparence, recours aux cabinets de conseil : un rapport sénatorial épingle la gestion du réaménagement de l’aéroport de Nantes
8min

Territoires

Tarifs des transports parisiens pendant les JO : « Ce n’est pas moi qui ai promis la gratuité », se défend Valérie Pécresse 

Le Sénat auditionnait ce mercredi 15 mai Patrice Vergriete, le ministre délégué chargé des Transports et Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France. Si ces deux responsables politiques reconnaissent à mi-mot que les habitants de Paris et de l’Île-de-France pourraient rencontrer des difficultés pour se déplacer pendant les Jeux olympiques et paralympiques, ils font aussi valoir « l’accélérateur formidable » que représente l’organisation de cet évènement pour la construction de nouvelles infrastructures.

Le