Transfert des sans-abris franciliens : un sénateur redoute que les communes soient placées « devant le fait accompli »

Le sénateur centriste Jean-Pierre Moga a demandé des explications au gouvernement sur l’installation de lieux d’accueil temporaires, dans plusieurs régions, pour prendre en charge les sans-abris de l’Île-de-France et désengorger les centres d’hébergement d’urgence.
Guillaume Jacquot

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Le dispositif fait polémique, car difficile de ne pas faire l’association avec l’arrivée imminente des Jeux olympiques. Le gouvernement veut proposer à des milliers de sans-abris de quitter l’Île-de-France pour d’autres régions, alors que le nombre d’établissements prêts à proposer des places d’hébergement d’urgence pourrait se réduire avec la forte demande hôtelière pendant l’été 2024.

Le mouvement inquiète aussi bien les associations caritatives, interrogatives sur le caractère volontaire ou non des départs, que les élus locaux, qui ne veulent pas d’un nouveau « Saint-Brevin ». Dans cette commune de Loire-Atlantique, le maire a quitté ses fonctions après avoir été victime d’un incendie criminel, sur fond d’un déménagement contesté d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile.

Lors des questions d’actualité au gouvernement ce 7 juin, le sénateur Jean-Pierre Moga (Union centriste) a mis les pieds dans le plat, en rappelant que des opérations similaires ont déjà été observées dans le passé dans d’autres villes hôtes des JO. « Il semble que les maires découvrent ces déplacements sans avoir été informés en amont, et sans que leur avis n’ait été sollicité », s’est étonné le sénateur du Lot-et-Garonne. Une allusion sans doute au maire de Bruz (Ille-et-Villaine), qui a fait part de son mécontentement face à l’installation d’un sas d’accueil temporaire régional. Philippe Salmon (divers gauche) s’est dit défavorable au projet car il juge les conditions « indignes ».

« Bien évidemment, nous demandons aux préfets d’associer les élus locaux »

« Les élus locaux sont-ils consultés ou placés devant le fait accompli ? » Suspicieux, Jean-Pierre Moga estime en tout que l’État a failli dans sa communication et a sermonné le ministre en charge de la Ville et du Logement, Olivier Klein. « Ne pensez-vous pas que les maires ont besoin d’un peu plus de transparence et de considération ? »

Olivier Klein a saisi l’occasion pour « rétablir quelques vérités ». Sur le cas spécifique de Bruz, le maire a bien été « informé plus de trois semaines avant » et « faisait partie de la concertation ». « Bien évidemment, nous demandons aux préfets d’associer les élus locaux à cette démarche et nous continuons à le faire », a-t-il assuré.

Le ministre a par ailleurs indiqué que ce « travail d’accompagnement en province » des sans-abris franciliens se menait, sur la base du « volontariat », avec les associations « depuis plusieurs mois » et que la réflexion était appuyée par ces dernières. Selon Olivier Klein, un accueil « en petit nombre dans nos régions » permet un accueil « dans de meilleures conditions » qu’à l’heure actuelle dans des structures temporaires saturées en région parisienne.

Selon plusieurs cas de figure, les personnes pourront revenir en Île-de-France, « au vu de leur évaluation », seront expulsées vers leur pays d’origine selon « leur situation administrative », ou pourront rester « en province, dans les lieux de tension sur l’emploi ». « Après l’épisode de Saint-Brevin-les-Pins, il serait regrettable de créer une nouvelle tension avec les maires, qui ont souvent l’impression d’être tenus pour quantité négligeable », a répliqué le sénateur.

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