ONU : « la France boxe au-dessus de sa catégorie » pour l’historien Frédéric Fogacci

ONU : « la France boxe au-dessus de sa catégorie » pour l’historien Frédéric Fogacci

Depuis 70 ans, la France siège au conseil de sécurité des Nations Unies. Arraché de haute lutte par le Général de Gaulle à la sortie de la guerre, ce statut a permis à la France de jouer un rôle majeur dans le concert des nations aux côtés des États-Unis, de la Russie, de la Chine, et du Royaume-Uni. À l’heure où le débat de l’élargissement du conseil à d’autres pays est relancé, notre pays y a-t-il toujours sa place ? Et plus largement, l’ONU a-t-elle toujours une utilité ?
Public Sénat

Par Romain Vincent

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Pays accusé de collaboration, à l’armée défaite, au sortir de la guerre, la France malgré la résistance intérieure « est méprisée » par les nations vainqueurs, assure Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France en Russie. EN 1945, après huit mois d’intenses négociations, le Général de Gaulle impose la voix de la France à l’ONU et devient membre permanent au conseil de sécurité des Nations unies.

C’est principalement après la guerre froide que la France va affirmer son indépendance. Plus proche de nous 2003 elle s’oppose aux États-Unis et à leurs velléités d’intervention en Irak. La place prestigieuse de membre permanent du conseil de sécurité aux côtés de la Chine, du Royaume-Uni, des États-Unis et de la Russie, lui permet de jouer un rôle majeur. Pour l’historien Frédéric Fogacci, cette place « permet à la France de boxer au-dessus de sa catégorie », au-delà de son poids militaire et économique relatifs par rapport aux autres membres permanents.

Un siège au conseil de sécurité qui n’assure plus la sécurité dans le monde

Mais au fond, « A quoi sert l’ONU dans le monde ? », interroge Dominique Moïsi, conseiller spécial à l’Institut Montaigne. Depuis les années quatre-vingt, il n’y a plus de réponse commune de la communauté internationale aux conflits. Le droit de veto des États-Unis, de la Russie et de la Chine, dont les intérêts divergent, entraînent un blocage quasiment systématique des interventions. Au Congo en 1998 ou en Syrie en 2011, plusieurs dizaines de conflits mondiaux se terminent sans même son intervention. Pire encore, au Rwanda, ou dans les Balkans, l’organisation ne parvient pas à empêcher les crimes contre l’humanité ou les génocides.

Retrouver un moyen d’action

Bien que critiquée, l’ONU garde néanmoins une vraie capacité d’interposition. Pour Jean de Gliniasty : « il y a un moment où l’ONU simplement par sa présence (...) devient un acteur majeur sur le terrain ».

La crise de l'ONU ?
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Selon Chloé Maurel, fine connaisseuse de l’institution onusienne, l’organisation continue d’influer à petits pas sur la marche du monde, notamment grâce aux traités : peine de mort, limitation du droit de véto en cas de crimes de masse…

Reste que de plus en plus de dirigeants mettent en place des doctrines diplomatiques et interventions militaires de manière unilatérale. Un des derniers exemples en date, en 2018 les frappes aériennes en Syrie, menées par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, sans mandat onusien.

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