« Dialogue citoyen » : 9 citoyens face à 6 sénateurs pour prolonger le débat

« Dialogue citoyen » : 9 citoyens face à 6 sénateurs pour prolonger le débat

Les contributions citoyennes au grand débat se sont achevées mais le débat continue sur Public Sénat. Six sénateurs et neuf citoyens venus de toute la France ont échangé sur le pouvoir d’achat, la fracture territoriale, les services publics, la démocratie… Place au dialogue.
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Rendez-vous de 18 heures à 19h30 ce jeudi 28 mars. Les journalistes de Public Sénat, Rebecca Fitoussi et Oriane Mancini, accueillent David Reviriego, 21 ans, étudiant à Paris (Ile-de-France), Katia Gugert, sans emploi, 45 ans, de Fumay (Ardennes), Marie Wolff, 19 ans, étudiante de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). Ils seront face à Mathieu Darnaud, sénateur LR de l’Ardèche et Olivier Jacquin, sénateur PS de la Meurthe-et-Moselle.

Suivront Élodie di Donatella, 27 ans, entrepreneuse à Lunel (Hérault), Marie-Noëlle Legendre, 36 ans, ergonome à Bussière-Dunoise (Creuse) et Théo Poulard, 23 ans, boulanger à Quimper (Finistère). Ils échangeront avec Fabienne Keller, sénatrice Agir du Bas-Rhin et Laurence Cohen, sénatrice PCF du Val-de-Marne.

Dernier plateau avec Jennifer Chartier, 40 ans, sans emploi, de Douai (Nord), Joseph Antona, 62 ans, retraité d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) et Dominique Dhumeaux, 55 ans, président de l’association des maires ruraux de la Sarthe, de Fercé-sur-Sarthe, sapeur-pompier professionnel. Pour leur répondre, Martin Lévrier, sénateur LREM des Yvelines, et Catherine Morin-Desailly, sénatrice UDI de la Seine-Maritime.

Grand débat national : « De l’enfumage, on était dans un entonnoir » considère Katia Gugert

Grand débat national : « De l’enfumage, on était dans un entonnoir » considère Katia Gugert
01:48

Katia Gugert, « Gilet jaune de la première heure », ouvre le bal de cette soirée de Dialogue Citoyen. Au sein de son groupe, elle a animé un grand débat, mais à sa manière. Elle a refusé le grand débat national qui était « de l’enfumage », vu l’imposition des thèmes. Lors des débats Gilets jaunes, pas de tables, ni de thèmes imposés. Chacun vient avec sa liste de revendications, comme « la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité », « les moyens de transport » ou « le prix du gasoil ».

Pour le sénateur PS, Olivier Jacquin : au Parlement, « tous les Français ne sont pas représentés »

Dialogue citoyen: pour le sénateur PS, Olivier Jacquin : au Parlement, « tous les Français ne sont pas représentés »
01:45

Le sénateur socialiste, Olivier Jacquin est revenu sur la question de la représentativité des élus. « Je ne suis pas un politique professionnel. J’ai un vrai métier. Je suis agriculteur. Je suis au Sénat depuis un an et demi et mon exploitation tourne toujours et ma découverte en arrivant au Sénat, c’est que ce ne sont pas tous les Français qui sont là. C’est encore pire à l’Assemblée nationale où certaines catégories sociales sont moins représentées que d’autres ».

David, étudiant, trouve le grand débat national « audacieux »

David, étudiant, trouve le grand débat national « audacieux »
01:16

David, 21 ans, est étudiant à Paris. Il juge que le problème institutionnel est un « problème de décision publique ». Pour lui, les décisions sont prises « sans beaucoup de concertation ». « On a l’impression que les mesures ne sont pas pensées pour nous », regrette-t-il.

Contrairement à Katia, il salue l’initiative de l’exécutif sur le grand débat national. « Le gouvernement a du mérite quelque part. Pour la première fois sous la Ve République, c’est de véritablement essayer d’associer les citoyens à la décision publique. Honnêtement, je trouve ça audacieux. »

Grand débat national : « Il faut maintenir la pression sinon tout se terminera » selon Marie Wolff

Grand débat national : « Il faut maintenir la pression sinon tout se terminera » selon Marie Wolff
02:19

Marie Wolff, étudiante, se félicite du grand débat, mais constate qu’il a fallu « pousser l’État à bout » pour l’obtenir. Ainsi, elle invite les Gilets jaunes à « ne pas lâcher la pression » sinon « tout se terminera ». Elle déplore que le Président ait été « très écrasant » pendant le débat, transformant les moments d’échange en « questions-réponses ». Elle-même a été déçue concernant l’ISF et l’écologie, qui est une préoccupation importante, mais à mille lieux du quotidien de ceux qui « ont du mal à remplir leur frigo ».

Mathieu Darnaud (LR) : « Il faut voir la réalité dans les communes »

Mathieu Darnaud, sénateur LR de l’Ardèche : « Il n’y a pas un jour où on ne travaille pas à des sujets du quotidien dans les mairies »
00:53

Mathieu Darnaud, sénateur LR de l’Ardèche, fait part de son expérience d’élu municipal. « Il n’y a pas un jour où on ne travaille pas à des sujets du quotidien, les problèmes des Français » souligne-t-il. « Ça allait des problèmes sociaux, ceux qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts pour payer la cantine des enfants, aux problèmes de voirie » insiste Mathieu Darnaud, « il faut voir la réalité dans les communes ».

Olivier Jacquin : « Vous ne vouliez pas supprimer le Sénat ? »

Dialogue citoyen: échange entre une représentante des gilets jaunes et le sénateur PS Olivier Jacquin
02:26

Katia Gugert, représentante des gilets jaunes, le confie : « Je suis prête à aller jusqu’au bout. Jusqu’à ce qu’on ait quelque chose ». Si dans son village de 3 000 habitants, il n’y a pas de ronds-points, ils se mobilisent depuis le 17 novembre sur une petite place. « Quand vous voyez des personnes qui vous amènent à manger, c’est bien. Mais quand vous voyez des personnes qui viennent sur votre QG pour manger. C’est là, vous vous dites, il y a un malaise ».

Katia Gugert indique qu’elle suit désormais la leader des gilets jaunes Priscillia Ludosky, car de son propre avis : « elle n’est pas dans la violence ».

« Vous ne vouliez pas supprimer le Sénat ? » l’interroge alors le sénateur PS Olivier Jacquin. « Pas à notre niveau » lui répond-elle.  

« Les gilets jaunes ne sont pas prêts à faire des compromis »

Dialogue citoyen: « Les gilets jaunes ne sont pas prêts à faire des compromis »
01:15

Pour Théo Poulard, représentant des Foulards Rouges, lors des deux grands débats auxquels il a participé, il a remarqué que « les gilets jaunes ne sont pas prêts à faire des compromis ». « C’est ça que je trouve très regrettable ». Selon lui, ceux qui n’ont pas voulu participer à ce grand débat sont « des extrémistes casseurs ». « Ça a servi pour ceux qui avaient besoin de s’exprimer et pour renouer le dialogue entre les politiques et les citoyens. Je pense que pour ça (le grand débat) a servi à quelque chose ».

Grand débat national : « Les mères célibataires ne sont pas entendues » déplore Élodie di Donatella

Grand débat national : « Les mères célibataires ne sont pas entendues » déplore Elodie di Donatella
01:48

Élodie di Donatella, soutien du mouvement des Gilets jaunes, représente la communauté « peu entendue » des mères célibataires. Pour elle, cette partie de la population a été écartée des débats, car elle n’était « pas assez nombreuse » et « pas assez représentative ». Se sentant exclue, elle a rejoint une communauté en ligne, un site internet de 10 500 personnes, qui ont fait remonter leurs doléances. Elle parle du quotidien difficile d’une mère célibataire sur le monde du travail, où elle part « discriminée », « avec un handicap », refusant de mettre sa vie personnelle de côté.

Fabienne Keller : « On a proposé la création d’une agence nationale qui paierait les pensions alimentaires »

Fabienne Keller : « On a proposé la création d’une agence nationale qui paierait les pensions alimentaires »
02:02

« Très touchée par les situations des mamans solo », la sénatrice du Bas-Rhin Fabienne Keller (Agir, la droite constructive) a expliqué avoir organisé un grand débat à Strasbourg, le lendemain de la Journée internationale des droits des femmes. « Une dame présente a rappelé que 40 % des pensions alimentaires ne sont pas versées », raconte-t-elle.

De cet atelier est ressortie la proposition de créer une interface pour le versement de ces pensions, par le biais d’une agence nationale.

Laurence Cohen ne veut pas que « les conclusions du grand débat soient seulement de la responsabilité de Macron »

Dialogue citoyen: Laurence Cohen ne veut pas que « les conclusions du grand débat soient seulement de la responsabilité de Macron »
01:55

La sénatrice communiste, Laurence Cohen observe que le grand débat a permis « à ce que les gens se retrouvent, discutent ensemble et de manière très large. Et ils ont fait ça comme ils le souhaitaient (…) ça a recréé et consolidé des liens. Donc ça, je trouve ça très bien ».

Ce que ne souhaite pas Laurence Cohen, c’est que le débat soit animé par les citoyens et citoyennes et que « les conclusions soient seulement de la responsabilité de Macron qui décide ce qui veut sans entendre ».

« Il y a des décisions politiques à prendre » ajoute Laurence Cohen en prenant l’exemple des dédoublements de classes de primaire. « C’est très bien mais à condition de ne pas le faire à moyens constants ».

Marie-Noelle Legendre (Creuse) : « La fermeture des services publics, elle existe tous les jours »

Marie-Noelle Legendre (Creuse) : « La fermeture des services publics, elle existe tous les jours »
01:59

Marie-Noelle Legendre, ergonome de 36 ans, de Bussière-Dunoise, dans la Creuse, met en avant la question des services publics. « On a décidé dans ma commune de fermer une classe en septembre. Aujourd’hui, on a 27 enfants en CP-CE1-CE2. On nous dit qu’il en faut 12 dans les ZEP et on fait l’inverse dans la ruralité. On ne comprend pas trop ce choix-là et on se sent délaissé » affirme Marie-Noelle Legendre.

« On a besoin des services publics. On vit leur fermeture. Elle existe tous les jours. Si ce n’est pas une gare qui ferme, c’est une trésorerie ou un médecin qui s’en va » raconte-t-elle « et vous allez faire 10 kms de plus, ou ça se compte même en heures de transport ». « J’attends, quand on imagine des textes, qu’on le fasse avec les spécificités des territoires » demande Marie-Noelle Legendre.

« Le grand débat c’est « papoter et refaire le monde » considère Joseph Antona

Grand débat national : « On a voulu aller à un grand débat, franchement, ça sert à rien » considère Joseph Antona
01:03

Joseph Antona, retraité des Bouches-du-Rhône, ne croit pas au grand débat. Il a voulu se rendre à un débat près de chez lui, mais il considère que « ça ne sert à rien ». Il privilégie les cahiers de doléances où « tout est gravé dans le marbre ». Il ne voit pas bien l’utilité d’avoir à la fois des doléances et un débat. Pour lui, le grand débat c’est « papoter et refaire le monde », face aux doléances qui peuvent amener des mesures concrètes. Toutefois, ayant « passé l’âge des illusions », il craint que ce débat n’accouche d’une « petite souris ».

Retraités : « Pendant la campagne, Macron leur a caressé l’épaule, et une fois élu, il leur a mis une grosse claque dans la tête »

Retraités : « Pendant la campagne, Macron leur a caressé l’épaule, et une fois élu, il leur a mis une grosse claque dans la tête »
03:47

La présidente centriste de la commission de la culture, Catherine Morin-Desailly a rappelé la lettre du président du Sénat Gérard Larcher à François Hollande, à l’époque Président de la République, lui faisant part des risques de voir naître « une France d’à côté ».

« Lors de la préparation de loi de finances, on avait alerté sur cette hausse de la taxe sur les carburants. On n’a pas été entendu. Cette histoire de la CSG pour les retraités, on voit bien les problèmes que ça pose. D’ailleurs, une société qui ne prend pas assez en compte ses seniors, n’est pas une société à la hauteur » considère-t-elle.

Joseph Antona, retraité et représentant des gilets jaunes est venu sur le plateau pour « dire quelque chose » : « Dans les gilets jaunes, il y a beaucoup de retraités. Je veux bien que la justice sociale se fasse. Mais entre l’affichage et la réalité, il y a une grande différence. Puis s’adressant au sénateur LREM, Martin Lévrier, il affirme « que les retraités ont été floués » par l’exécutif actuel. « Pendant la campagne, Macron leur a caressé l’épaule, et une fois élu, il leur a mis une grosse claque dans la tête »

Jennifer, 40 ans : « Il est urgent de diminuer le nombre de parlementaires »

Jennifer, 40 ans : « Il est urgent de diminuer le nombre de parlementaires »
03:35

« Il est urgent, en tout cas pour les sénateurs, de communiquer davantage auprès des citoyens parce que c’est vraiment les élus qui ont perdu le plus, en tout cas auprès des concitoyens que l’on a rencontrés, de confiance », déclare Jennifer, demandeuse d’emploi de 40 ans.

« On ne les connait pas », s’exclame-t-elle, au sujet des sénateurs, des « élus non choisis ». Selon, elle le « suffrage indirect éloigne ».

« On est en prise constante avec les maires dans nos départements, qui eux-mêmes sont en prise constante avec vous », lui a répondu la sénatrice centriste Catherine-Morin Desailly (UDI).

La parlementaire précise que les « circonscriptions sont plus grandes » que dans le cas des députés, mais que les sénateurs sont présents en circonscription comme dans les travaux parlementaires. « Sans doute faut-il mieux le faire savoir », estime-t-elle. Elle rappelle les propositions soumises par le Sénat : que les citoyens puissent saisir la Haute assemblée sur des sujets précis.

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