Le Sénat a voté à l’unanimité le projet de loi d’urgence pour reconstruire Mayotte, après le passage du cyclone Chido. Les élus locaux demandent à être mieux associés à cette reconstruction.

Mayotte : après le projet de loi d’urgence, les élus locaux demandent une place dans le processus de reconstruction

Une délégation d’élus mahorais est en déplacement à Paris, pour demander d’être associés à la reconstruction de l’archipel, après le passage du cyclone Chido. Un souhait en parti exaucé avec l’adoption du projet de loi d’urgence ce 4 février au Sénat, où la place des élus locaux a été renforcée.
Rose-Amélie Bécel

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Ce 4 février, le Sénat a adopté à l’unanimité un projet de loi pour permettre la reconstruction de Mayotte, après le passage dévastateur du cyclone Chido en décembre. Après le vote de ce texte d’urgence, qui doit encore faire l’objet d’un accord en commission mixte paritaire, les maires et présidents d’intercommunalités mahorais – en visite à Paris – souhaitent maintenir la pression sur le gouvernement.

« La première version du projet de loi d’urgence nous avait interpellée, car on ne voyait pas notre place en tant qu’élus locaux dans ce texte. Pourtant, notre implication dans la reconstruction doit être reconnue, parce qu’on a l’expérience du terrain », affirme Ali Moussa Moussa Ben, président de la communauté de communes du Sud de Mayotte.

Lors de son passage au Sénat, le texte a donc été modifié pour mieux intégrer l’action des élus. Les sénateurs ont, par exemple, consolidé leur rôle au sein de l’établissement public créé pour coordonner la reconstruction de Mayotte. Les présidents des cinq intercommunalités de l’archipel auront ainsi leur place au conseil d’administration. « Nous sommes heureux d’avoir été intégrés, maintenant il va falloir voir comment cela se traduit concrètement sur le terrain », salue Ali Moussa Moussa Ben.

« Sur le terrain, on ne voit pas les aides financières et matérielles »

Si les élus locaux restent prudents, c’est parce qu’ils formulent de nombreuses critiques à l’égard de la gestion actuelle de la reconstruction par l’Etat. « On se pose beaucoup de questions sur la manière dont sont gérés les dons, les aides auxquelles nos compatriotes de l’hexagone ont contribué, sur le terrain on ne voit pas ces aides financières et matérielles », dénonce Saïd Maanrifa Ibrahima, président de la communauté de communes du Centre-Ouest de Mayotte. « Il n’y a pas de honte à le dire, ce ne sont pas les Mahorais qui bénéficient des distributions, mais les personnes en situation irrégulière. Il y a des familles mahoraises qui n’ont pas eu un seul pack d’eau et un seul kilo de riz depuis le cyclone », ajoute-t-il.

S’ils reconnaissent que les urgences (rétablissement de l’eau, de l’électricité et des moyens de communication) sont gérées ou sur le point de l’être, c’est désormais un accompagnement de plus long terme qu’ils attendent de l’Etat. « Ces derniers temps, nous avons eu beaucoup de visites de ministres, du président de la République, mais à aucun moment on ne nous a donné de chiffres concrets sur l’aide financière à apporter à Mayotte », juge Saïd Maanrifa Ibrahima.

Ces réponses de plus long terme pourraient être apportées dans un second temps. Le gouvernement travaille en effet sur un projet de loi-programme intitulé « Mayotte debout », pour s’attaquer aux problèmes plus structurels de l’archipel, comme la question de la lutte contre l’immigration illégale, ou encore la sécurisation de l’accès à l’eau.

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