Mayotte : « Pas de reconstruction possible » si les « déséquilibres » migratoires persistent, met en garde Gérard Larcher

Après s’être entretenu avec le président du département, ravagé en décembre par le cyclone Chido, le président du Sénat a insisté sur l’important de passer des annonces « au concret » pour l’île. « Dépassons nos clivages », a-t-il encouragé.
Guillaume Jacquot

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Exprimer la solidarité de la représentation nationale et tenir compte des demandes des élus locaux. Ce sont les deux messages principaux qu’exprime le président du Sénat, ce 20 janvier 2025, à l’issue d’un entretien avec le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni. Plus d’un mois après le passage destructeur du cyclone Chido sur l’île, Gérard Larcher a passé en revue avec son interlocuteur et sa délégation les principaux enjeux des deux textes législatifs pour la reconstruction, que les parlementaires vont avoir à examiner.

« Le président du conseil départemental nous a dit maintenant, il faut passer de l’annonce au concret. Et s’il y a un message que je souhaite passer aujourd’hui, c’est qu’au travers de la discussion de loi d’urgence, puis demain de la loi de programmation, c’est bien de concret dont il faut que nous fassions un usage dans l’intérêt de Mayotte et des Mahorais », a déclaré Gérard Larcher au micro de Public Sénat.

Le président du Sénat veut que les élus départementaux pilotent eux aussi l’établissement de reconstruction

Le premier temps est naturellement celui du projet de loi d’urgence, présenté le 8 janvier en Conseil des ministres, est en ce moment même débattu en séance à l’Assemblée nationale, puis le 3 février au Sénat. Il vise notamment à adapter le droit de l’urbanisme, pour faciliter le retour au plus vite des services publics, notamment les écoles et les hôpitaux. Le texte doit « prendre en compte la réalité de ce qui a été cette terrible répétition de cyclones et qui a mis à bas l’ensemble du département », a insisté Gérard Larcher. Ben Issa Ousseni, le président du conseil département rappelle que la rentrée scolaire et la reconstruction de l’île constituent la « préoccupation première » de ses concitoyens. « Les Mahorais attendent l’accompagnement promis par le président de la République et le Premier ministre d’abord pour reconstruire leur toit », a-t-il relayé.

A l’instar de ce qui avait été mis sur pied pour rebâtir la cathédrale Notre-Dame à partir de 2019, ce texte prévoit la mise en place d’un établissement public pour coordonner la reconstruction. « Les élus du département ne peuvent pas être écartés de la responsabilité de participer à des postes de responsabilité », a fait savoir le président du Sénat.

« Il n’y a pas de reconstruction possible si on continue à vivre les déséquilibres que connaît aujourd’hui le département de Mayotte »

D’ici le début du mois d’avril, un autre projet de loi sera dévoilé, une loi de refondation nommée « Mayotte debout ». Pour Gérard Larcher, ce deuxième texte de programmation est « sans doute le plus important », car il s’agira de « donner une trajectoire, un destin à l’intérieur de la République » du département de Mayotte. « Et il faudra traiter la politique migratoire, car il n’y a pas de reconstruction possible si on continue à vivre les déséquilibres que connaît aujourd’hui le département de Mayotte. J’y serai personnellement attentif avec le Sénat », a averti le troisième personnage de l’Etat. Et d’ajouter : « Dépassons parfois nos clivages, des précautions idéologiques ou de chic politique pour répondre à l’attente de nos compatriotes de Mayotte. »

Cette préoccupation sur l’importante de l’immigration irrégulière est aussi partagée par le président du Conseil départemental. Ce dernier affirme avoir eu « l’écoute » de Gérard Larcher qui était recherchée. « Ce que nous sommes venus présenter ici au président [du Sénat], c’est d’accompagner les Mahorais dans cette reconstruction, avec le sujet essentiel qui est l’immigration, parce que nous n’imaginons pas reconstruire Mayotte sans apporter des vraies solutions sur les problématiques de l’immigration sur le territoire. Les bidonvilles que nous connaissons à Mayotte sont essentiellement habités par des personnes en situation irrégulière », a-t-il développé. Selon cet élu issu de la droite, « il faut mettre fin au droit du sol parce que la nationalité est aussi l’attractivité aujourd’hui de Mayotte ».

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