Transfert des sans-abris franciliens : un sénateur redoute que les communes soient placées « devant le fait accompli »

Le sénateur centriste Jean-Pierre Moga a demandé des explications au gouvernement sur l’installation de lieux d’accueil temporaires, dans plusieurs régions, pour prendre en charge les sans-abris de l’Île-de-France et désengorger les centres d’hébergement d’urgence.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le dispositif fait polémique, car difficile de ne pas faire l’association avec l’arrivée imminente des Jeux olympiques. Le gouvernement veut proposer à des milliers de sans-abris de quitter l’Île-de-France pour d’autres régions, alors que le nombre d’établissements prêts à proposer des places d’hébergement d’urgence pourrait se réduire avec la forte demande hôtelière pendant l’été 2024.

Le mouvement inquiète aussi bien les associations caritatives, interrogatives sur le caractère volontaire ou non des départs, que les élus locaux, qui ne veulent pas d’un nouveau « Saint-Brevin ». Dans cette commune de Loire-Atlantique, le maire a quitté ses fonctions après avoir été victime d’un incendie criminel, sur fond d’un déménagement contesté d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile.

Lors des questions d’actualité au gouvernement ce 7 juin, le sénateur Jean-Pierre Moga (Union centriste) a mis les pieds dans le plat, en rappelant que des opérations similaires ont déjà été observées dans le passé dans d’autres villes hôtes des JO. « Il semble que les maires découvrent ces déplacements sans avoir été informés en amont, et sans que leur avis n’ait été sollicité », s’est étonné le sénateur du Lot-et-Garonne. Une allusion sans doute au maire de Bruz (Ille-et-Villaine), qui a fait part de son mécontentement face à l’installation d’un sas d’accueil temporaire régional. Philippe Salmon (divers gauche) s’est dit défavorable au projet car il juge les conditions « indignes ».

« Bien évidemment, nous demandons aux préfets d’associer les élus locaux »

« Les élus locaux sont-ils consultés ou placés devant le fait accompli ? » Suspicieux, Jean-Pierre Moga estime en tout que l’État a failli dans sa communication et a sermonné le ministre en charge de la Ville et du Logement, Olivier Klein. « Ne pensez-vous pas que les maires ont besoin d’un peu plus de transparence et de considération ? »

Olivier Klein a saisi l’occasion pour « rétablir quelques vérités ». Sur le cas spécifique de Bruz, le maire a bien été « informé plus de trois semaines avant » et « faisait partie de la concertation ». « Bien évidemment, nous demandons aux préfets d’associer les élus locaux à cette démarche et nous continuons à le faire », a-t-il assuré.

Le ministre a par ailleurs indiqué que ce « travail d’accompagnement en province » des sans-abris franciliens se menait, sur la base du « volontariat », avec les associations « depuis plusieurs mois » et que la réflexion était appuyée par ces dernières. Selon Olivier Klein, un accueil « en petit nombre dans nos régions » permet un accueil « dans de meilleures conditions » qu’à l’heure actuelle dans des structures temporaires saturées en région parisienne.

Selon plusieurs cas de figure, les personnes pourront revenir en Île-de-France, « au vu de leur évaluation », seront expulsées vers leur pays d’origine selon « leur situation administrative », ou pourront rester « en province, dans les lieux de tension sur l’emploi ». « Après l’épisode de Saint-Brevin-les-Pins, il serait regrettable de créer une nouvelle tension avec les maires, qui ont souvent l’impression d’être tenus pour quantité négligeable », a répliqué le sénateur.

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

French Territory of  New Caledonia. Noumea . Riots
4min

Territoires

En Nouvelle-Calédonie, le spectre « d’une crise sanitaire et humanitaire », faute de sortie de crise

Pour le sénateur LR de Nouvelle-Calédonie, Georges Naturel, sans gouvernement de plein exercice à Paris, l’archipel du Pacifique va rentrer en septembre « dans l’instabilité complète ». Au niveau local, les équilibres pourraient bouger avec l’élection jeudi 29 août du président du Congrès. Le leader indépendantiste Roch Wamytan, en poste depuis 5 ans, est menacé.

Le

MicrosoftTeams-image (2)
4min

Territoires

Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron annonce aux élus le report des élections provinciales

Jeudi 25 juillet, les quatre parlementaires de Nouvelle-Calédonie (deux députés, deux sénateurs) étaient reçus à l’Elysée par le chef de l’Etat. Alors que la tension reste vive sur l’archipel, le chef de l’Etat a fait plusieurs annonces : les élections locales qui devaient se tenir avant la fin de l’année, devraient être reportées. Quant au dossier brûlant du corps électoral, une grande réunion avec toutes les forces politiques de Nouvelle Calédonie devrait se tenir mi-septembre.

Le