Vie chère dans les Outre-mer : « Il est temps d’avoir un moment de vérité sur la composition des prix », assure le ministre qui promet une « une réforme structurelle »
Invité de la matinale de Public Sénat, le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet est revenu sur les solutions à apporter aux difficultés liées à la vie chère dans les Outre-mer. Le ministre promet une concertation avec les parties prenantes avec pour objectif de présenter une réforme en début d’année prochaine.
« Nous avons plutôt besoin d’eau calme que de tempête », affirme le ministre des Outre-mer François-Noël Buffet à propos du risque de chute du gouvernement. L’ancien sénateur défend d’ailleurs un budget en augmentation pour les Outre-mer, nécessaire pour répondre aux difficultés liées à la vie chère notamment en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion. Le mois d’octobre avait été émaillé par des protestations contre le coût de la vie, en particulier en Martinique et en Guadeloupe oùle coût des prix alimentaires est supérieur de 40 % à ceux de la métropole. En déplacement en Martinique en novembre, François-Noël Buffet a avalisé le plan de lutte contre la vie chère proposé par la collectivité de Martinique. Le plan prévoit notamment une baisse de 20 % des prix sur une gamme de 6000 produits d’ici le 1er janvier 2025.
Une « réforme structurelle » à venir
« L’engagement pris le 16 octobre dernier, sur ces 6000 produits, nous n’avons pas d’alternatives autres que de tenir parole » , assure François-Noël Buffet. Pour le ministre, il est nécessaire de s’attaquer au problème de fond qu’est la vie chère dans les Outre-mer. Pour cela, François-Noël Buffet veut organiser une rencontre entre les différentes parties prenantes et en tirer « une réforme structurelle ». « Il est temps d’avoir un moment de vérité sur la composition des prix », souligne le ministre des Outre-mer. Le ministre promet un travail rapide et souhaite obtenir des résultats pour le début de l’année 2025.
La vie chère, une difficulté multifactorielle
« Ce qui participe à la vie chère est multifactoriel, prenez l’exemple de la Martinique qui n’a que 20 % d’autonomie alimentaire », rappelle François-Noël Buffet. Contraint par son insularité, d’autres facteurs expliquent l’écart de prix entre la métropole et les Outre-mer. Notamment le facteur agricole qui reste peu développé en Martinique et en Guadeloupe à cause de la contamination des sols et des eaux au chlordécone ainsi qu’à l’interdiction d’exportation d’un certain nombre de produits. Par ailleurs, l’importation joue un rôle majeur dans les écarts de prix notamment du fait de la taxe imposée par l’octroi de mer sur les produits importés. Spécificité des Outre-mer, l’octroi de mer s’applique aux importations de biens vers les Outre-mer. « Est-ce qu’on ne peut pas travailler sur la création d’une filière agricole meilleure ? Est-ce qu’on peut travailler sur les conditions d’élaboration des prix ? », envisage François-Noël Buffet.
Après s’être entretenu avec le président du département, ravagé en décembre par le cyclone Chido, le président du Sénat a insisté sur l’important de passer des annonces « au concret » pour l’île. « Dépassons nos clivages », a-t-il encouragé.
Trois semaines après le passage ravageur du cyclone Chido sur Mayotte, le sénateur RDPI (Renaissance) de l’archipel Saïd Omar Oili était l’invité de la matinale de Public Sénat. Victimes de Chido : « J’ai posé des questions régulièrement aux services de l’Etat et je n’ai jamais eu de réponses » Interrogé par la journaliste du Journal de Mayotte Mathilde Hangard, le sénateur exprime son fort agacement concernant la gestion de crise de l’Etat. Auteur d’une demande de commission d’enquête sur la gestion de crise, l’élu a écrit le 7 janvier un courrier au ministre des Outre-mer afin de connaître le bilan des victimes de la catastrophe naturelle. A date, les chiffres officiels font état de 39 morts, 124 blessés graves, 4 232 blessés légers. « J’ai posé des questions régulièrement aux services de l’Etat et je n’ai jamais eu de réponses », s’indigne-t-il, « je ne peux pas, au nom des victimes et de ceux qui souffrent, laisser tomber ce sujet-là, parce qu’il y a des gens qui sont peut-être ensevelis sous les décombres et que l’on n’a jamais retrouvés ». Saïd Omar Oili s’inquiète pour les Mahorais et déplore un manque de communication, d’anticipation et de transparence dans l’aide apportée aux sinistrés. « On n’a pas cherché [les personnes disparues]. Je suis élu local depuis vingt-cinq ans. Il y a des gens, quand on va dans les quartiers, je ne les vois pas. Ils sont où ? », demande-t-il sur le plateau de Public Sénat. « Je n’accuse personne, mais pour l’heure […] il n’y a pas de transparence, on dit tout et son contraire ». Mathilde Hangard, présente sur place, souligne que malgré les annonces de la préfecture, certains habitants n’ont toujours pas accès à l’eau, que des queues se forment dans les supermarchés, qu’on s’éclaire encore à la bougie par endroits et que des Mahorais doivent faire parfois plusieurs kilomètres pour trouver du réseau. Le ministère de l’Intérieur annonce pourtant sur son site que « presque 100 % de la population est raccordée à l’eau courante », que « 72, 5 % des clients sont alimentés » en électricité et qu’entre 85 et 93 % des abonnés des opérateurs sont couverts par le réseau. « J’espère qu’au nom de ces victimes, on ira jusqu’au bout de cette commission parlementaire » Ces écarts, Saïd Omar Oili ne se les explique pas. C’est la raison pour laquelle il a demandé au président de son groupe la constitution d’une commission d’enquête sur la gestion de crise. « J’espère qu’au nom de ces victimes, on ira jusqu’au bout de cette commission parlementaire, pour qu’enfin ce genre de choses ne se passe plus dans nos territoires vulnérables », affirme-t-il. D’autres territoires ultramarins sont sujets aux cyclones, comme La Réunion ou les Antilles. Au travers de cette commission d’enquête, l’élu souhaite également mettre en lumière le manque d’anticipation. « Pourquoi, alors que depuis le 8 décembre nous savions tous que le cyclone allait taper Mayotte et qu’il serait très violent, n’a-t-on pas prépositionné des gens sur place pour aller chercher les victimes ? », s’interroge-t-il, « on le voit dans le monde entier, lorsqu’un événement pareil arrive, on prend les mesures de précaution, ça n’a pas été fait cette fois-ci ». Projet de loi d’urgence pour Mayotte : un texte « plein de mesures mélangées » Pour faire face à l’urgence et la reconstruction, qui s’annonce colossale, le nouveau gouvernement planche sur un texte d’ « urgence », présenté ce matin en conseil des ministres, et sur un texte « de refondation » présenté en mars. Des projets de loi qui laissent sceptique le sénateur de Mayotte. Il juge le texte d’urgence fourre-tout, avec « plein de mesures mélangées ». Pourtant, les enjeux sont majeurs, en particulier en ce qui concerne la rentrée scolaire des élèves de l’archipel. Sur le plateau de Public Sénat, Saïd Omar Oili s’inquiète : « Dans l’étude d’impact de la loi d’urgence, on parle de 47 % des établissements publics détruits. Comment peut-on imaginer faire une rentrée de 117 000 élèves ? Ce n’est pas possible ». D’autant que les salles de classe manquaient bien avant le passage du cyclone, d’après le sénateur. Ce que l’élu attend surtout, ce sont des moyens, alors que l’examen du projet de loi de finances sera repris la semaine prochaine au Sénat. Il dénonce l’interventionnisme déconnecté de l’Etat. « Les gens qui viennent chez nous s’occuper de la reconstruction ne connaissent pas la culture mahoraise. La gestion même de la crise est désastreuse, parce qu’on a fait venir des gens de l’hexagone et il n’y a pas d’élus locaux et d’habitants parmi eux », déplore-t-il. Lutte contre l’immigration à Mayotte : « C’est un problème de moyens » Le second projet de loi à venir concernant l’archipel s’attaquera à l’immigration. C’est le souhait des ministres des Outre-mer Manuel Valls et de l’Intérieur Bruno Retailleau. « Nous avons un problème avec l’immigration », affirme Saïd Omar Oili. « Il n’y a jamais eu autant de barques arrivées chez nous que depuis qu’il y a eu le cyclone, car tous les bateaux militaires qui devaient contrôler les frontières se sont échoués », explique-t-il. Mais pour lui, la solution ne réside pas nécessairement dans un nouveau durcissement du droit du sol. « Il y a de l’hypocrisie dans tout ce que nous faisons : nous avons demandé depuis longtemps la fin des cartes de séjour territorialisées », s’indigne-t-il. Ces cartes de séjour, qui n’existent qu’à Mayotte, interdisent leur détenteur de se déplacer dans tout autre département français. Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, avait prévu de les supprimer en février 2024, lors de son passage sur l’archipel. Saïd Omar Oili plaide également pour une augmentation des moyens dans le contrôle des côtes de l’île pour empêcher toute arrivée illégale. « Aux Antilles, ils ont des patrouilleurs partout, c’est un problème de moyens », affirme-t-il. Interrogé sur la présence de Marine Le Pen à Mayotte en début de semaine, Saïd Omar Oili est catégorique : « Je ne veux pas que Mayotte serve de politique au niveau national. J’ai l’impression que notre île est devenue un jeu humain. Les gens viennent, ils nous regardent et essaient de trouver des solutions, qui ne sont pas des solutions pour nous, qui sont des solutions électoralistes ».
En l’espace d’une vie, les Alsaciens ont dû changer quatre fois de nationalité contre leur gré. Devenue allemande en 1871, redevenue française au lendemain de la Première Guerre mondiale, avant de passer sous le joug nazi… l’histoire de l’Alsace est faite de déchirements. Des souffrances mais aussi une résilience et une certaine ardeur de vivre. C’est cela que raconte le documentaire de Richard Puech « Alsace dans la tourmente de l’Histoire » diffusé sur Public Sénat.
Quatre jours après le passage meurtrier du cyclone Chido à Mayotte, le gouvernement a déclenché l’état de « calamité naturelle exceptionnelle » pour une durée minimale d’un mois. Le dispositif est prévu par la loi 3DS de 2022 et n‘avait jamais été déclenché jusque-là.
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Audition de Narges Mohammadi, prix nobel de la paix 2023
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